Cet article date de plus de quatre ans.

Covid-19 : le reconfinement "n'est pas une punition" mais “la seule mesure crédible pour enrayer la deuxième vague”, estime un chef de service de réanimation

Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond Poincaré à Garches, a réagi aux annonces du chef de l'Etat. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des soignants dans un service de réanimation à Clermont-Ferrand le 28 octobre 2020.  (THIERRY NICOLAS / MAXPPP)

“Le confinement total, national, était la seule mesure crédible pour enrayer la seconde vague”, a réagi jeudi 29 octobre sur franceinfo le professeur Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond Poincaré, à Garches dans les Hauts-de-Seine, au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron d’un reconfinement, au moins jusqu’au 1er décembre.

>>> Covid-19 : Jean Castex va s'exprimer à l'Assemblée nationale et au Sénat avant un vote des parlementaires sur le confinement

franceinfo : Quatre semaines et demie de confinement, pour le moment, est-ce que ce sera assez ?

Djillali Annane : On verra si ce sera assez parce que l'épidémie n'était plus contrôlée, le confinement total, national, était la seule mesure crédible pour enrayer la deuxième vague. On peut être confiant sur le fait que le confinement sera efficace, à condition qu'il soit parfaitement bien respecté d'une part, et d'autre part, que l'on ait un monitorage en temps réel des effets de ce confinement pour faire les réajustements nécessaires, dans un sens comme dans l'autre, en fonction de l'évolution épidémique. Contrairement au printemps dernier, il va y avoir beaucoup de gens dehors, pour emmener les enfants à l'école, pour aller travailler.

Cela veut dire qu'on va continuer à laisser circuler des cas symptomatiques ?

Je crois qu'il faut qu'on ait tous en tête qu'il est important d'éviter toutes les situations dans lesquelles les gestes barrières ne peuvent être respectés. Le confinement cela sert à cela, ce n'est pas une punition. Donc, toutes les activités qui vont être maintenues devront être associées à des procédures très strictes de garantie des gestes barrières. Et si cela est bien respecté, alors ça fonctionnera parfaitement bien.

Ce qui veut dire, que, pour vous, on aurait pu garder ouverts les cinémas et les théâtres, où les risques sont faibles ?

J’étais très favorable à ce que l'on maintienne pour les gens la respiration quotidienne, la possibilité de s'échapper et de pouvoir avoir une vie culturelle et sociale malgré le confinement. Des endroits comme les théâtres, les cinémas sont des endroits où on peut parfaitement réguler le nombre de personnes présentes en même temps, les gens sont assis à des distances physiques qui sont suffisantes pour empêcher la contamination, ils portent un masque, ne parlent pas et les espaces sont en général volumineux. Dans ces conditions, on voit bien que le risque de se contaminer est très faible. Ces mesures-là permettraient une meilleure acceptabilité par les gens du confinement.

Comment comprendre que le confinement va concerner aussi les départements qui étaient zones vertes jusqu'à présent ?

Nous n'avons pas le droit à l'erreur. L'épidémie n'est plus contrôlée. Quand on n'est pas malade, on a du mal à comprendre que l'on doit prendre des mesures pour éviter de tomber malade. Dans ces territoires, qui sont pour l'instant peu touchés par le virus, il est essentiel qu'ils soient totalement protégés et qu'ils soient épargnés par cette deuxième vague. Il n'y a qu'une façon de le garantir, c’est le reconfinement.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.