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Accueil des enfants de soignants à l'école : "C'est une tâche supplémentaire à assurer", déplore un directeur

Le délégué du SE-Unsa du Val-d'Oise et directeur d'une école primaire à Cergy a dénoncé mardi sur franceinfo "le système débrouille" qu'il doit mettre en place pour accueillir les enfants de soignants malgré les femetures de classes liées au Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
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Des enfants portent le masque dans une école à Gand (Belgique), le 6 décembre 2021 (illustration). (JAMES ARTHUR GEKIERE / MAXPPP)

Accueillir les enfants de soignants quoi qu'il arrive dans les établissements scolaires, malgré les fermetures de classes liées au Covid-19, est "extrêmement compliqué", a fustigé sur franceinfo mardi 4 janvier Olivier Flipo, directeur d’une école primaire à Cergy (Val-d'Oise) et délégué du SE-Unsa du département, alors que le gouvernement a annoncé que les enfants des soignants continueront d'être accueillis en cas de fermeture de leurs classes en raison de contaminations par le Covid-19.

"Ce n'est pas simple", a souligné Olivier Flipo, parce qu'il "ne faut pas mélanger les enfants". Il dénonce "le système débrouille" que doivent mettre en place les enseignants pour appliquer les annonces du gouvernement.. 

franceinfo : Avez-vous les moyens d'accueillir les enfants des soignants ?

Olivier Flipo : On a un problème parce qu'il ne faut pas brasser et mélanger les enfants. À moins d'avoir un personnel supplémentaire pour garder spécifiquement ces enfants, ce n'est donc pas simple de pouvoir les recevoir dans de bonnes conditions. Il faut aussi que les soignants jouent le jeu parce que, parfois, vous avez un parent qui est soignant et qui doit effectivement aller au travail et un autre qui peut être en télétravail. Et finalement, on nous demande de garder l'enfant. Il faut donc que tout le monde joue le jeu. On comprend bien cette nécessité mais ce n'est pas si simple que ça. C'est encore une tâche supplémentaire à assurer pour les directions d'école.

Étiez-vous au courant de cette annonce du gouvernement ?

Personnellement, je l'ai apprise par les médias. On a souvent les informations par eux. On commence à s'habituer à cette difficulté. Si l'on veut savoir ce que l'on fait le lundi matin, il faut écouter vos chaînes le dimanche soir.

Comment vous organisez-vous dans votre école ?

C'est extrêmement compliqué pour plusieurs raisons. Dans mon école - et je ne suis pas le plus à plaindre - j'ai une classe fermée parce qu'il y a un enseignant absent, pas à cause du Covid-19 mais pour raisons de santé. Cela veut dire que 26 enfants doivent rester à la maison puisque, dans ces cas-là, on fait des fermetures administratives de classe parce qu'il n'y a pas de remplaçants, ce dont on ne parle jamais. Voilà la première difficulté. De plus, j'avais lundi 40 enfants qui n'étaient pas là, pour la plupart pour des raisons de Covid-19. Cela fait donc 66 enfants absents au total. C'est donc très compliqué pour les collègues enseignants de mettre en place des enseignements quand, dans une classe, vous avez une dizaine d'enfants seulement.

La situation est-elle compliquée ?

C'est compliqué pour tout le monde. On est un petit peu dans le système débrouille. Le ministre annonce les choses et ensuite, sur le terrain, on fait ce que l'on peut. On crée nos propres documents. Nous avons reçu le document récent qui nous a été envoyé autour des nouvelles règles d'isolement à partir du 3 janvier, mais nous avons été amenés à le modifier pour le communiquer aux parents de telle façon qu'il soit beaucoup plus clair, en enlevant tout ce qui ne les concerne pas. Pour la gestion des cas contacts et les attestations sur l'honneur en cas de contact, nous avons fait nos documents pour qu'ils soient uniques pour l'ensemble des élèves.

L'une des solutions est-elle de pouvoir faire les tests à l'école ?

On a fait le test sur le département du Val-d'Oise, qui était département pilote, et on a vu le fiasco qui en a résulté, c’est-à-dire des laboratoires complètement débordés qui ne se déplaçaient pas, des parents qui recevaient des résultats mais d'autres pas... Finalement, les choses n'ont pas suivi et on ne ferme plus les classes à partir de trois cas. Il est dit que ce sont des décisions locales en fonction des situations. À l'Éducation nationale actuellement, c'est un peu la mode. Quand il y a un problème, on supprime le problème. Le fait de fermer une classe à trois cas, cela pose problème donc on ne ferme plus les classes quand il y a trois cas. On attend tout simplement les instructions et, surtout, on fait des pointages très importants sur le retour des enfants avec des tests PCR, antigéniques ou autres, puis les attestations sur l'honneur que l'on doit pointer également, ce qui n'est vraiment pas simple.

Combien de temps imaginez-vous tenir comme cela ?

Les enseignants ont rechargé les batteries pendant les vacances et sont arrivés la fleur au fusil. Ce qui est clair, c'est que la fleur va vite faner. Honnêtement - et je ne prendrai que le cas des directions d'école - c'est épouvantable. La plupart des directeurs d'école sont chargés de classe. Ils se retrouvent dans des situations où ils ne peuvent pas faire leur travail correctement, ni en tant que directeur, ni en tant qu'enseignant. On n'a ni secrétariat ni gardien.

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