La pilule contraceptive protège du cancer de l'utérus
C'est ce qu'affirme une étude britannique menée sur quelque 27 000 femmes atteintes par des cancers de ce type dans le monde entier.
Au total, 200 000 cancers de l'utérus auraient pu être évités ces dix dernières années dans les pays à hauts revenus. C'est ce qu'affirme une étude publiée mercredi 5 août dans The Lancet Oncology Journal (étude en anglais). Selon cette revue, la pilule contraceptive constitue un élément protecteur contre le cancer de l'endomètre, ou cancer de l'utérus.
Pour arriver à cette conclusion, des chercheurs britanniques ont étudié quelque 27 000 femmes atteintes d'un cancer de l'endomètre dans 36 pays d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Asie, d'Australie et d'Afrique du sud. Ils ont calculé qu'en l'espace de cinquante ans, quelque 400 000 cas de cancers de l'endomètre, sur les 3,4 millions recensés dans ces pays, avaient pu être évités grâce à l'utilisation de contraceptifs oraux dont 200 000 au cours des dix dernières années (2005-2014).
Deux fois moins de risques si la pilule est prise pendant dix ans
Mieux, "l'effet protecteur important des contraceptifs oraux contre le cancer de l'endomètre persiste des années après l'arrêt de la pilule", souligne le professeur Valerie Beral de l'université d'Oxford (Royaume-Uni), qui a coordonné les travaux. Elle ajoute que l'effet bénéfique existe même chez des femmes qui n'ont pris la pilule que pendant quelques années et se prolonge bien au-delà de la cinquantaine, l'âge auquel le cancer de l'endomètre – qui n'a rien à voir avec celui du col de l'utérus qui peut être dépisté par frottis – commence à se manifester.
Selon l'étude, la prise d'un contraceptif oral pendant 5 ans réduirait de 25% le risque d'avoir un cancer de l'endomètre avant 75 ans. Sa prise pendant dix ans diviserait pratiquement par deux le risque d'avoir un cancer de l'endomètre, qui passerait ainsi de 2,3 cas pour 100 femmes à 1,3. Les auteurs de l'étude affirment également que la réduction du risque n'a pas évolué depuis les années alors même que les dosages en oestrogènes des pilules oestro-progestatives ont fortement baissé à partir des années 1980.
Davantage de risques cardiovasculaires
Mais si ces contraceptifs peuvent avoir un effet bénéfique sur le cancer de l'endomètre, ils accroissent le risque de développer certaines maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral), rappellent des spécialistes dans un commentaire joint à l'étude. "Le bénéfice-risque est beaucoup plus favorable pour les formules existantes faiblement dosées en oestrogène, mais le risque de thrombose veineuse (formation de caillots dans les veines) reste plus important chez les femmes qui utilisent des contraceptifs oraux par rapport à celles qui n'en utilisent pas", notent Nicolas Wentzensen et Amy Berrington de Gonzalez de l'Institut de la santé à Bethesda (Etats-Unis).
Le débat se poursuit également sur les risques accrus de certains cancers qui pourraient être liés à la prise de contraceptifs oraux. En 2005, l'agence du cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que la pilule était responsable d'une légère augmentation du risque de cancer du sein, du col de l'utérus et du foie, mais avait un effet protecteur contre les cancers de l'ovaire et de l'endomètre.
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