Coronavirus : pourquoi les pharmacies ne vendent-elles pas de masques au grand public ?
Entre pénurie, réquisition et manque de réglementation, la vente des masques est compliquée en France.
Où peut-on trouver des masques ? En pleine épidémie de coronavirus et à quelques semaines de la fin du confinement, ces protections sont jugées utiles en complément des gestes barrières. Surtout, de nombreuses personnes cherchent à en obtenir. Cette mission s'avère difficile. Qu'ils soient chirurgicaux, FFP2 ou simplement en tissus, les masques sont encore difficile d'accès pour le grand public. La Cellule vrai du faux de franceinfo vous explique pourquoi.
Parce que les masques classiques sont réservés aux personnels soignants
Il est inutile de demander des masques à un pharmacien. Cela vaut même pour les personnes à risque. Depuis un décret du 13 mars, les masques chirurgicaux et ceux FFP2 sont réquisitionnés par l'État jusqu'au 31 mai. Cela veut dire que les pharmaciens ne peuvent plus les vendre au grand public. Ces protections sont réservées au personnel soignant et aux hôpitaux. En cas de vente à des particuliers, les pharmaciens risquent six mois de prison et 10 000 euros d'amende.
Cette situation est difficile à gérer tous les jours selon l'Ordre des pharmaciens. Dans une lettre au ministère de la Santé du 13 avril, les officines estimaient que cette stratégie génère "une incompréhension majeure, et souvent de l’agressivité, ce qui nécessite de la part des pharmaciens beaucoup de patience, d’explications et de temps".
Parce que les masques en tissus ne sont pas autorisés à être vendus en pharmacie
L'Académie de médecine recommande le port du masque alternatif au moment du déconfinement. Pourtant, les pharmacies ne sont pas autorisées à les vendre. "Nous n'avons pas le droit, explique Carine Wolf-Thal. Ils ne font pas partie de la liste des marchandises autorisées" en officine, regrette la présidente de l'Ordre des pharmaciens. Cette réglementation ne peut être modifiée que par un arrêté ministériel. L'Ordre a demandé au gouvernement de faire évoluer cette liste. Il espère voir les choses bouger "dans les prochains jours", notamment pour pouvoir vendre des masques homologués par l'Association française de normalisation (Afnor).
Cette évolution sera nécessaire, estime Gilles Bonnefond, le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine. Selon lui, les Français risquent de se tourner vers des masques à la qualité qui pourrait être douteuse. "Si on considère que le masque est utile pour se protéger, il faut qu'il y ait une certaine qualité et certaines normes de filtration, dit-il à franceinfo. Autant que l'on ait une règle pour les délivrer, expliquer comment on les utilise et on va même plus loin, c'est-à-dire que les pouvoirs publics fixent un prix de ces masques pour qu'il n'y ait pas de débat sur le prix des différents masques dans les différents circuits de distribution."
Parce que les stocks actuels ne sont pas assez importants pour en vendre à tout le monde
Impossible d'évoquer les masques sans parler de la pénurie. Même si les pharmaciens étaient autorisés à vendre une partie du stock de l'État, il n'y en aurait pas pour tout le monde. "Ce serait un feu de paille", tranche Carine Wolf-Thal, la présidente de l'Ordre des pharmaciens. Les clients risqueraient de se bousculer en pharmacie et d'en repartir vite déçus.
Avec le "pont aérien" avec la Chine, les importations ont atteint 85 millions de masques la semaine dernière pour les soignants. Ce qui est encore trop peu, a reconnu Olivier Véran, le ministre de la Santé, qui souhaite élargir leur distribution aux professions paramédicales. Le gouvernement promet de débloquer bientôt 17 millions de masques grand public chaque semaine pour tous les Français. Leur mode de distribution reste encore à définir, mais ils seront disponibles dans le commerce, promet l'exécutif.
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