L'esport, une discipline en plein essort grâce au confinement... mais économiquement fragile
L'esport a profité du premier confinement pour se développer, seul sport à tirer son épingle du jeu dans la crise sanitaire.
Pour Anaïs, la première expérience du esport, c'était au printemps, en plein confinement. "J'ai commencé par la ligue coréenne de League of Legends, et j'étais assez perdue, confie-t-elle. Je ne connaissais absolument rien au jeu, je ne connaissais pas grand chose venant du esport." Comme Anaïs, des milliers de confinés printaniers se sont mis à suivre les matchs en ligne : "C'est avoir le temps de s'y intéresser, de regarder tout en globalité et pas juste regarder des bouts et ne pas trop comprendre."
Sans sport traditionnel, sans cinéma, l'esport a fait le plein. Le leader mondial du secteur, l'entreprise ESL, a vu ses audiences exploser selon Vincent Marty, directeur général en France.
"On a eu des bonds d'audience sur nos programmes qui ont vraiment vraiment été très importants, entre 30 et 70% d'augmentation d'une année sur l'autre."
Vincent Marty, directeur général d'ESL en Franceà franceinfo
Plus d'un Français sur dix, soit sept millions de personnes, ont regardé au moins une compétition d'esport ces douze derniers mois. Un centre d'entraînement de 600 m² sera d'ailleurs inauguré mercredi 18 novembre à Boulogne-Billancourt. L'esport fidélise, comme l'explique cet ancien joueur, désormais manageur d'une équipe : "Il y a un système de matchs et de ligue, comme pour le football. Ce qui est plaisant, c'est qu'on a des équipes qu'on revoit chaque semaine. On s'intéresse, on devient fan."
Ne pas "minorer l'effet de la crise"
Mais le succès populaire ne garantit pas le financier. Le marché global de l'esport stagne en 2020, conséquence de la crise sanitaire et économique. "Il ne faut pas minorer l'effet de la crise, affirme Bertrand Amar, dirigeant des activités esport de Webedia, premier employeur du secteur en France.
"L'achat de publicité ou le sponsoring d'équipes esport, ça risque d'être des dépenses qui vont être probablement réduites dans les mois à venir."
Bertrand Amar, dirigeant des activités esport de Webediaà franceinfo
Une fragilité symptôme d'un sport qui n'a toujours pas trouvé son modèle économique pour Nicolas Besombes, vice-président de l'association France esports. "Si je le compare au football professionnel, aujourd'hui dans le football professionnel, l'une des premières sources de revenus, ce sont les droits de diffusion qui, aujourd'hui, sont encore un peu naissant dans l'esport, explique-t-il. Il y a plein d'autres modèles à imaginer, que ce soit du financement participatif et des choses comme ça. Je crois que si ça ne change pas, ça sera compliqué pour l'esport."
L'année 2020 aura donc été paradoxale pour l'esport, de plus en plus populaire mais qui cherche à transformer l'essai.
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