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Coronavirus : au Yémen, des femmes fabriquent des masques dans la plus ancienne usine textile du pays

Selon l'Organisation mondiale de la santé, aucun cas de Covid-19 n'a été enregistré dans ce pays qui vit presque entièrement isolé

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des femmes au Yemen dans la plus ancienne usine de textile de Sanaa réalisent des masques, le 16 mars 2020 (MOHAMMED HUWAIS / AFP)

Derrière des rangées de machines à coudre, des couturières yéménites redonnent vie à la plus ancienne usine textile du pays pour confectionner des masques de protection, craignant la propagation du nouveau coronavirus dans ce pays en guerre, déjà confronté à une grave crise humanitaire.

En niqab noir et gants blancs, des employées font défiler le tissu sous leurs machines à coudre, tandis qu'à l'autre bout de l'usine, d'autres rassemblent les masques dans des sacs en plastique, désinfectés au préalable.

"Je suis prête à travailler gratuitement ici pour la santé de nos enfants, nos nourrissons et nos femmes", assure Faten al-Masoudi, l'une des vingt travailleuses de cette usine, située dans l'est de Sanaa. "Nous fabriquons les masques depuis (lundi) et, Dieu merci, nous avons commencé avant que la maladie ne nous atteigne", se réjouit Faten al-Masoudi, payée comme ses collègues au nombre de pièces cousues.

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Des femmes au Yemen dans la plus ancienne usine de textile de Sanaa réalisent des masques, le 16 mars 2020 (MOHAMMED HUWAIS / AFP)

Le département vêtements dédié désormais à la production des masques

Construite en 1967 avec l'aide de la Chine, l'usine textile a joué un rôle important dans la culture du coton, un secteur-clé pour l'économie du Yémen dans les années 1970. Son propriétaire, l'Etat yéménite, ferme l'établissement en 2005 pour "rénovation". Après l'intervention de la coalition, des frappes aériennes endommagent l'usine. En 2018, elle rouvre partiellement ses portes pour produire des vêtements de travail destinés au personnel médical.

Depuis mars, "nous avons transformé une partie du département de confection des vêtements en une section dédiée à la production des masques", explique son directeur, Abdallah Chaïban. Il espère que la manufacture atteindra son "plein potentiel" rapidement, avec davantage d'embauches pour "produire entre 8.000 et 10.000 masques par jour", contre 2.000 à l'heure actuelle. "Il y a une forte demande", explique-t-il.

Cette hausse de la demande a conduit des commerçants à majorer les prix des masques, généralement importés, ce qui exaspère le directeur. "Ce n'est pas quelque chose que nous acceptons. Il doit y avoir de l'éthique, de la morale, du religieux et de l'humain", réprimande M. Chaïban.

"Nous avons survécu à la guerre, nous affronterons cette maladie", promet Abdelbasit al-Gharbani, directeur de la section couture dans l'usine de Sanaa. "Pour la combattre, nous devons rester unis", plaide-t-il.

Des femmes au Yemen dans la plus ancienne usine de textile de Sanaa réalisent des masques, le 16 mars 2020 (MOHAMMED HUWAIS / AFP)

La capitale du Yémen est sous le contrôle depuis 2014 des rebelles Houthis, soutenus par l'Iran. Leur guerre contre le gouvernement a dégénéré en la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU, depuis l'intervention en 2015 d'une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite pour appuyer le régime. Depuis six ans, la guerre au Yémen a tué des dizaines de milliers de personnes et trois millions de Yéménites vivent entassés dans des camps de déplacés, estime l'ONU. 

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