Covid-19 : Le gouvernement français "n’a pas eu le courage" de dire cet été que "la situation était grave", estime un politologue
Christophe Bouillaud, enseignant à Sciences-Po Grenoble, estime que le gouvernement s'est retrouvé en "incapacité à faire véritablement la guerre au virus".
Le gouvernement français n’a pas "eu le courage de dire que la situation était grave", estime mercredi 28 octobre le politologue Christophe Bouillaud, enseignant à Sciences-Po Grenoble, alors qu'Emmanuel Macron doit annoncer à 20h de nouvelles mesures pour lutter contre le Covid-19, avec, selon les informations de franceinfo, l’idée d’un reconfinement national de quatre semaines.
Le politologue souligne "l’incapacité du gouvernement à faire véritablement la guerre au virus". "L'exécutif n'a pas eu le courage de dire clairement que la situation était grave et qu'il fallait continuer de se méfier de ce virus. Il y a eu un été, il suffit de regarder autour de soi, où les bars et restaurants étaient pleins comme d’habitude." Christophe Bouillaud dénonce une forme de "grande hypocrisie de la part d'une partie des professionnels" qui assuraient que les mesures barrière étaient suivies dans les établissements. "Mais je pense que c'est vraiment parce qu'on n'a pas osé avoir un discours un peu anxiogène."
Le gouvernement aurait du agir dès l'été selon lui
L’enseignant de Sciences Po Grenoble estime par ailleurs que le gouvernement n’a pas assez communiqué durant l’été et est assez critique concernant la rentrée scolaire et universitaire, "faite dans des conditions relativement ordinaires, sans véritablement prendre toute la mesure du problème. Il est évident que même si à l'intérieur des locaux, les gens portent des masques, dès qu'ils sont sortis de n'importe quelle institution scolaire, les masques tombent, si j'ose dire : les bisous, les embrassades... Il y a une sorte d’hypocrisie générale."
Christophe Bouillaud prend enfin l’exemple d’autres pays qui ont réussi la lutte contre le Covid-19, notamment la Nouvelle-Zélande, où la Première ministre, Jacinda Ardern, réélue dernièrement, "a appliqué une méthode radicale". "Effectivement, la Nouvelle-Zélande est une île, effectivement les Néo-Zélandais sont peut-être plus disciplinés que les Français, mais en dehors de toutes ces considérations, la seule politique c’est de taper très fort et de faire la guerre", poursuit le politologue. "Donc mettre la priorité absolue dans un temps très court sur la lutte contre le virus, ne plus en avoir pratiquement et ensuite écraser les petites flammèches qui restent, mais le côté 'en même temps' ne mènera à rien", conclut-il.
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