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Coronavirus : un jour les femmes, un jour les hommes, le Panama et le Pérou mettent en place le confinement alterné

Pour réduire le nombre de gens qui sortent malgré les consignes de confinement, le Panama et le Pérou ont instauré une nouvelle mesure : l’alternance femmes-hommes dans les déplacements, un jour sur deux. 

Article rédigé par franceinfo - Nadine Epstain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Des femmes portant des masques dans une épicerie de Lima (Pérou), le 2 avril 2020. (CRIS BOURONCLE / AFP)

En ce début de mois d'avril, près de 4 milliards d’êtres humains, la moitié de la population mondiale, vit en confinement en raison de la pandémie de Covid-19. Mais, le "restez chez vous" est à géométrie variable. En Amérique centrale, le Panama, et en Amérique du sud, le Pérou, sont les deux seuls pays au monde jusqu'à présent à alterner les autorisations des jours de sorties. Les lundi, mercredi, et vendredi, ce sont les femmes qui sont autorisées à se rendre aux supermarchés ou à la pharmacie. Les hommes prennent le relais les trois autres jours : mardi, jeudi et samedi. Et dimanche, personne ne circule.

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Des amendes et des peines de prison

Au Panama, toute personne contrevenant aux consignes de confinement risque une "multa", une sévère amende pécuniaire, mais aussi une garde à vue et un emprisonnement de 6 à 15 mois pour atteinte à la sécurité nationale de la santé du pays. Chaque jour, 150 personnes sont arrêtées pour avoir enfreint les règles de la quarantaine dans ce petit pays de moins de cinq millions d’habitants. "Avant l’instauration de l’alternance des jours de sorties, tout le monde pouvait se déplacer quotidiennement à l’heure indiquée par le dernier chiffre de la carte d’identité", explique Patrick Lacotte, un franco-panaméen vivant à Panama-city, la capitale. "Par exemple, j’ai un 4 donc c'est à 16h que je pouvais aller faire mes achats dans les supermarchés, les magasins d’alimentation, les épiceries et les pharmacies. Mais beaucoup de gens ne respectaient pas ces horaires et trop de personnes se retrouvaient dehors en même temps. Alors, pour réduire le nombre de déplacements, et contrôler plus facilement, les autorités ont décidé par simplicité que les femmes et les hommes sortiraient à tout de rôle chaque deux jours", relate Patrick Lacotte.

Des contrôles dans les supermarchés

Latino rime avec macho mais les LGBT, un peu inquiets, se sont moqués sur les réseaux sociaux de l’alternance des genres. Ainsi, un transexuel se demande comment faire puisque sur sa carte d’identité, il est un homme. "Nous attendons le pic de l’épidemie pour la semaine prochaine, et donc je pense que tout le monde va faire des effortsDès hier, j’ai vu  des changements", raconte Patrick Lacotte. "Les entreprises d’alimentation et les supermarchés ont aussi mis en place des contrôles pour les employés et les clients, prise de température, tapis aseptisant les chaussures  à l’entrée des magasins." 

Au Panama comme ailleurs, ce sont les personnes obligées d’aller travailler et de se déplacer en transports publics, qui sont les plus exposées aux difficultés du confinement. Après une intervention de la police dans un quartier populaire où un supermarché avait été vandalisé, les autorités ont promis une série d’aides en faveur des classes les plus fragiles.

Les policiers péruviens autorisés à tirer

Le président péruvien Martin Vizcarra a adopté la même méthode pour maintenir chez eux les 32 millions de Péruviennes et de Péruviens. Il a lui aussi réglementé la quarantaine pour tous sous peine de sanctions. Les militaires et les policiers patrouillent. Ils ont été autorisés à tuer ou blesser "par légitime défense". "Le personnel des forces armées et de la police nationale du Pérou est exempté de toute responsabilité pénale dans l’exercice des fonctions constitutionnelles qui de manière réglementaire, provoque des blessures ou la mort du contrevenant", décrète la loi publiée. Et le ministre péruvien de la Défense d’ajouter que "les militaires allaient faire usage du principe de la légitime défense, en cas de 'danger'"

Cette décision va rappeler de mauvais souvenirs aux Péruviens qui ont connu les années noires de 1980 à 2000. Les massacres du mouvement révolutionnaire le "Sentier lumineux" et les exactions de l’armée péruvienne. Vingt ans de guerre qui ont tué 70 000 personnes et laissé des milliers de familles de victimes sans trace de leurs proches. L’isolement obligatoire et le couvre-feu ont été prolongés jusqu’au 12 avril. Depuis leur application, le 16 mars, plus de 26 000 personnes ont transgressé les règles affirment les autorités péruviennes.

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