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Chute des ventes d'automobiles : "Nous n'échapperons pas à un mécanisme de stimulation de la demande", estime le président de la Plateforme automobile

Depuis le 11 mai, la reprise est "très molle" avec "25, 30% d'activité", par rapport "à une semaine de mois de mai classique", selon Luc Chatel, également ancien secrétaire d'État chargé de l'Industrie et de la Consommation.

Article rédigé par franceinfo
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Luc Chatel, le 28 octobre 2019. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Les ventes de voitures neuves en France ont été quasiment à l'arrêt le mois dernier : moins 90% pendant le confinement. Et, depuis le 11 mai, "on constate une reprise très molle puisque nous sommes à 25, 30% d'activité" par rapport "à une semaine de mois de mai classique", indique Luc Chatel mardi 19 mai sur franceinfo, le président de la Plateforme automobile (PFA) qui regroupe 4 000 entreprises du secteur.

Et le redémarrage de cette industrie pourrait être très long. "Nous n'échapperons pas à un mécanisme de stimulation de la demande", estime l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy et qui a notamment été secrétaire d'État chargé de l'Industrie et de la Consommation.

franceinfo : Le ministre de l'Economie, a annoncé sur France Info un plan de relance pour le secteur d'ici 15 jours. Il y a urgence ?

Luc Chatel : Oui, il y a urgence. Au cumul des quatre premiers mois de l'année, nous sommes à moins 50%. Des concessions ont été fermées pendant presque deux mois et depuis la fin du confinement, on constate une reprise très molle puisque nous sommes à 25, 30% d'activité, si on compare à une semaine de mois de mai classique. Le risque donc, c'est que nous ayons une succession de défaillances d'entreprises. Quand vous êtes à 25 ou 30% d'activité, vous ne pouvez pas tenir très longtemps. Je rappelle que, dans l'industrie automobile, les marges sont extrêmement faibles.

Bruno Le Maire pose une condition, rouvrir aujourd'hui des chaînes de production en France. Est-ce que vous êtes prêts ?

Pour apporter une précision, ce sont les usines d'assemblage qui sont à l'étranger, là où on regroupe les 30.000 pièces qui constituent une voiture à la fin de la chaîne automobile. Mais les moteurs par exemple, de différents véhicules sont fabriqués en France. La France est un des grands spécialistes de la fabrication de petits moteurs de véhicules de catégorie A et B. Toute la sous traitance dans la mécanique, les PME sont en France. Le sujet, c'est comment tient la filière automobile en France ? Le deuxième sujet, c'est comment on est 'dans le coup' en France pour le véhicule du futur ? Soit, les projets d'avenir, l'électrique, la batterie, l'hydrogène, l'électronique de puissance, le véhicule connecté. C'est sur cela que nous travaillons avec le gouvernement. C'est : comment on est capable d'attirer et de localiser en France, les investissements du futur et la voiture du futur ? C'est sur cela que nous travaillons avec le gouvernement. Sur des mécanismes d'incitation à l'investissement dans l'innovation, dans la recherche. C'est tout cela qui est sur la table aujourd'hui.

Si une usine qui se trouve aujourd'hui en Europe de l'Est est rapatriée en France, la voiture coûtera plus cher ?

La voiture coûtera plus cher de l'ordre d'un millier d'euros sur un véhicule qui coûte une quinzaine de milliers d'euros environ, il y a donc un écart qui est de l'ordre de presque 10%. Or, comme je le disais tout à l'heure, les marges sont très faibles dans l'automobile donc, c'est un sujet important. Prenons le sujet par le bon bout. C'est l'enjeu des discussions que nous avons avec le gouvernement. C'est comment, par exemple, nous sommes capables d'attirer en France les grandes usines de batteries ? On veut passer à l'électrique très bien mais aujourd'hui, toutes les batteries sont fabriquées en Asie, en Corée, au Japon, en Chine. Comment on fait pour avoir en France de grandes usines capables de construire des batteries ? Alors, il y a un projet européen, le gouvernement s'est mobilisé avec les Allemands et avec les industriels français comme Total et PSA. Mais comment faire pour en avoir d'autres ? Comment on fait pour attirer les grands projets sur l'hydrogène ? Comment on fait pour être les champions du véhicule connecté ? C'est tout ça que nous mettons sur la table, c'est localiser en France la voiture du futur.

Bruno Le Maire nous a dit qu'il était prêt à relancer une prime à la casse sur le modèle de celle qui avait été mise en place quand vous étiez ministre en 2008. C'est la bonne chose à faire ?

Il faut bien expliquer que 51% des Français, selon un sondage que nous vous avons fait la semaine dernière, sont prêts à reporter l'achat du véhicule qu'ils avaient prévu en 2020. Ce report est de l'ordre de 11 mois. Si ces chiffres sont confirmés, ce niveau d'activité va entraîner une succession de défaillances dans toute la sous traitance. Nous n'échapperons donc pas à un mécanisme de stimulation de la demande, comme, une prime à la casse par exemple. Mais il faut que ce mécanisme de stimulation permette de nettoyer le parc actuel en quelque sorte. C'est-à-dire, à la fois le verdir, soit encourager les gens à acheter des véhicules électriques. Mais aussi sortir du parc qui a dix ans de moyenne d'âge, des véhicules plus polluants qui sont aux anciennes normes, pour les remplacer par des véhicules aux nouvelles normes, c'est à dire qui émettent moins de 95 grammes de CO2.

Source : invité du 7/10 de franceinfo Heure : 8h10 Validation : BS

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