Coronavirus : la hausse des contaminés en Seine-Saint-Denis s'explique car le "département est sous médicalisé" selon un médecin du Samu
Jean-Marc Agostinucci explique aussi que "le confinement est plus difficile" dans son département et déplore le manque de matériel de ses équipes.
En Seine-Saint-Denis, les décès enregistrés du 21 au 27 mars ont augmenté de 63% par rapport à la semaine précédente selon des chiffres provisoires publiés vendredi par l'Insee. "Ça ne nous étonne pas", a réagi vendredi 3 avril sur franceinfo Jean-Marc Agostinucci, médecin du Samu de Seine-Saint-Denis. Selon lui, la raison est que "le confinement est plus difficile" dans son département qui est touché fortement par le coronavirus. "On a des populations précaires qui vivent assez nombreuses dans des immeubles, explique le médecin du Samu. Et puis, on est quand même un département sous médicalisé en termes de médecine de ville".
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Dans les quartiers populaires, "les gens âgés sont entourés par la famille. Donc la contamination se fait plus facilement", explique Jean-Marc Agostinucci. Le médecin note par ailleurs "moins de morts dans les Ehpad" du département, "c'est ça qui nous surprend. On s'attendait à un peu plus de problématiques". Les Ehpad "ont très bien réagi, très tôt. On a des Ehpad qui ont été médicalisés, qui ont arrêté les visites très tôt. Donc on a quand même moins de gros malades actuellement dans les Ehpad que ce qu'on aurait pu prévoir", poursuit le médecin.
Manque de matériel et de moyens humains
Jean-Marc Agostinucci pointe également le manque de matériels des équipes du Samu de Seine-Saint-Denis. Les masques "commencent à arriver" car il y avait "des stocks hospitaliers", donc les équipes ont pu être "armées facilement". En revanche, le Samu manque de blouses et de surblouses, avec "des problèmes de tailles". Jean-Marc Agostinucci explique que les équipes doivent faire avec "le système D" pour s'équiper : "C'est du bricolage, pas forcément ce qu'il y a de mieux."
Plus généralement, le Samu "fonctionne en mode dégradé", assure Jean-Marc Agostinucci. "On paramédicalise beaucoup de choses. On met des infirmiers plutôt que des médecins parce qu'on n'en a pas assez", explique le médecin du Samu. Et puis, on va peut-être moins facilement intuber un patient, c'est à dire le mettre sous respirateur". Pour Jean-Marc Agostinucci cette attente plus longue est "parce que la pénurie de moyens existe, et surtout de moyens humains. Parce nos collègues sont, soit infectés, ça arrive même pas mal, soit ils sont fatigués. Et même si on est aidés par le reste de l'hôpital, ce ne sont pas des gens qui vont aller sur le terrain".
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