Coronavirus : la France sous-estime-t-elle le nombre de cas ?
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes prétendent que le nombre de cas de coronavirus en France est sous-estimé, parce qu’on pratique moins de tests de dépistage qu’ailleurs. Mais la comparaison internationale est hâtive.
De nombreux internautes affirment que le gouvernement baisse artificiellement la gravité de l’épidémie en évitant de dépister les cas suspects. Ils s’appuient sur une série de graphiques publiée par GHoeberX sur Twitter.
Les graphiques mis côte à côte laissent entendre que si la France a moins de cas avérés de coronavirus Covid-19 que la Grande Bretagne, l’Italie ou la Corée du Sud, c’est parce qu’on y pratique moins de tests de dépistage. C’est faux. La cellule du Vrai du Faux vous explique pourquoi.
La comparaison internationale est peu pertinente
Le nombre de cas avérés n’est pas corrélé à l’ampleur de la campagne de dépistages effectués. La Grande-Bretagne ne comptait que 115 cas de coronavirus le 5 mars, alors que plus de 18 000 personnes ont été testées dans le pays.
De plus, la comparaison est hasardeuse : les tests utilisés pour dépister les cas de coronavirus diffèrent d’un pays à l’autre. Les tests utilisés en France, disponibles depuis la fin janvier, ont été développés par l’Institut Pasteur.
Surtout, l’écart entre le nombre de tests effectués dans les différents pays s’explique par des approches différentes de la crise sanitaire. En Corée du Sud, les autorités encouragent un maximum de personnes à se faire dépister. L’État a mis en place un système de dépistage à la chaîne, sur le modèle des drive-in des fastfoods. Les automobilistes ne sortent pas de leur voiture et se font tester depuis leur véhicule. Les résultats sont communiqués par SMS trois à quatre jours plus tard.
En France, une "présélection" des patients est effectuée en amont : les tests sont donc moins fréquents, mais ils ciblent mieux les personnes potentiellement porteuses du virus.
Un dépistage ciblé
En France, les autorités ne communiquent pas le nombre de tests effectués par jour, mais assurent qu’elles peuvent pratiquer 1 500 dépistages du coronavirus quotidiens. Pour construire son graphique, GHoeberx a additionné le nombre de "cas avérés" de coronavirus et le nombre de "cas exclus". Mais si tous les "cas avérés" ont bien été testés, ce n’est pas le cas des "cas exclus". On dénombre parmi les "cas exclus" des personnes qui n’ont jamais été dépistées, mais qui n’étaient pas porteuses du virus selon leur médecin traitant ou le Samu.
Avant de prétendre à un test de dépistage, les patients français potentiellement porteurs du coronavirus doivent passer par plusieurs étapes. Si un médecin considère que son patient a des risques d’être porteur du virus, le malade entre dans la catégorie des "cas suspects". Le praticien ne peut pas décider lui-même de prescrire un test de dépistage : il doit orienter le malade vers un expert du Samu ou un infectiologue.
Ces derniers interrogent le patient sur ses symptômes, les lieux où il s’est rendu récemment et les personnes avec qui il a été en contact. Si le patient remplit les critères de risque définis par Santé publique France, il est catégorisé comme "cas possible".
Seuls les "cas possibles" sont orientés vers l’un des 152 établissements habilités à faire le test en France. Grâce à un coton tige, le médecin fait des prélèvements dans le nez ou dans la gorge du patient. Les échantillons sont ensuite envoyés à l’un des 45 laboratoires autorisés à les analyser. Les résultats sont connus après trois à cinq heures. Suite au dépistage, la personne porteuse du coronavirus est catégorisée comme l’un des "cas avérés".
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