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Coronavirus : en RDC, le prix Nobel de la paix Denis Mukwege jette l’éponge

Figure mondialement connue, le docteur Denis Mukwege s’était engagé pour lutter contre le coronavirus au sein d’un comité. Face au manque de moyen, il a décidé de démissionner.

Article rédigé par franceinfo, Elise Delève
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Denis Mukwege, le 3 octobre 2019 à Tokyo (Japon); (BEHROUZ MEHRI / AFP)

En République démocratique du Congo, l’épidémie de coronavirus n’est pas terminée et une figure du pays, mondialement connue, vient de jeter l’éponge face à la lutte contre la pandémie : le docteur Denis Mukwege, "l’homme qui répare les femmes", le prix Nobel de la paix 2018, récompensé pour son engagement auprès des victimes de viols en RDC.

Depuis plusieurs semaines, le célèbre gynécologue s’est focalisé sur un autre combat, celui du coronavirus. Et lorsque les autorités ont mis en place un organe chargé de lutter contre la propagation du Covid dans sa province du Sud-Kivu, Denis Mukwege, excellent médecin, a décidé de prendre les fonctions de vice-président de ce "Comité de riposte à l’épidémie". Il met alors en place une stratégie contre le Covid : tester, Identifier, Isoler et Traiter.

Manque de moyens et relâchement

Mais cette stratégie, qui ressemble à ce qu’ont fait beaucoup de pays, ne fonctionne pas dans la province du docteur. Dans une lettre publiée sur le site internet de sa Fondation Panzi, Denis Mukwege donne plusieurs explications à cet échec. Tout d’abord, les délais pour avoir les résultats des tests de dépistage sont trop longs. Il faut que les tests soient envoyés à Kinshasa (à 2 300 km) de la province du sud-Kivu. Un seul laboratoire dans tout le pays est habilité à les analyser, et cela prend deux semaines pour avoir un résultat. Un "handicap majeur", selon le Prix Nobel de la Paix.

Ensuite il y a, selon le docteur Mukwege, un "déni des réalités" de l’épidémie en RDC. Beaucoup ne croient pas que cette maladie existe. Le spécialiste note un "relâchement des mesures de prévention". Plus grave encore, il y a une trop grande "porosité des frontières". Dans sa région proche du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda, les Congolais sont nombreux à rentrer de ces pays et ne se mettent en quarantaine.

Enfin, la République démocratique du Congo manque de moyens. Dans un pays cinq fois plus grand que la France, les infrastructures médicales sont quasiment inexistantes. Il n’y a que 50 respirateurs dans ce pays qui compte 80 millions d’habitants. Entre 500 à 700 tests sont réalisés chaque semaine, mais le chiffre est impossible à vérifier. Tout comme les fonds alloués à la lutte contre le Covid-19. Officiellement on met le paquet, mais dans les faits, c’est assez obscure.

Il démissionne de ses fonctions

Depuis plusieurs semaines le docteur Mukwege observe dans sa province un afflux de patients atteint du coronavirus à l’hôpital de Bukavu. C’est ce qui l’a poussé à poser sa démission de ses fonctions du Comité de riposte contre le Covid. "Nous sommes au début d'une courbe exponentielle épidémiologique et nous ne pouvons plus appliquer une stratégie qui serait uniquement préventive", explique le médecin, fatigué de donner l’alerte sans être écouté.

Il va désormais se consacrer à ses "responsabilités médicales et soigner l’afflux de malades dans son hôpital de Panzi". Mais selon un spécialiste de la région, la crise du coronavirus en RDC sera "plus lente et plus longue" que dans d’autres pays, faute de moyens. La Commission européenne (sous l’impulsion de la Belgique et de la France) a annoncé vendredi un pont aérien humanitaire vers la RDC. Ils doivent acheminer dimanche des travailleurs humanitaires et un total de 40 tonnes de fret comprenant des purificateurs d'eau, un soutien nutritionnel, et des fournitures médicales générales. D'autres fournitures sont également destinées à soutenir la lutte contre le coronavirus en RDC.

La réponse apportée par l'UE pour cette lutte s'appuie sur des contributions de l'ensemble des institutions de l'UE et combine les ressources mobilisées par les États membres et les établissements financiers de l'UE afin de remédier aux conséquences humanitaires, sanitaires et autres de la pandémie de coronavirus, a expliqué l'exécutif bruxellois.

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