Covid-19 : "J'étais terrifié" à bord du "Diamond Princess", dénonce un expert des maladies infectieuses japonais
A bord du navire de croisière, "il n'y pas de distinction entre les zones vertes (saines) et rouges (celles potentiellement infectées)", a prévenu mardi Kentaro Iwata.
Il dénonce une situation "totalement chaotique". Un spécialiste des maladies infectieuses japonais, monté à bord du paquebot Diamond Princess mardi 18 février, a fait grand bruit en critiquant frontalement la gestion de la crise du nouveau coronavirus par le Japon, dans des vidéos vues plusieurs centaines de milliers de fois.
Kentaro Iwata, professeur de la division des maladies infectieuses de l'université de Kobe (Japon), a dit avoir eu "peur" comme dans nul autre pays au cours de sa carrière, adressant une critique sans fard extrêmement rare en public au Japon dans les milieux officiels ou universitaires.
Le spécialiste a dû batailler pour obtenir l'autorisation des autorités de se rendre sur le navire de croisière, immobilisé près du port de Yokohama, au sud de Tokyo, en raison de nombreux cas de Covid-19 à bord. "Ce navire est totalement inapproprié au contrôle de propagation des infections. Il n'y pas de distinction entre les zones vertes (saines) et rouges (celles potentiellement infectées)", alerte Kentaro Iwata. "Le personnel peut circuler d'un endroit à l'autre, manger, téléphoner", relate-t-il.
J'ai été en Afrique pour traiter l'épidémie d'Ebola. J'ai été dans d'autres pays pour le choléra, en Chine en 2003 pour m'occuper du Sras (...) Jamais je n'ai eu peur d'être moi-même infecté. Mais à l'intérieur du 'Diamond Princess', j'ai eu peur (...) car il n'y avait aucune moyen de dire où se trouvait le virus.
Kentaro Iwata, spécialiste des maladies infectieuses
Le professeur s'est déclaré si inquiet qu'il s'est placé en quarantaine pour quatorze jours, afin de ne pas risquer de contaminer sa famille.
Plus de cinq cents cas à bord
Kentaro Iwata déplore également que la crise ait été initialement laissée aux mains de bureaucrates. "Dans le Diamond Princess, j'étais terrifié, car il n'y avait pas de spécialiste de la gestion des infections", assure-t-il. Sur les quelque 2 400 personnes testées sur le paquebot, 542 ont eu des tests positifs. Des fonctionnaires dépêchés sur place se sont ensuite avérés porteurs du virus.
Interrogé en conférence de presse sur ces critiques, le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a assuré que "depuis le 5 février, des mesures rigoureuses ont été prises pour prévenir la propagation de l'infection, notamment en portant des masques, en se lavant les mains et en utilisant un désinfectant".
Nous faisons de notre mieux.
Yoshihide Suga, porte-parole du gouvernement japonaislors d'une conférence de presse
Le ministre de la Santé japonais, Katsunobu Kato, a également rejeté la critique. "Des médecins experts qui font partie d'une équipe de prévention des infections surveillent l'intérieur du navire", a-t-il défendu en réponse à des parlementaires de l'opposition, assurant que les spécialistes qui conseillent le gouvernement jugent la situation "sous contrôle".
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