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"Certains vous pourrissent la journée" : des commerçants racontent comment ils "font la police" pour faire respecter le port du masque

Face à l'épidémie de coronavirus, le port du masque a été rendu obligatoire dans les espaces publics clos. En essayant de faire respecter cette mesure, les commerçants sont parfois confrontés à des clients récalcitrants.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Clients et commerçante portent un masque dans une boulangerie de Menton (Alpes-Maritimes), le 20 juillet 2020. (MAXPPP)

"C'est une bataille de chaque instant. Tous les jours, je bataille." Léa Kitzinger, fleuriste dans le Haut-Rhin, s'agace. Chaque jour, des clients entrent dans sa boutique sans masque, alors qu'il a été rendu obligatoire dans les espaces clos, depuis lundi 20 juillet, afin de lutter contre la propagation du coronavirus.

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"On n'est pas au bal masqué", "je n'ai pas besoin d'un scaphandrier", rétorquent certains clients, quand la fleuriste les rappelle à leur obligation. Elle estime à 80% la part de personnes qui arrivaient sans masque, avant cette nouvelle rÚgle.

"Le dernier en date est un jeune vacancier qui nous a répondu qu'il n'en avait rien à foutre de payer une amende", fulmine Patrick Coret, buraliste prÚs du bassin d'Arcachon, en Gironde. Son établissement reçoit entre 400 à 500 clients par jour, dont environ un tiers se présente le visage découvert. "C'est énorme (...) On passe la journée à faire la police", commente-t-il.

Des clients "trĂšs arrogants avec le personnel"

Toutefois, les commerçants joints par franceinfo assurent qu'il n'y a généralement pas besoin d'argumenter. "J'ai 80-90% des clients qui arrivent avec un masque et ceux qui n'en portent pas en arrivant ne rechignent pas du tout", nuance James*, libraire en région parisienne.

Françoise Guitet, horticultrice dans le Morbihan, explique qu'avant lundi, le rappel à l'ordre ne posait pas de problÚme avec l'écrasante majorité des personnes non-masquées, "un bon quart" des clients, selon elle. En plus de la mise en place un protocole sanitaire strict dans son établissement, elle avait imposé le port du masque aux clients dÚs le début du déconfinement. D'aprÚs elle, lorsque la remarque leur est faite, ils sortent un masque de leur poche ou vont en chercher un dans leur voiture. S'ils campent sur leur position, elle dégaine un argument qui fait mouche.

Lorsque les clients ne veulent pas porter de masque, je leur dis tout simplement qu’ils ne pourront pas recevoir de conseils.

Françoise Guitet, horticultrice

Ă  franceinfo

De petites frictions surviennent parfois. Le directeur d'un hĂŽtel lyonnais relate que des clients se montrent "parfois trĂšs arrogants envers le personnel lorsque nous leur demandons de porter un masque". Il raconte avoir notamment entendu des rĂ©flexions comme : "Si vous n'ĂȘtes pas contents, je vais changer d'hĂŽtel." Selon lui, es clients peuvent ĂȘtre "arrogants en Ă©tant poli et arrogants en Ă©tant vulgaires".

Pour Patrick Coret, si les remarques sur le port du masque passent trÚs bien la plupart du temps, une infime partie de réfractaires "fout le moral en l'air". "C'est usant", souffle-t-il.

Ce sont les quelques mauvais caractÚres qui vous pourrissent la journée.

Patrick Coret, buraliste

Ă  franceinfo

Les personnes qui font le plus de rĂ©sistance seraient souvent des personnes ĂągĂ©es, avancent les commerçants contactĂ©s par franceinfo. "Beaucoup de mes clients, notamment des sĂ©niors, se moquent Ă©perdument de porter un masque", affirme LĂ©a Kitzinger. Françoise Guitet partage ce constat. Dans son Ă©tablissement, un quart des personnes qui ne portent pas de masque sont "des gens assez ĂągĂ©s", qui se montrent "agressifs". "Ce n'est pas mon problĂšme", "que je meurs de ça ou d'autre chose
" rĂ©pondent certains. Massy*, une vendeuse dans un magasin parisien, confirme : "'Je ne suis pas un enfant, vous n'avez pas Ă  me parler comme ça', nous disent des personnes d'un certain Ăąge."

L'obligation généralisée, "c'est confortable"

Face à ces remarques et ces comportements, les professionnels joints par franceinfo saluent de façon unanime l'obligation du port du masque dans les commerces. "Tant que ce n'était pas imposé, des clients tentaient malgré tout de faire sans", remarque James*, libraire en région parisienne. "C'est trÚs humain", selon lui. Désormais, il se réjouit de pouvoir faire valoir que le port du masque n'est pas une mesure propre à son établissement mais généralisée. "C'est plus facile" de se faire entendre, d'aprÚs Massy. "C'est génial, c'est confortable", se félicite Françoise Guitet, qui juge "délirant que cette mesure n'ait pas été appliquée depuis le début". "Nous, en tant que commerçants, nous n'avons pas compris pourquoi ce n'était pas obligatoire au moment du déconfinement", confirme James.

On ne comprenait pourquoi il n'y avait pas de directive claire, plutÎt que de nous dire 'chacun fait comme il veut de son cÎté'.

James, libraire

Ă  franceinfo

Les remarques sur les masques et les gestes barriĂšres ne vont pas forcĂ©ment s'arrĂȘter du jour au lendemain avec cette obligation. Si Françoise Guitet Ă©voque un changement "radical" depuis lundi matin, Patrick Coret rapporte que de nombreux clients se prĂ©sentent encore le visage dĂ©couvert. AprĂšs avoir fait preuve de tolĂ©rance pour la premiĂšre journĂ©e, il compte bien refouler les fortes tĂȘtes ou les Ă©tourdis, dĂšs mardi. "On va devoir quand mĂȘme faire la police", dĂ©plore-t-il.

*Le prénom a été modifié

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