"Je me demande s'il n'y a pas un problème avec mon copain" : un tchat pour libérer la parole et aider les moins de 25 ans victimes de violences conjugales
Avec ce troisième confinement, les associations craignent de nouveau une hausse des violences intrafamiliales. En 2020, elles ont augmenté de 9%. Phénomène méconnu, celui des violences conjugales chez les jeunes. Elles toucheraient 20% des couples de moins de 25 ans. Pour venir en aide aux victimes, l’association En avant toutes a crée un tchat qui leur est destiné.
"C'est une jeune femme de 19 ans qui nous écrit sur le tchat et qui nous dit que son copain change souvent de comportement avec elle. Elle voudrait savoir si c'est normal ou pas", explique Kamar Gharbi, de l'association En avant toutes. Les violences conjugales toucheraient 20% des couples de moins de 25 ans. C'est donc pour venir en aide à ces jeunes femmes que cette association a créé un espace d'échange qui leur est spécifiquement dédié.
Les questionnements et les doutes exprimés sur la plateforme révèlent souvent des situations d’humiliation, de pression psychologique, voire même de viol, sans que les victimes en ait forcément toujours conscience. C’est toute la difficulté du phénomène. "Sur le tchat commentonsaime.fr, la majorité des personnes qui viennent ont moins de 24 ans. Donc nous on voit que c'est un phénomène qui est extrêmement répandu", explique Louise Delavier, cofondatrice de l’association. "Pour autant, ces jeunes femmes, quand elle viennent sur le tchat, ne disent pas qu'elles ont été victimes de violences psychologiques ou de violences sexuelles. Elles nous disent : 'Je me demande s'il n'y a pas un problème avec mon copain'", poursuit-elle.
"On ne nous a pas appris des choses basiques, comme le consentement"
Myriam a été victime de violences conjugales. Elle témoigne aujourd'hui de cette relation toxique. Elle avait 16 ans, lui en avait 19. Mais elle n’a pas compris tout de suite ce qu'il se passait. "C'était sexuellement que la relation a été la plus difficile à vivre, dit-elle. Il y avait beaucoup de viols conjugaux comme on les appelle. C'est très fréquent, beaucoup de jeunes femmes y sont confrontées, parce qu'on ne nous a pas appris des choses basiques comme le consentement ou juste ce à quoi une relation saine devrait ressembler", poursuit-elle.
"Tant qu'on n'est pas éduqués à cette forme de respect d'autrui dans la relation, on aura toujours un souci à ce niveau-là", estime Myriam, qui salue le travail de l'association En avant toutes. "Je me dis aujourd'hui que si j'avais eu des ressources à ce moment-là, j'aurais peut-être pu m'en sortir plus vite et m'éviter davantage de problèmes", explique-t-elle.
Des appels à l'aide en forte augmentation
Lors du premier confinement, il y a un an, le tchat a vu ses demandes exploser de 900%. "On s'est retrouvées avec tout le monde qui était extrêmement tendu et la situation est devenue très vite explosive", se souvient Louise Delavier. "Nous avons bénéficié de moyens supplémentaires à ce moment-là pour ouvrir notre tchat davantage et bien nous en a pris parce que depuis, le tchat n'a pas désempli", poursuit-elle.
"Plus on ouvre des horaires sur un espace comme ça et plus les gens viennent. C'est ce qui nous laisse penser qu'aujourd'hui le phénomène des violences conjugales en France est largement sous-estimé, en particulier en ce qui concerne les jeunes."
Louise Delavier, co-fondatrice de l'association En avant toutesà franceinfo
L’an dernier, plus de 3 000 jeunes victimes ont eu recours au tchat. Depuis janvier, elles sont déjà plus de 1 000 victimes à avoir demandé de l’aide.
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