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Covid-19 : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni... Comment nos voisins européens renforcent leurs mesures sanitaires contre l'épidémie

La France n'est pas le seul pays d'Europe à mettre en place de nouvelles restrictions pour endiguer la circulation du coronavirus, tout en ménageant tant bien que mal l'activité économique.

Article rédigé par franceinfo
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Un homme équipé d'un masque dans les rues de Nottingham (Royaume-Uni), le 9 octobre 2020. (OLI SCARFF / AFP)

La France durcit localement les règles pour tenter de contenir l'épidémie de Covid-19. Samedi 10 octobre, les villes de Lyon, Grenoble, Saint-Etienne et Lille ont été placées en zone d'alerte maximale, synonyme de nouvelles restrictions, comme c'est déjà le cas à Paris et Aix-Marseille.

Mais la France n'est pas le seul pays européen à renforcer ses exigences sanitaires. Voici un tour d'horizon des principales mesures récemment annoncées chez nos voisins. L'occasion de vérifier qu'il y a "autant de protocoles différents que de pays différents", comme le souligne sur franceinfo Anne Sénéquier, codirectrice de l'Observatoire de la santé à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). En Europe, continent qui recense plus de 6,2 millions de cas de Covid-19 et près de 240 000 morts, "il nous manque ce fil d'Ariane commun qui permettrait d'être cohérents et coordonnés", selon elle.

En Allemagne, bars clos dans de grandes villes

A Berlin, les bars et restaurants doivent depuis samedi soir fermer leurs portes entre 23 heures et 6 heures, une tranche horaire qui voit habituellement déambuler chaque week-end des dizaines de milliers de personnes dans la capitale, où de nombreux bars restent ouverts toute la nuit. Ce couvre-feu, qui concerne tous les magasins, sauf les pharmacies et les stations-service, sera en place au moins jusqu'au 31 octobre. La vente d'alcool dans les stations-service sera également prohibée. Enfin, les rassemblements en extérieur ne devront pas excéder cinq personnes pendant la nuit. Cette jauge reste fixée à 50 en journée.

Une serveuse dans un bar peu après le couvre-feu, à Berlin (Allemagne), le 10 octobre 2020. (ANNETTE RIEDL / DPA)

Cologne, dans la région la plus peuplée, la Rhénanie du Nord-Westphalie, a annoncé une mesure similaire à partir de 22 heures. La ville de Francfort avait pris les devants, vendredi soir, avec une fermeture des bars et des restaurants et l'interdiction de vente d'alcool entre entre 22 heures et 6 heures. L'association Initiative Gastronomie Frankfurt menace de déposer des recours contre une mesure de fermeture susceptible d'entraîner, selon elle, des rassemblements sauvages dans la rue.

La chancelière Angela Merkel a prévenu vendredi que de nouvelles restrictions seraient prises prochainement si les contaminations (plus de 4 000 nouveaux cas quotidiens, un record depuis avril) ne se stabilisaient pas dans les dix jours. La veille, son ministre de la Santé avait dit craindre une propagation "incontrôlée" dans son pays, jusqu'ici moins touché que ses voisins.

Espagne : bouclage partiel à Madrid

Madrid et neuf communes voisines font de nouveau l'objet d'un bouclage partiel, malgré l'opposition farouche du gouvernement régional de la capitale. Au total, quelque 4,5 millions d'habitants ne peuvent pas quitter leur ville, sauf pour aller travailler ou étudier, se rendre chez un médecin ou dans un tribunal, ainsi que pour une urgence humanitaire.

Des véhicules en attente lors d'un contrôle des documents par la police, le 9 octobre 2020 dans la région de Madrid (Espagne). (BURAK AKBULUT / ANADOLU AGENCY / AFP)

Ces derniers jours ont été marqués par un rebondissement judiciaire. Depuis le 2 octobre, et l'interdiction par décret de tous les déplacements non essentiels à destination ou depuis Madrid et ses environs, la police devait faire valider les amendes par la justice. Le Tribunal supérieur a refusé de le faire, jeudi, en rappelant que les régions étaient seules compétentes en matière de santé. Le Conseil des ministres a donc dû décréter vendredi un "état d'alerte", comme au printemps, afin d'obtenir autorité pour restreindre les mouvements.

Dimanche, deux régions espagnoles frontalières de la France, la Catalogne et la Navarre, ont également annoncé un renforcement de leurs restrictions face à une hausse du nombre de cas de Covid-19. En Navarre, les réunions seront dès mardi limitées à six personnes. Les bars et restaurants devront fermer à 22 heures et n'accueillir qu'un tiers de leur clientèle habituelle, a précisé la présidente de la région, Maria Chivite. Cinémas, théâtres et librairies de la région devront aussi réduire leur fréquentation à 30%, et les supermarchés à 40%, a-t-elle précisé. En Catalogne, qui compte 7,5 millions d'habitants, les entreprises doivent encourager leur personnel à faire du télétravail au cours des deux prochaines semaines. Les universités sont quant à elles priées d'éviter les cours en présentiel, également pendant 15 jours. 

Pologne : masque et créneaux pour les seniors

Le port du masque dans les espaces publics est désormais obligatoire dans toute la Pologne depuis samedi. Par ailleurs, à compter du 15 octobre, les personnes âgées de plus de 60 ans pourront faire leurs courses sans contact avec le reste de la population, des magasins leur étant réservés pendant deux heures chaque jour entre 10 heures et midi, a annoncé le Premier ministre polonais à la suite des hausses de contaminations sans précédent (5 300 nouveaux cas en 24 heures et 53 décès). Cette mesure spécifique avait déjà été mise en place au printemps. Plus largement, les seniors sont invités à se protéger et à rester chez eux.

Royaume-Uni : "la règle des six" en Angleterre

En Angleterre, les rassemblements de plus de six personnes sont interdits (en anglais) depuis la mi-septembre, contre 30 auparavant. Cette règle est appliquée dans tous les lieux – intérieurs et extérieurs – à l'exception des écoles, des espaces de travail, de mariages ou de funérailles. Une amende de 100 livres est délivrée aux contrevenants, et ce montant est doublé en cas de récidive. Des mesures locales ont déjà été mises en place dans plusieurs territoires comme le nord-est de l'Angleterre, Manchester (fermeture à partir de 22 heures pour les bars, restaurants, cinémas...) ou encore Leicester.

De nouvelles aides ont été dévoilées vendredi pour les entreprises forcées de rester fermées à cause des restrictions, dont les employés seront indemnisés à hauteur des deux tiers de leur salaire. Le Premier ministre, Boris Johnson, doit également dévoiler lundi un nouveau système reposant sur trois niveaux d'alerte en fonction de l'incidence du virus, afin de simplifier et clarifier les mesures prises localement. Dans les régions concernées par le niveau d'alerte le plus élevé, les pubs pourraient être contraints de fermer et les interactions sociales, limitées.

Chaque nation constitutive du Royaume-Uni décide de sa stratégie en matière de lutte contre le Covid-19. En Ecosse, les pubs et cafés de cinq régions, comprenant les deux villes principales de Glasgow et Edimbourg, ont fermé vendredi pour un peu plus de deux semaines, sur décision du gouvernement local.

Belgique : vers un couvre-feu nocturne ?

En Belgique, le Comité de concertation a décidé de renforcer les mesures sanitaires. Depuis vendredi, et pendant un mois, seuls trois contacts rapprochés sont permis chaque mois (personne sans masque à moins de 1,50 mètre) et le télétravail est fortement recommandé. Au maximum, quatre personnes sont tolérées lors d'un rassemblement privé à domicile. Les débits de boissons doivent fermer à 23 heures et une table ne peut accueillir plus de quatre personnes. Les cafés et les bars sont même totalement fermés depuis jeudi matin dans les 19 communes de Bruxelles, mais les restaurants peuvent rester ouverts.

Une terrasse fermée à Bruxelles (Belgique), le 8 octobre 2020. (DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / AFP)

La possibilité de mettre en place un couvre-feu à partir d'une heure du matin a fait l'objet de discussions en Wallonie, mais "aucune décision n'a été prise", commente Denis Mathen, gouverneur de la province de Namur, sur la RTBF. Les gouverneurs de province ont demandé un complément d'information au ministère de l'Intérieur avant de faire leur choix.

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