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Coronavirus : quatre questions sur la hausse du taux de reproduction du virus dans certaines régions

La direction générale de la santé a indiqué vendredi que le taux de reproduction du virus dépassait le seuil de 1 dans cinq régions françaises, dont certaines relativement épargnées par l'épidémie. Décryptage.

Article rédigé par franceinfo
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Une infirmière effectue un prélèvement pour un test de dépistage du Covid-19, le 18 mai 2020, à Sedan (Ardennes). (VIKTOR POISSON / HANS LUCAS / AFP)

"Le virus continue à circuler sur le territoire". Un avertissement précédait le bilan quotidien de la direction générale de la santé (DGS) sur l'épidémie de Covid-19vendredi 19 juin. En cause, la situation de trois territoires où le coronavirus "circule activement", dont la Normandie. Dans cette région, la DGS annonce que le taux de reproduction du virus "a sensiblement augmenté cette dernière semaine, jusqu'à dépasser le seuil d'alerte". A quoi correspond ce taux, ou indicateur R ? Faut-il s'inquiéter de cette hausse ? Franceinfo répond à quatre questions sur le sujet.

1Qu'est-ce que l'indicateur R ?

Le nombre de reproduction R fait partie des indicateurs permettant d'évaluer la transmission et la circulation du virus sur le territoire. Ce chiffre correspond au "nombre moyen de personnes infectées" par un malade, explique Santé publique France dans son point du 18 juin. "Une valeur supérieure à 1 est en faveur d'une tendance à l'augmentation du nombre de cas", poursuit l'organisme.

Ainsi, cet indicateur "s'établissait à 2,8 en France le 15 mars dernier, soit avant le confinement", rappelle BFMTV. Cela signifie que chaque malade du Covid-19 infectait en moyenne 2,8 personnes en France. Ce taux "était ensuite redescendu à 0,73 (...) le 11 juin", à la fin du confinement, précise encore la chaîne d'information.

2Dans quelles régions le taux de reproduction a-t-il augmenté ?

Cinq régions ont un taux de reproduction supérieur à 1 entre le 6 et le 12 juin, selon le bilan de Santé publique France publié vendredi 19 juin. "En Normandie, le taux de reproduction effectif du virus a sensiblement augmenté cette dernière semaine, jusqu'à dépasser le seuil d'alerte fixé à 1,5, indique la DGS dans une alerte publiée vendredi 19 juin. Ce chiffre, correspondant au nombre de personnes qu'un cas positif va contaminer, est désormais de 1,6." 

Les quatre autres régions où l'indicateur R effectif est supérieur à 1 sont : l'Auvergne-Rhône-Alpes (1,02), l'Occitanie (1,51), la Martinique (1,57) et la Guyane (2,59). Dans ces territoires, "le virus circule activement", souligne la DGS.

3Comment ces hausses s'expliquent-elles ?

La hausse de l'indicateur R effectif est liée à une hausse du nombre de foyers de transmission : Santé publique France en dénombre 37 la semaine du 14 juin, contre 29 dans la semaine du 7 juin (+ 27,58 %), rapporte Sciences et Avenir. Ainsi, en Normandie, "cette augmentation [de l'indicateur R] s'explique par la détection de clusters au sud de l'agglomération rouennaise", ainsi qu'à Belbeuf (Seine-Maritime) et Fécamp (Seine-Maritime), indique l'Agence régionale de santé. Cette recrudescence de nouveaux foyers de transmission est accompagnée d'une diminution du respect des mesures de prévention, selon Santé publique France.

La hausse du taux de reproduction du virus s'explique également par la multiplication des tests de dépistage. C'est par exemple le cas en Normandie ou en Martinique, où le R effectif de 1,57 est lié "au dépistage systématique des voyageurs" arrivant sur l'île, selon Santé publique France. "Nos capacités de détection du coronavirus sont bien meilleures qu'au début de la première vague, ce qui permet notamment de dépister des cas asymptomatiques", souligne Xavier Lescure.

En Guyane, "les indicateurs sont en augmentation, témoignant d'une intensification de la circulation" du Covid-19. "Douze des 16 clusters identifiés sont en cours d'investigation, dont trois sont à risque de diffusion communautaire", poursuit l'organisme. Le territoire est par ailleurs passé en stade 3 de l'épidémie lundi 15 juin, afin "de limiter les conséquences de la circulation du virus avec le renforcement de mesures de restriction de circulation et l'augmentation des capacités de dépistage".

4Faut-il s'en inquiéter ?

Dans l'ensemble, les autorités se veulent rassurantes. Au niveau national, le taux de reproduction du virus est de 0,96 sur la période du 6 au 12 juin, selon Santé publique France. "L'indicateur est donc inférieur à 1, ce qui signifie qu'une personne infectée en contamine en moyenne moins d'une autre et que par conséquent l'épidémie est en régression en France", souligne l'institution. En outre, ce chiffre "évolue faiblement depuis le 1er juin (sa valeur était alors estimée à 0,88)".

"Les valeurs de R ne doivent pas être interprétées de façon isolée, mais doivent être mises en perspective avec les autres données épidémiologiques disponibles", met par ailleurs en garde Santé publique France. Or, "l'ensemble des indicateurs de circulation" du coronavirus sont "à des niveaux bas" en semaine 24, du 8 au 14 juin. Si le nombre hebdomadaire de clusters sur le territoire français est en légère hausse, ces foyers de transmission sont "en cours d'investigation ou maîtrisés". La mortalité, toute causes confondues, est en outre revenue à son niveau habituel en France, relève Sud-Ouest. Santé publique France conclut donc qu'il n'y a "pas de signaux en faveur d'une reprise de l'épidémie de Covid-19".

Dans les régions ayant un R effectif supérieur à 1, "les autorités sanitaires sont particulièrement vigilantes à l'évolution de la situation, qui traduit une circulation virale réelle, mais maîtrisée", assure la DGS. La Guyane fait "l'objet d'une surveillance renforcée de la part des autorités sanitaires, puisque le virus y circule très activement". "La situation épidémique nécessite des opérations d'évacuation et de renforts humains et techniques en cours de programmation pour anticiper toute surcharge capacitaire et soulager les équipes sanitaires locales", précise la DGS dans son point du vendredi 19 juin.

"La hausse du R effectif dans ces régions est un vrai signal d'alerte, met toutefois en garde le professeur Xavier Lescure, infectiologue à l'hôpital Bichat, contacté par franceinfo. Avec le déconfinement, il ne reste plus que les mesures barrières pour faire baisser ce taux de reproduction. Ces données montrent qu'il faut rester hypervigilant, car l'épidémie pourrait redémarrer très vite." Dans l'alerte publiée vendredi, la DGS abonde : "L'épidémie n'est pas terminée. Le virus est toujours présent sur l'ensemble du territoire national et la prudence doit rester de mise."

Il est donc nécessaire de continuer à observer les gestes barrières pour limiter la propagation du virus, martèle l'infectiologue. "Les mesures barrières ralentissent toujours sa circulation malgré une augmentation (prévisible) du R, explique Damien du Cheyron, chef du service de réanimation au CHU de Caen, à France 3 Normandie. Le Covid-19 ne peut pas disparaître par ces mesures, mais on peut éviter que tout le monde soit malade en même temps. Et donc, éviter un pic épidémique qui sature ou fait exploser les systèmes de santé, point de départ de la crise de mars et avril."

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