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"C'est extrêmement déprimant" : les étudiants entament leur second semestre dans une ambiance morose

Quasiment tous les enseignements se font toujours à distance. Le moral des étudiants est au plus bas, dans le contexte d'épidémie de Covid-19.

Article rédigé par Alexis Morel - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des étudiants à l'université de Cergy (Val-d'Oise), le 11 janvier 2021. (ALEXIS MOREL / RADIO FRANCE)

Avis de détresse générale à l'université, après des mois de cours à distance. Après la tentative de suicide d'un jeune homme à Lyon, l'incendie volontaire d'un gymnase qui devait accueillir des partiels à Nantes, la ministre de l'enseignement supérieur s'est rendue à l'université de Cergy, près de Paris, lundi 11 janvier.

Frédérique Vidal s'est retrouvée bien seule dans le hall de l'université de Cergy. Les seuls étudiants présents étaient ceux qui passaient les derniers partiels programmés et une poignée de jeunes autorisés à revenir par petits groupes. Depuis début novembre, dans les facs, la quasi-totalité des cours se fait en ligne, en raison de l'épidémie de Covid-19. Et en ce début d'année, le second semestre commence lui aussi à distance, pour la très grande majorité des enseignements.

"Cela commence à devenir long, parce qu'on a déjà eu l'année dernière en distanciel, et le fait d'avoir aussi cette année, c'est vrai que ça commence à peser. Au niveau du moral, de la détermination, au niveau de tout."

Une étudiante de Cergy

à franceinfo

Ce dispositif devient intenable pour certains. "Là, je ne sais pas comment j'ai fait pour tenir pour le premier semestre. Donc pour le deuxième, honnêtement, je ne sais pas comment je vais faire", confie une étudiante en première année de droit. Son amie acquiesce : "Il y en a énormément qui relâchent dans notre entourage. C'est extrêmement déprimant, c'est dur de s'accrocher, et en plus on ne voit personne. Dans mon groupe de TD on était 25, il y en a déjà quatre qui sont partis, avant même les partiels. Les gens n'arrivent pas à tenir."

Une situation qui dure et un risque de décrochage très fort, les premiers effets se font déjà sentir. Une enseignante, qui terminait la correction de ces copies de partiels, a évoqué un nombre record de copies blanches au mois de décembre.

Plus de psychologues et d'assistantes sociales

Face à ce malaise grandissant, le gouvernement a donc promis le retour d'une petite partie des étudiants en ce mois de janvier. Un retour par groupes réduits de dix, réservés aux jeunes les plus fragiles. Le problème, c'est que cela met du temps à se mettre en place. L'université de Cergy a commencé lundi matin, c'est l'une des rares en France à avoir quelque chose qui fonctionne déjà. Et puis les universitaires répondent que des groupes de dix, c'est loin de prendre en compte l'ensemble des étudiants fragiles. Ce serait même une "fausse bonne idée", dit-on parmi les enseignants.

Cette détresse grandissante, la ministre de l'Enseignement supérieur affirme en être bien consciente. Ce retour des plus fragiles, tant qu'on ne peut pas faire plus, est une des réponses dans l'urgence. Frédérique Vidal rappelle également l'embauche de 20 000 étudiants tuteurs, des jeunes plus expérimentés qui vont encadrer ceux qui décrochent.

"Il y a des endroits où on voit +30% de demandes de consultations psychologiques. Donc oui, bien-sûr, il y a un impact psychologique et il est peut-être un peu plus fort à un âge où on crée du lien, où on se fait des nouveaux amis."

Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur

à franceinfo

La ministre assure regarder de près l'évolution de la santé mentale des deux millions d'étudiants français, notamment après cette tentative de suicide d'un jeune à Lyon. "Il y a une demande de consultations de psychologues qui augmente énormément. C'est pour ça qu'on a décidé de doubler le nombre de psychologues au sein des établissements, explique Frédérique Vidal. C'est pour ça aussi qu'on a augmenté le nombre d'assistances sociales pour pouvoir mieux accompagner ces difficultés psychologiques que peuvent avoir les étudiants."

Mais la difficulté vient aussi du fait que les universités ont peu de visibilité pour la suite. Personne ne sait quand les cours en présentiel seront accessibles à plus de monde, au-delà des petits groupes de dix personnes. Le ministère avait prévu de faire revenir à partir du 20 janvier la moitié des étudiants de première année, avec des jauges de 50% pour leurs séances de TD (travaux dirigés). Mais cela dépend évidemment de l'évolution de la situation épidémique, ce qui est loin d'être gagné.

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