Cet article date de plus de quatre ans.

Covid-19 : "Certaines situations semblent directement liées à un manque de moyens", affirme un médecin après un rapport de la CGLPL sur un hôpital psychiatrique

Dans un établissement du Val-d'Oise, des patients se sont retrouvés enfermés dans leurs chambres alors qu'ils ne présentaient pas de suspicion de Covid-19. "C'est inacceptable et illégal", selon Pierre-Michel Llorca, chef de service psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un patient dans le couloir d'un hôpital psychiatrique, à Bondy (Seine-Saint-Denis). Photo d'illustration. (LOIC VENANCE / AFP)

"C'est inacceptable et illégal", a réagi, vendredi 19 juin sur franceinfo, Pierre-Michel Llorca, chef de service psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand après le rapport de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) sur des atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes hospitalisées dans un hôpital psychiatrique du Val-d’Oise durant la crise sanitaire due au Covid-19, notamment le recours à l'isolement thérapeutique. "Quand on lit le rapport, on voit bien que certaines situations semblent directement liées à un manque de moyens", a aussi estimé Pierre-Michel Llorca.

franceinfo : comment expliquer la situation constatée par la contrôleure des prisons dans son rapport ?

Pierre-Michel Llorca : dans son rapport, elle évoque précisément les fonctions de la psychiatrie. On demande aux psychiatres de soigner de plus en plus les gens dans la cité depuis longtemps. Il y a d’un côté ce fameux virage ambulatoire, qui est demandé à toutes les disciplines médicales, mais aussi d’un autre côté pour des raisons de pression sécuritaire de maintenir les gens enfermés. Enfermés parce qu'on a peur des malades qui sont stigmatisés, de leur dangerosité, etc. Et on voit bien que dans une situation comme celle du Covid-19, on vient sur une logique d'enfermement qui n'est effectivement pas justifiée d'un point de vue médical, ce qui est tout à fait inacceptable. C'est inacceptable et illégal. Il y a des conditions très précises pour priver les gens de liberté fixées par la loi.

Est-ce qu'en filigrane, il y a le manque de personnel et de moyens ?

Quand on lit le rapport, on voit bien que certaines situations semblent directement liées à un manque de moyens. Moins de personnel, moins de médecins qui peuvent donner un avis, qui doivent donner un avis sur l’éventuelle privation de liberté. Moins de personnel pour pouvoir surveiller l'état de santé des gens sans les enfermer. Ça, c'est la réalité des hôpitaux psychiatriques et forcément ça contribue à l'apparition de ce type de situation.

La psychiatrie aujourd'hui reste encore le parent pauvre de la médecine hospitalière ?

On a eu des évolutions depuis un an et demi avec la nomination d'un délégué ministériel pour la psychiatrie et la santé mentale. Mais malgré cela, les moyens restent à augmenter. Par exemple, à l'heure actuelle, il y a le Ségur de la santé et les spécificités de la psychiatrie ne sont pas spécifiquement traitées. Pourtant, la psychiatrie est une discipline qui est confrontée au fait que pratiquement plus de 10 millions de Français présenteront à un moment ou un autre dans sa vie une pathologie qui nécessitera des recours aux soins psychiatriques. Les maladies mentales sont des maladies comme les autres et nécessitent le même type d'attention.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.