Coronavirus : "Il faut qu’on se batte pour permettre à ceux qui nous font rêver de continuer à vivre de leur travail" appelle le directeur de la Sacem
Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem, invité de franceinfo, jeudi 21 mai, a détaillé le système de rémunération qui va être mis en place pour les artistes qui ont diffusé des concerts en ligne pendant le confinement.
"Il faut qu’on se batte pour permettre à ceux qui nous font rêver de continuer à vivre de leur travail", a appelé le directeur de la Sacem Jean-Noël Tronc, sur franceinfo ce jeudi 21 mai. La Sacem a annoncé la semaine dernière qu’elle va rétribuer les artistes qui ont diffusé des concerts live sur internet depuis le début du confinement. "Tous les concerts ont été annulés depuis le début confinement et cela risque de durer hélas pendant encore des mois", a ajouté Jean-Noël Tronc qui redoute que de nombreux créateurs ne puissent plus vivre de leur travail dans les prochains mois.
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Le directeur de la Sacem a détaillé le fonctionnement du nouveau système de rémunération : "10 euros minimum pour un livestream d’une durée d’une chanson" et "jusqu’à 76 euros quand c’est pour une durée supérieure à 20 minutes". Les membres de la Sacem (société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) pourront déclarer leurs performances réalisées depuis le 15 mars à partir du 1er juin.
Quelle est la situation pour les membres de la Sacem aujourd’hui ?
Tous les concerts ont été annulés depuis le début du confinement et cela risque de durer hélas pendant encore des mois. Les droits d'auteurs, ils vont être frappés en 2021 par l’impact de la crise du Covid. Donc, c’est la double peine pour les créateurs français. Ce que le conseil d’administration de Sacem a voulu faire, à un moment ou beaucoup d’artistes ont organisé des concerts gratuits sur Internet, c’est pouvoir redonner un peu de valeur à Internet pour les auteurs. On sait que les plateformes Internet sont une opportunité formidable pour découvrir les œuvres. C’est aussi un très gros problème pour la rémunération tout à fait insuffisante des créateurs sur Internet.
Quel est le système de rémunérations que vous allez mettre en place ?
C’est très simple. Nos membres pourront sur leur espace, dès le premier juin, déclarer tous les concerts qui ont été faits quand ce sont leurs œuvres. Ça sera rétroactif, donc ça prend effet dès le 15 mars. Il y a donc une rémunération spéciale qui va être créée et qui permettrait de rémunérer à un tarif qui correspondrait en gros à ce qu’un auteur touche quand il y a un concert gratuit dans une petite salle. Les auteurs, on l’oublie souvent, ont des revenus qui sont souvent très faibles. La Sacem veut faire une mesure de solidarité et d’efficacité. C’est 10 euros minimum pour un live stream d’une durée d’une chanson. Ça peut monter plus haut, jusqu’ à 76 euros quand c’est pour une durée supérieure à 20 minutes. Il y aura par ailleurs une rémunération additionnelle en fonction du nombre de streams. Cette rémunération additionnelle dépend du nombre de streams total, ceux qui l'ont écouté en direct et ceux qui seront allés l'écouter après.
Est-ce que le risque n’est pas de rémunérer surtout ceux qui sont déjà très connus ?
C’est l’avenir de la création qui se joue. Tous les artistes sont frappés par le désastre économique et culturel qui se profile. N’oubliez pas que les succès, notamment dans la musique, c’est l’arbre qui cache la forêt. Pour quelques grands succès, vous avez des milliers d’auteurs qui essaient de vivre de leur travail.
Aujourd’hui, vous avez un peu plus de 6000 membres qui reçoivent l'équivalent d’un smic en droit d’auteur chaque mois. La différence, c’est entre ceux qui vont pouvoir continuer à vivre de leur travail et ceux qui ne vont plus pouvoir. On dit souvent que les droits d’auteur font vivre ceux qui nous font rêver. Il faut qu’on se batte pour permettre à ceux qui nous font rêver de continuer à vivre de leur travail.
Comment allez-vous financer cette rémunération ?
Ce sont les plateformes. La Sacem a été la première société d’auteurs au monde à négocier des accords avec toutes les plateformes Internet. C’est sur la base de ces accords que nous prenons un peu de ces rémunérations. C’est sur la base de ces revenus bas que l’on va pouvoir mettre en place ce système exceptionnelle. Les auteurs ne sont pas salariés, ni intermittents du spectacle, c’est souvent les oubliés des politiques publiques. En ce moment, c’est l’occasion pour nous aussi de lancer un cri d’alarme. C’est l’avenir de la création française qui se joue. On va avoir besoin que les pouvoirs publics s’y mettent aussi.
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