Aide pour les jeunes précaires, outre-mer, offices religieux… Ce qu'il faut retenir du discours d'Edouard Philippe au Sénat
Le Premier ministre a de nouveau fait plusieurs annonces lors de la présentation du plan de déconfinement du gouvernement devant les sénateurs, lundi.
"Le moment est critique, nous ne pouvons pas rester confinés." Edouard Philippe a souligné l'impératif d'une reprise progressive de l'activité économique et d'une réouverture des écoles, en exposant devant le Sénat la stratégie de déconfinement du gouvernement, lundi 4 mai. "Le confinement se justifiait par l'urgence, mais son coût social et économique est colossal. (...) La vie économique doit reprendre impérativement et rapidement, avec des aménagements, avec de la bonne volonté", a souligné le Premier ministre, détaillant plusieurs dispositions, à une semaine de la date prévue pour le début du déconfinement en France. Le Sénat, à majorité de droite, a rejeté le plan à 89 voix contre 81 et 174 abstentions, avec une abstention "massive" des élus LR et un vote contre des groupes socialiste et communiste.
Voici ce qu'il faut retenir du discours d'Edouard Philippe face aux sénateurs.
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Une aide pour les jeunes "précaires ou modestes"
Le Premier ministre a annoncé une aide financière qui sera versée à 800 000 jeunes de moins de 25 ans "précaires ou modestes". Ainsi, les "étudiants ayant perdu leur travail ou leur stage" et les "étudiants ultramarins isolés qui n'ont pas pu rentrer chez eux" se verront verser "début juin" une somme de 200 euros. Cette même somme "sera versée mi-juin aux jeunes de moins de 25 ans, précaires ou modestes, qui touchent les aides pour le logement".
Cette aide s'ajoute à celle de 150 euros (plus 100 euros par enfant) qui sera versée le 15 mai "à 4 millions de familles pauvres et modestes" touchant le revenu de solidarité active (RSA) et l'allocation de solidarité spécifique. "Et les ménages bénéficiaires des allocations logement recevront 100 euros par enfant", a rappelé Edouard Philippe.
Le déconfinement "reporté" à Mayotte
Le déconfinement est reporté à Mayotte, où "le virus circule activement", a annoncé Edouard Philippe devant les sénateurs. L'île, qui "vient de passer en phase 3", comptabilise lundi 686 cas, dont six personnes en réanimation et six décès. "La prolongation du confinement est l'unique manière d'éviter la saturation d'un système hospitalier déjà très sollicité par l'épidémie de dengue, elle aussi mortelle pour les Mahorais", a expliqué le Premier ministre. Un "point" sera fait le 14 mai "pour envisager l'assouplissement du confinement, et en particulier le retour à l'école primaire le 18 mai", a-t-il ajouté.
Les interdictions d'arrivée en outre-mer maintenues "au-delà du 11 mai"
Edouard Philippe a également annoncé que les interdictions d'arrivée dans les territoires d'outre-mer, mises en place depuis le début de l'épidémie, seraient maintenues "au-delà du 11 mai". "Seules les personnes ayant des motifs familiaux ou professionnels impérieux ou une obligation de santé pourront se rendre [en] outre-mer" et elles "demeureront soumises à l'obligation de quatorzaine", a-t-il précisé.
Il a précisé que le gouvernement profiterait "du déconfinement pour organiser le retour chez eux des étudiants ultramarins qui en ont exprimé le souhait dans le recensement qui vient de s'achever". Un point d'étape sera effectué "début juin" sur ces mesures "très contraignantes" et "qui pèsent notamment sur les capacités de fret".
Le Premier ministre s'est par ailleurs dit "très attentif" à ce que les territoires ultramarins "disposent, comme l'Hexagone, des tests et des masques grand public, notamment dans les crèches, les écoles et les transports".
Les masques obligatoires au collège si la distanciation ne peut être respectée
La fermeture des écoles est "une catastrophe pour les plus vulnérables des enfants et des adolescents" et le décrochage scolaire "probablement une bombe à retardement", a souligné Edouard Philippe, alors que certains élus locaux contestent le retour en classe le 11 mai. "La réouverture des écoles nous semble donc une priorité, sociale et républicaine, qu'il faut évidemment concilier avec nos impératifs sanitaires."
Le chef du gouvernement a rappelé le plan de "réouverture très progressive des maternelles et de l'école élémentaire à compter du 11 mai, partout sur le territoire et sur la base du volontariat". Pour les collèges, cette réouverture commencera à partir du 18 mai pour des classes de sixième et de cinquième, et uniquement dans les départements en vert, peu touchés par le virus.
"Nous fournirons des masques au personnel de l'Education nationale et aux collégiens. Pour ces derniers, le masque sera obligatoire quand les règles de distanciation sociale risquent de ne pas être respectées", a déclaré Edouard Philippe. Il avait annoncé une semaine plus tôt, devant l'Assemblée nationale, que le masque serait obligatoire pour les collégiens dans tous les cas.
Le gouvernement "prêt à étudier" la reprise des offices religieux le 29 mai
Le gouvernement est "prêt à étudier" la reprise des offices religieux le 29 mai au lieu du 2 juin comme initialement prévu, "si la situation sanitaire ne se dégrade pas au cours des premières semaines de levée du confinement". "J'entends le désarroi des croyants, privés de rassemblements et de célébrations, a déclaré Edouard Philippe face aux sénateurs. Beaucoup de cultes ont fait des propositions, pour concilier le déroulement de leurs réunions avec les exigences de distanciation physique."
"Je sais que la période du 29 mai au 1er juin correspond, pour plusieurs cultes, à des fêtes ou à des étapes importantes du calendrier religieux, a-t-il souligné. Je comprends l'impatience des ministres du culte, de toutes les confessions. Je leur demande instamment d'attendre, en conscience, pour que nous n'ayons pas à regretter une décision précipitée."
Le Conseil scientifique saisi pour accélérer l'installation des conseils municipaux
Le Conseil scientifique devra notamment se prononcer sur les risques et précautions à prendre "pour l'élection du maire et des adjoints" et "pour les réunions des conseils communautaires". Sur la base de cet avis, Edouard Philippe remettra au Parlement "un rapport dans les plus brefs délais qui permettra de dire si, et surtout quand, cette installation est possible". Dans leur immense majorité, les conseils des communes concernées "ne comptent en général pas plus de 15 membres", a-t-il fait valoir.
"S'agissant du deuxième tour, il faut encore attendre un peu, a-t-il poursuivi. Je remettrai au Parlement, au plus tard le 23 mai, le rapport qui déterminera s'il peut avoir lieu en juin. Dans le cas contraire, nous devrons décider collectivement, d'une part, de sa date, et d'autre part, des modalités de son report qui emporterait avec lui un certain nombre de conséquences", comme le report des élections sénatoriales de septembre, a-t-il précisé.
Pas de "stocks cachés" de masques dans la grande distribution
Edouard Philippe a profité de son allocution devant les sénateurs pour répondre à la polémique sur la mise en vente de millions de masques par la grande distribution, à partir de ce lundi 4 mai. Dans un texte cinglant paru jeudi 30 avril, sept ordres des professions de santé s'offusquent du nombre "sidérant" de masques annoncé à la vente par la grande distribution, alors que ces protections ont manqué aux soignants et aux patients et que le rationnement perdure.
Le Premier ministre a affirmé qu'il "n'y a jamais eu de stocks cachés" par les entreprises de la grande distribution, évoquant un "malentendu" qui a "échauffé quelques esprits peut-être en mal de polémique". "Il y a eu des commandes massives, et il faut un certain temps avant qu'elles se concrétisent, a expliqué le chef du gouvernement. L'Etat, les collectivités, les entreprises, la grande distribution travaillent main dans la main pour que les masques soient accessibles à tous, sur tout le territoire à partir du 11 mai."
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