"C'est une mascarade" : les habitants de Crépy-en-Valois mitigés à l'approche du second tour des municipales
Lourdement touchée par le coronavirus, la ville de 15 000 habitants dans l'Oise a encore quatre candidats en lice pour le second tour des municipales.
Dans le centre-ville de Crépy-en-Valois dans l'Oise, à côté de la salle des fêtes, les panneaux électoraux. Il n'y a pas d'affiche, juste quelques feuilles de papier dans un coin annonçant les listes qualifiées pour le second tour. Ca ne saute pas aux yeux, c'est discret, à l'image de cette campagne à peine déconfinée.
Ville de 15 000 habitants, Crépy-en-Valois a été l'un des premiers foyers de l'épidémie en France. Ici, les habitants ont dû se confiner deux semaines avant le reste du pays. Alors lorsqu'on demande s'ils iront voter pour ce second tour des élections le 28 juin prochain, les avis sont mitigés. "C'est une mascarade", s'emporte un habitant. "Je ne sais pas, parce que je pense que le premier tour n'est pas légitime", estime une autre habitante. "Je vote toujours, je me déplace, insiste de son côté un troisième Crépynois. C'est mon dû, c'est mon droit".
Des gens se sont battus pour le droit de vote donc j'irai voter, mais franchement à contre-coeur.
Un Crépynoisà franceinfo
Quatre candidats sont toujours en lice mais face à cette situation, difficile pour eux de faire campagne. Arrivé quatrième au premier tour avec 11,19% des voix pour sa liste sans étiquette, Philippe Pinilo a dû rapidement abandonner les habits du candidat, rattrapé par le contexte sanitaire. En tant que médecin généraliste, il était en première ligne. "Il n'y a pas eu de campagne, constate Philippe Pinilo. Je ne vais pas dire que j'ai la tête pleinement à ça. Comme tout citoyen, le coronavirus nous fait nous interroger. Le regret ? Non, on avance. L'objectif reste le même, c'est de présenter une alternative à la politique actuelle."
Faire campagne autrement
Candidat divers centre, Michel Houllier, chef d'entreprise à la retraite, a recueilli 11,64 % des voix au premier tour. "J'ai mis à la poubelle 7 500 tracts avec mes dates de réunions publiques." Pour faire campagne, il faut se creuser la tête et trouver des alternatives. "D'une part les réseaux, reprend Michel Houllier, et on peut faire du boîtage, donc on fera toutes les boîtes à lettres des Crépynois".
Quant au jour des élections qui approche, "beaucoup ont quand même peur", remarque Arnaud Foubert, l'ancien maire de 2008 à 2014. 15,83% des Crépynois qui se sont déplacés aux urnes au premier tour ont voté pour sa liste divers droite."J'ai des amis qui sont décédés. On a un choc, dit-il. Je connais beaucoup de personnes qui m'ont dit 'on n'ira pas voter'."
Même si le virus ne circule pas beaucoup, il a fait beaucoup de mal à Crépy-en-Valois. Ca ne donne pas réellement envie de voter.
Arnaud Foubertà franceinfo
Atteint du coronovirus fin février, le maire sortant, Bruno Fortier a dû se mettre en retrait plusieurs semaines. Sa liste divers droite est arrivée en tête le 15 mars avec 31,29% des suffrages. "Les élections dès le premier tour auraient dû être annulées et reportées d'un an. Et vraiment les Crépynois avaient un autre problème en tête. Et à mon avis, il y aura encore un taux d'abstention important."
Au premier tour, l'abstention a été très forte à Crépy-en-Valois : 62,47%, soit près de 25 points supérieure aux élections municipales de 2014.
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