Le baclofène autorisé de façon temporaire pour traiter l'alcoolisme
La Commission nationale de l'informatique et des libertés a autorisé la mise en place d’une Recommandation temporaire d'utilisation par l'Agence nationale de la sécurité des médicaments, vendredi 14 mars.
Le dernier obstacle est tombé. Le baclofène peut légalement être prescrit pour traiter l'alcoolisme. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a autorisé, vendredi 14 mars, la mise en place d’une Recommandation temporaire d'utilisation (RTU) par l'Agence nationale de la sécurité des médicaments (ANSM). C'est la première fois que ce dispositif, créé en 2012, est appliqué.
La RTU permet à l'ANSM d'encadrer la prescription de médicaments qui n'ont pas l'Autorisation de mise sur le marché, mais offrent un véritable intérêt thérapeutique et une balance bénéfice-risque favorable, comme le baclofène. Ses effets sur l'alcoolodépendance sont en effet connus depuis une dizaine d'années et ce décontractant musculaire serait déjà consommé par quelque 50 000 buveurs excessifs.
L'alcool, deuxième cause de mortalité évitable en France
En 2012, 405 cas d'effets indésirables liés à la prise de baclofène ont toutefois été recensés, soit 163 de plus qu'en 2011, selon un bilan de l'ANSM. Les troubles neurologiques représentent 33,6% des effets indésirables, les troubles psychiatriques 21% et les troubles gastro-intestinaux 10%.
Des désagréments moins connus ont également été relevés, comme des troubles sensitifs et sensoriels, des insomnies et des décompensations maniaques. Le rapporteur du bilan de l'ANSM préconisait malgré tout l'accès du baclofène à une RTU. L'alcool reste en France la deuxième cause évitable de mortalité après le tabac, avec 49 000 morts par an, selon une étude récente de l'Institut Gustave-Roussy.
Le cardiologue Ameisen, grand défenseur du baclofène
Olivier Ameisen, cardiologue et grand défenseur de l'usage du baclofène, le médicament qui l'a guéri de l'alcoolisme, est mort en juillet dernier d'une crise cardiaque à l'âge de 60 ans. En 2008, il avait publié Le Dernier Verre, un livre à succès vendu à 40 000 exemplaires, dans lequel il témoignait de sa guérison.
Après plusieurs échecs, Olivier Ameisen tombe sur un article dans une revue scientifique sur un médicament prescrit pour des crampes et autres spasmes musculaires, le baclofène, qui aurait un effet spectaculaire sur des rats cocaïnomanes. Il se lance en 2004 dans une expérimentation de cette molécule, en s'auto-administrant des doses élevées de baclofène au point de devenir "indifférent" à l'alcool. Il se lance alors dans une bataille de plusieurs années pour faire reconnaître par la communauté scientifique son expérimentation personnelle. Sa croisade a fini par porter ses fruits.
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