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Coronavirus : l'Ile-de-France est beaucoup moins bruyante pendant le confinement (sauf lors des applaudissements pour les soignants)

"On a un 'pic de bruits' à 20 heures sur certaines stations", explique Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif, à franceinfo.

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Une femme applaudit les soignants depuis sa fenêtre, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 21 mars 2020. (REMI DECOSTER / HANS LUCAS / AFP)

Un silence inhabituel. Depuis le début du confinement lié à l'épidémie de Covid-19, mardi 17 mars à midi, les 150 appareils de mesure de Bruitparif situés en Ile-de-France ont enregistré une forte baisse des émissions sonores. En cause : "La diminution drastique des trafics routier, aérien et même ferroviaire, l'arrêt des chantiers et la fermeture de nombreuses activités et lieux festifs (bars, restaurants et établissements diffusant des sons amplifiés)", écrit le centre d'évaluation technique de l'environnement sonore en Ile-de-France, dans un communiqué.

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Au premier jour du confinement, les émissions sonores aux abords des routes ont ainsi baissé "de 50%" en 24 heures, puis "68%" les mercredi, jeudi et vendredi suivants, pour chuter de "80%" le week-end du 21 et 22 mars, par rapport aux émissions sonores classiques générées par la circulation à ces périodes.

La nuit, les diminutions peuvent même atteindre 9 dB(A) [décibels] aux abords de certaines voies dans Paris intra-muros, ce qui représente un niveau sonore réduit de près de 90%.

Bruitparif

L'institution précise que ces baisses de bruit "sont plus marquées dans Paris intra-muros que sur les grands axes". Les abords des aéroports, dont le trafic a progressivement diminué, sont aussi plus silencieux : 10 décibels de moins autour de l'aéroport d'Orly par rapport aux valeurs habituelles, notait ainsi Bruitparif le 26 mars.

A titre de comparaison, 0 dB(A) correspond au seuil à partir duquel l'oreille humaine est capable de détecter un son. A partir de 40 dB(A) la nuit et de 50-55 dB(A) en journée, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que des effets extra-auditifs du bruit peuvent se manifester (troubles du sommeil, gêne, risques cardiovasculaires accrus, difficultés de concentration). Le "seuil de douleur" est fixé à 120 dB(A), rappelle Bruitparif.

"Un pic de bruit à 20 heures"

Le bruit des applaudissements pour soutenir les soignants, tous les soirs à 20 heures, est-il perceptible ? "Oui, on a un pic de bruit à 20 heures sur certaines stations positionnées directement dans des rues en face d'immeubles", explique Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif, contactée par franceinfo mardi 31 mars. Dans ces stations présentes dans des "quartiers animés" (où des appareils ont été installés pour aider à la régulation de la vie nocturne liées aux bars et aux restaurants), Bruitparif enregistre ainsi un niveau de décibels qui passe du simple au double à 20 heures, comme en témoignent plusieurs mesures réalisées ces derniers jours en Ile-de-France, et communiquées par l'institut à franceinfo.

L'appareil posé rue de la Jarente (4e arrondissement de Paris), a mesuré 40 à 50 dB(A) autour de 19h30 samedi 21 mars puis plus de 80 dB(A) à 20 heures. Idem rue de la Ferronnerie, dans le 1er arrondissement, où le bruit est passé d'environ 50 dB(A) à plus de 80 dB(A), le 28 mars à 20 heures. Rue de la Mégisserie, à Bagneux (Hauts-de-Seine), le niveau sonore mesuré à 40 dB(A) a atteint 75 dB(A) à 20 heures, le 21 mars.

La mesure du bruit rue de la Jarente, dans le 4e arrondissement de Paris, le 21 mars entre 19h30 et 20h30. (BRUITPARIF)

La mesure du bruit rue de la Ferronnerie, dans le 1er arrondissement de Paris, le 28 mars 2020 entre 19h35 et 20h25. (BRUITPARIF)

La mesure du bruit rue de la Mégisserie, à Bagneux (Hauts-de-Seine), le 21 mars 2020 entre 19h35 et 20h25. (BRUITPARIF)

Si ces bruits d'applaudissements sont perceptibles, c'est justement parce que le silence s'est imposé. "En temps normal, ils passeraient relativement inaperçus par rapport aux bruits de la circulation et autres", relativise Fanny Mietlicki.

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