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Coronavirus : non, un document confidentiel du gouvernement ne prévoit pas le report des municipales à cause de l'épidémie

Le ministère de l'Intérieur assure que ce document présenté comme une note interne confidentielle est un faux. Il a été posté par deux internautes, dont l'un se présente comme un "gilet jaune", qui affichent leur hostilité envers le gouvernement et Emmanuel Macron.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Un véhicule des pompiers devant une maison de retraite de Crépy-en-Valois (Oise), le 2 mars 2020, en pleine épidémie de coronavirus Covid-19. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

Le document se présente comme une note de "communication interne" du ministère de l'Intérieur relative à la gestion de l'épidémie de coronavirus Covid-19 par les autorités et datant du 25 février. Il comporte le logo officiel du ministère, l'en-tête de son "point sur la situation" épidémique et une mention "confidentiel". Il liste en bas de page quatre mesures qui seront, prétend-il, instaurées à partir du 1er mars à cause de la circulation du virus en France. D'abord, un couvre-feu dans les communes où résident des patients contaminés, ensuite l'interdiction des manifestations sur tout le territoire national, la mise en place de barrages filtrants sur les axes stratégiques et enfin le report des élections municipales prévues les 15 et 22 mars. 

La note a été postée vendredi 28 février sur Facebook par un internaute se présentant comme un "gilet jaune" et clamant : "Regardez ce que le gouvernement est en train de nous [p]ondre en douce". Puis sur Twitter, samedi 29 février, par un autre internaute affichant son hostilité à La République en marche et appelant à le retweeter "en masse". Contactés par franceinfo, aucun des deux internautes n'a souhaité nous répondre. 

Sollicité par franceinfo, le ministère de l'Intérieur "confirme qu'il ne s'agit pas d'un document authentique", mais bien d'un "fake". En passant la note au crible d'un logiciel d'analyse d'image, de nombreuses zones suspectes apparaissent d'ailleurs, laissant à penser qu'elle a effectivement subi de nombreuses retouches.

Le gouvernement a bâti un plan d'action et découpé la gestion de la crise sanitaire en quatre stades. La France est pour l'heure au stade 2 de l'épidémie. Le stade 3 correspond au pic épidémique. Selon le scénario, le système de santé serait alors saturé. Pour limiter la contagion, le gouvernement envisage de prendre une batterie de mesures qui peuvent aller jusqu'à la fermeture des établissements scolaires sur tout le territoire, la suspension de certains transports en commun et la restriction de rassemblements d'ampleur. En 2011, un plan national de prévention et de lutte contre l'épidémie de grippe avait imaginé une gradation similaire de la réponse.

Ni couvre-feu, ni report des municipales

Pour l'heure, seuls les événements de plus de 5 000 personnes en milieu confiné sont annulés à l'échelle nationale. Les mesures les plus strictes ont été prises dans l'Oise, zone la plus touchée, avec au moins 91 cas confirmés jeudi 4 mars, dont deux des quatre malades morts sur le territoire français. Tous les rassemblements sont interdits dans le département. Mais même dans les neuf communes où des cas groupés ont été relevés (Crépy-en-Valois, Vaumoise, Lamorlaye, Lagny-le-Sec, Creil, Montataire, Villers-Saint-Paul, Nogent-sur-Oise et la Croix-Saint-Ouen), visées par des mesures de restrictions, notamment la fermeture des établissements scolaires, les habitants sont seulement invités à limiter leurs déplacements et à télétravailler s'ils le peuvent. Pas de couvre-feu donc, contrairement à ce qui a été décrété à Wuhan, en Chine, ou à Milan, en Italie. 

Quant aux transports, le secrétaire d'Etat Jean-Baptiste Djebbari a certes reconnu, lundi sur Europe 1, que le gouvernement pourrait "procéder à des restrictions" de circulation des transports publics si le coronavirus continuait à s'étendre. Mais il a précisé qu'il s'agissait là de "la version la plus maximaliste" de son plan d'action. Ces restrictions pourraient se faire "soit sur un plan géographique, soit en donnant priorité, par exemple, à un certain nombre de trains, en Ile-de-France ou ailleurs". Aucun barrage filtrant sur les axes stratégiques à l'horizon.

Enfin, pour les élections municipales, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a assuré, mercredi à l'issue du Conseil des ministres, "qu'il n'est absolument pas à l'ordre du jour de repousser" le scrutin et que l'exécutif ne considère pas que la situation sanitaire le justifierait "à ce stade".

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