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Coronavirus : "Je veux bien faire l’unité nationale mais avec en contrepartie, qu'on nous dise la vérité", estime Jordan Bardella

Le député européen et vice-président du Rassemblement national a regretté jeudi sur franceinfo une absence de cap dans la gestion de la crise sanitaire.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jordan Bardella, eurodéputé du Rassemblement national, était l'invité de franceinfo mardi 3 mars 2020. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Je veux bien faire l’unité nationale mais avec en contrepartie, qu'on nous dise la vérité", estime jeudi 26 mars sur franceinfo le député européen et vice-président du Rassemblement national Jordan Bardella. Il regrette une absence de cap dans la gestion de la crise du coronavirus et veut tirer les conclusions politiques, notamment sur "l’échec dramatique de l’Union européenne."

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franceinfo : Soutenez-vous l'appel à la nation lancé hier depuis Mulhouse par le président de la République, Emmanuel Macron ?

Jordan Bardella : Je pense que dans leur immense majorité, c’est notre cas, les Français font évidemment bloc, bloc avec tous ceux qui sont en première ligne aujourd’hui, le personnel soignant, les pharmaciens, les professions libérales et puis nos infirmiers. Je veux bien faire l’unité nationale mais avec en contrepartie, qu'on nous dise la vérité parce que beaucoup de nos compatriotes ont le sentiment qu'on les balade, qu’il n’y a pas de cap. On nous a expliqué pendant plusieurs semaines que les masques ne servaient à rien pour masquer, en réalité on le sait désormais, une pénurie de masques et le fait que ce manque important pour les personnels qui sont en première ligne n'ait pas été anticipé. On nous a dit exactement la même chose sur les tests. J'entendais la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, nous dire qu’elle va devoir se laisser un peu de temps pour déterminer la durée du confinement, que le gouvernement va devoir se laisser un peu de temps. Mais c'est quoi le cap ? Aujourd'hui, on ne sait pas. Le confinement est censé se terminer dans quatre jours. Un chef d'entreprise aujourd'hui peut légitimement se demander si, oui ou non, il rouvre son entreprise lundi. On ne sait rien, on est un peu au jour le jour. Le gouvernement doit la vérité aux français. Les Français ont été baladés entre de l'amateurisme, des injonctions contradictoires. On leur a dit au début, c’est une grippe, ce n’est pas grand-chose. Ensuite, on leur a dit rester confinés, mais allez voter. Ensuite, on leur a dit vous pouvez aller travailler, aller faire du jogging. Je trouve que c’est extrêmement flou.

Vous dites au Rassemblement national qu’il faut durcir le confinement ?

Il est évident que le confinement doit aujourd'hui se poursuivre, de l'avis unanime des chercheurs, des professeurs, des personnels soignants, des médecins. Il serait de bonne augure que le confinement soit appliqué de manière beaucoup plus stricte. Encore une fois, c'est dans l’intérêt de tout le monde. Nous avons la conviction qu'il faut durcir ce confinement, qu'il faut d'abord le faire appliquer partout. Moi, je lisais tout à l'heure l’interview du chef du service des urgences de l'Hôpital de Bondy dans vos confrères du Monde qui expliquait que le 93 est aujourd'hui submergé, que les hôpitaux du 93 sont submergés parce qu’une petite partie, une partie certaine de la population ne respecte pas le confinement. On l'occurrence, dans un certain nombre de quartiers, on le sait, ça a fuité dans la presse, Le Canard enchaîné l'a révélé, il y a des consignes qui sont données à la police de ne pas faire respecter le confinement dans un certain nombre de quartiers. On laisse notamment dans des quartiers qui sont ravagés par l'insécurité, par les trafics de drogue les choses se faire. On calme le jeu. On ne veut pas créer de troubles, on ne veut pas créer d'émeutes. Les préfets l'admettent eux-mêmes et tout cela, évidemment, crée une rupture avec effectivement l'unité nationale qui serait nécessaire autour de ce confinement.

Vous n'avez pas la sensation, Jordan Bardella qu’au fond, le monde entier étant pris de court, que chaque pays est confronté à ce même type de difficultés ?

C’est vrai mais je vois aujourd'hui des solutions mises en place que certains que certains médecins, que certains dans la classe politique, avait préconisé bien plus tôt. Marine Le Pen avait interrogé l'Assemblée nationale Agnès Buzyn, le 11 février. Le 11 février, il y a plusieurs semaines et un peu plus d'un mois, sur les stocks de masques qui étaient disponibles, on n'a eu de réponse.

Il était évident que cette épidémie, qui se déroulait en Chine à l'heure de la libre circulation, allait très, très vite arriver en Europe. Or, on n'a rien fait pour l’anticiper.

Jordan Bardella

à franceinfo

Mme Buzyn l’a avoué il y a quelques jours dans la presse, en lâchant ses bombes où elle dit que tout le monde savait que l'épidémie allait venir, que le tsunami viendrait. De son propre aveu, elle le dit elle-même “je savais que je ne pourrais pas faire campagne et que les élections municipales ne pourraient pas avoir lieu.” Pourquoi est-ce qu'on ne l'a pas anticipé ? Pourquoi est-ce qu’on ne s'est pas préparée ? Pourquoi est-ce qu'on n'a pas coupé les liaisons aériennes avec des pays qui était manifestement des foyers de l'épidémie ? Il faudra, une fois que cette épidémie sera passée, évidemment, en tirer les conclusions politiques.

Comment jugez-vous la réaction de l’Union européenne dans la gestion de la crise, avec notamment les 1 000 milliards annoncés par la BCE ?

Derrière cette crise, il y a aussi l'échec dramatique de l'Union européenne, qui a totalement été absente, qui a mis en garde dès le début les pays qui voulaient rétablir des contrôles aux frontières nationales en leur disant de ne pas le faire. Et puis surtout, pendant que l'Union européenne est en proie à une crise sanitaire, la Commission européenne est en train de négocier de nouveaux chapitres d'adhésion avec l'Albanie avec la Macédoine du Nord. Voilà à quoi s'attelle l'Union européenne quand une grande partie des pays sont touchés. Ça démontre la faiblesse de l'institution. À tel point que les Italiens ont été obligés d’implorer la Chine de leur livrer des masques. A tel point que nous sommes aujourd'hui obligés de le faire. Il faudra évidemment remettre tout cela sur la table après, prendre en compte les effets néfastes de la mondialisation économique et des délocalisation à outrance. Cela nous a rendu évidemment vulnérable. Nous tirons la sonnette d’alarme depuis des années, là-dessus, il serait temps qu'on rétablisse et qu'on remette ces sujets sur la table. Il y a des mesures qui vont évidemment dans le bon sens, comme les mesures qui ont été annoncées de soutien à l'entreprise par le président de la République. Maintenant, encore une fois, l'Union européenne l'admet elle-même, elle a sous-estimé grandement le risque. Il ne s'agit pas de réparer les dégâts d'une inaction après. Gouverner, c'est prévoir. Il faut être capable d'anticiper et prévoir des stocks de masques, prévoir des stocks de gel hydroalcoolique, couper les liaisons aérienne a les pays qui sont des foyers épidémiques. Tout cela est fait, nous en tirerons les conclusions plus tard. Maintenant, le plus important, c'est que le pays s'en sorte, que chacun de nos compatriotes respecte les gestes barrières, respecte ce confinement.

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