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Covid-19 : "Il devient impossible d'appliquer les mesures minimales de prévention", alerte la contrôleuse générale des prisons

Dominique Simonnot alerte sur les dangers liés à la surpopulation carcérale en pleine épidémie de Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des gardiens de prison ferment une porte dans un couloir de la prison de la Sante à Paris, le 6 novembre 2020. Photo d'illustration. (BERTRAND GUAY / AFP)

"Dans les maisons d'arrêt, il devient impossible d'appliquer les mesures minimales de prévention" face à l'épidémie de Covid-19, a expliqué lundi 8 mars sur franceinfo Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. Elle signe dans le journal Le Monde une tribune pour alerter sur les dangers liés à la surpopulation carcérale en pleine épidémie. Dominique Simonnot a appelé à reprendre "les ordonnances du printemps qui avaient permis sans vague, sans heurt, et sans remontée de la délinquance particulière, la libération de quelques milliers de personnes".

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Alors que la France tente de faire face à la troisième vague de l'épidémie et accentue sa campagne de vaccination, les lieux de privation de libertés sont les grands oubliés de cette crise, selon Dominique Simonnot : "Les détenus âgés de plus de 75 ans ont été vaccinés, ils représentent 240 personnes. Pas les autres. Mais je m'inquiète surtout de la remontée des contaminations. Les directeurs de prisons sont aussi inquiets car elles sont bondées."

Reprendre "les ordonnances du printemps"

Les équipes de la contrôleuse générale des prisons ont visité plusieurs établissements pénitentiaires présentant des situations particulièrement inquiétantes : "Récemment, nos équipes ont visité trois établissements dans lesquels ils ont trouvé un dortoir avec trois lits superposés et trois ou quatre matelas au sol. Ils ont trouvé des cellules doublées ou triplées, et il n'y a plus de place pour faire un quartier isolé au cas où ces nouveaux détenus seraient positifs au coronavirus."

En raison de ces conditions de détentions, il devient impossible d'appliquer les "mesures minimales" de prévention, selon Dominique Simonnot : "L'équipe a visité une prison remplie à 172%. Il y en a qui atteignent 180 ou 200%. Pourquoi ne reprenons-nous pas les ordonnances du printemps qui avaient permis sans vague, sans heurt, sans remontée de la délinquance particulière, la libération de quelques milliers de personnes ? Avec 1 000 nouveaux prisonniers tous les mois, on retourne à la situation d'avant ces ordonnances." La contrôleuse générale des prisons a réclamé au gouvernement de reprendre ces ordonnances, mais n'a pas reçu de réponse positive à sa requête.

"Je ne comprends pas, parce que tous les professionnels, les directeurs de prisons, les associations qui luttent pour les droits des détenus, les syndicats de magistrats... Tout le monde partage mon avis."

Dominique Simonnot, contrôleuse générale des prisons

à franceinfo

"Tout est plus compliqué pendant cette épidémie", explique cette spécialiste des affaires judiciaires. "En prison les activités sont déjà assez restreintes, et là elles le sont encore plus. Imaginez passer 22 heures par jour en cellule avec trois, quatre, voire huit codétenus, c'est inhumain. La Cour de cassation et le Conseil constitutionnel ont demandé au gouvernement de légiférer avant le 1er mars [2021] pour offrir aux détenus un recours effectif afin d'évoquer ces situations indignes et obtenir leur libération."

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