Cet article date de plus de quatre ans.

Confinement : quatre questions sur la vente de produits non essentiels

Le Premier ministre a annoncé la fermeture, à compter de mardi 3 novembre, des rayons jugés non essentiels des grandes surfaces.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le ministère de l'Economie a demandé dès vendredi soir aux grandes surfaces de fermer temporairement leurs rayons livres. (SANDRINE MARTY / HANS LUCAS)

Pour calmer la colère des petits commerçants, forcés de fermer, Jean Castex a annoncé dimanche soir la fermeture des rayons non essentiels de la grande distribution. "La vente des produits qui (...) sont d'ores et déjà interdits dans les commerces de proximité" seront également prohibés "dans les grandes surfaces", à partir de mardi, a-t-il déclaré sur TF1. 

Les commerces non essentiels ne rouvriront pas pour autant, a tranché le Premier ministre. Malgré la polémique, le gouvernement refuse de revenir "sur les mesures de fermetures de commerces annoncées". "C'est beaucoup trop tôt", estime-t-il. Pour rétablir une certaine équité entre les petits commerces et les grandes enseignes, les autorités décident donc de  limiter la vente en grandes surfaces aux seuls produits considérés comme "essentiels". Dès vendredi soir, Bercy avait demandé à la grande distribution de fermer temporairement les rayons livres

1Quels rayons vont fermer à compter de mardi ? 

Les rayons culture (livre, CD, DVD) des supermarchés devront fermer dans tout l'hexagone. Tout comme les rayons jouets, fleurs, habillement ou encore bijoux. Pour éviter de faire concurrence aux commerces jugés non essentiels forcés à rester fermés, "il y aura une obligation pour la grande distribution de ne pas mettre dans les rayons les produits qui pourraient être vendus dans les petits commerces", a précisé Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et moyennes entreprises au micro de franceinfo.  

Mardi 3 novembre, un nouveau décret est paru dans le Journal officiel, précisant le décret du 29 octobre qui encadre le reconfinement. Il complète la liste des produits autorisés à la vente dans les supermarchés, à savoir : 

- les produits alimentaires
- les journaux et produits de papeterie
- les matériaux de construction
- la quincaillerie
- les produits de toilette et d'hygiène
- les produits d'entretien
- les produits de puériculture

Le gouvernement accorde un délai de "tolérance" aux enseignes (jusqu'à mercredi), pour mettre en application ces nouvelles règles. 

2Comment se procurer ces produits en respectant le confinement ? 

Pour acheter l'un des produits désormais interdit à la vente dans les grandes surfaces, il sera possible de passer commande en ligne via le système "click and collect", encouragé par le gouvernement. Les autorités incitent les commerces jugés non essentiels à développer leur activité en ligne et à proposer à leur clientèle de commander en ligne et de retirer leur achat sur place. Bruno Le Maire a annoncé dimanche sur BFM TV qu'un fond de 100 millions d'euros serait déployé pour "digitaliser les petits commerces". Une aide logistique leur sera également proposée, a précisé le ministre de l'Economie, qui espère "qu'il y ait moins de la moitié des petits commerçants qui ne soient pas digitalisés" à l'issue de cette crise.

Une carte des librairies proposant un service "click and collect" a été mis en ligne par le site Livres Hebdo et de nombreux commerçants organisent leur digitalisation à leur manière : certains proposent de passer commande par téléphone, d'autres par mail ou encore via leur site internet. 

Autre mesure pour encourager les commandes : les tarifs postaux seront "considérablement diminués" pour l'envoi de livres commandés en librairies, a ajouté Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, lundi sur LCI. "Nous allons diviser [les tarifs postaux] au moins par trois ou quatre", a-t-elle annoncé, précisant que la réduction dépendrait des envois :"si vous achetez dix livres ou un, ce ne sont pas les mêmes tarifs". "Ces tarifs s'appliqueront à la vente de disque, de CD et partition", a-t-elle précisé.

3Cette décision satisfait-elle les petits commerçants ? 

Si ces mesures rétablissent une certaine équité entre les petits commerces et les grandes surfaces, elles creusent l'écart entre les commerces physiques et ceux dématérialisés, dénoncent des petits commerçants. Les membres du gouvernement ont beau appeler à tour de rôle les Français à préférer les commerces de proximité aux grandes plateformes en ligne, de type Amazon, les commerçants craignent de ne pouvoir concurrencer le mastodonte du commerce en ligne.

"C'est loin d'être la bonne stratégie", fustige Jean-François Ferrando, président de la Confédération nationale des très petites entreprises (CNTPE) au micro de RMC. Selon lui, la fermeture des rayons de produits "non essentiels" couplée à celle des petits commerces risque de favoriser le géant du commerce numérique.

D'autres critiquent l'incitation à se tourner vers le commerce en ligne pour des raisons sanitaires : "on parle du e-commerce comme de la solution mais il y a plus de manipulations", donc de risques sanitaires, a estimé Romain Mulliez, directeur général de PicWicToys et co-président de la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant (FCJPE) sur franceinfo

Les différentes fédérations de commerçants seront reçues cette semaine à Bercy pour étudier les conditions d'une éventuelle réouverture à partir du 12 novembre, a indiqué lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

4Certains commerces non essentiels pourront-ils quand même rouvrir grâce à des arrêtés municipaux ?

L'annonce par Emmanuel Macron de la fermeture des commerces jugés non essentiels avait été suivie d'une contestation de plusieurs édiles municipaux. Plusieurs maires ont signé dans le week-end des arrêtés municipaux autorisant localement la réouverture des commerces non essentiels. Et la nouvelle annonce du Premier ministre est loin d'avoir calmé tous les édiles.

Samedi, des enseignes d'habillement et des salons de coiffure accueillaient du public à Béziers. D'autres commerces non essentiels avaient également rouvert à Perpignan, sur la base des arrêtés pris par les maires. Ces ouvertures, illégales, les exposaient à des sanctions juridiques.

Pour autant, les commerces concernés ne devraient pas rouvrir : ces arrêtés municipaux sont illégaux et ont été condamnés par certaines préfectures et par le ministre de l'Economie Bruno le Maire : "cette poignée de maires irresponsables menacent la santé des Français", accusait-il dimanche sur BFM TV. Le patron de l'Association des maires de France (AMF) a exigé lundi du ministre Bruno Le Maire qu'il "retire ses propos".

En Ile-de-France, la présidente de région Valérie Pécresse a demandé sur Europe 1 que "très vite, si le contexte sanitaire le permet, les préfets puissent prendre des dérogations pour des réouvertures de petits commerces".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.