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Covid-19 : "L'augmentation des contaminations ne justifie pas la mise en œuvre de mesures nationales contraignantes", selon un épidémiologiste

"On peut maintenant anticiper les choses et essayer de convaincre en faveur de la vaccination", estime sur franceinfo Pilippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une patiente attend à l'extérieur d'une tente avant de subir un test antigénique, place de l'Opéra à Paris, le 31 mars 2021. (THOMAS COEX / AFP)

"L'augmentation des contaminations ne justifie pas la mise en œuvre de mesures nationales contraignantes", a assuré Philippe Amouyel, samedi 10 juillet sur franceinfo, alors que le variant Delta du Covid-19 est en passe de devenir majoritaire en France. À deux jours d'une nouvelle allocution d'Emmanuel Macron, l'épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille a plaidé pour l'extension du pass sanitaire aux "lieux de rencontre fermés, comme un restaurant, comme un bar, comme une salle de sport."

franceinfo : Le déconfinement est derrière nous et dans le même temps, les contaminations augmentent de nouveau. Près de 4 580 nouveaux cas ont été détectés ces dernières 24 heures en France, contre 2 683 il y a une semaine. N'est-on pas en train de revivre la situation de l'été dernier ?

Philippe Amouyel : On est en train de se retrouver dans la situation de l'été passé à une différence près, c'est qu'on a la vaccination aujourd'hui. L'été passé, on ne savait pas qu'on était dans cette dynamique de nouvelle vague épidémique. On le pressentait, mais on n'était pas encore sûrs. Maintenant, on connaît les scénarios. On peut suivre ce qui se passe au Royaume-Uni, qui a à peu près un mois et demi d'avance sur nous. On peut maintenant anticiper les choses et essayer de convaincre en faveur de la vaccination. Pour le moment, l'augmentation des contaminations ne justifie pas la mise en œuvre de mesures nationales contraignantes telles qu'on les a connues lors des vagues précédentes.

Que constate-t-on, justement, au Royaume-Uni à l'heure actuelle ?

Ce qu'on voit, c'est une montée extrêmement importante du nombre de cas. Ils [les Britanniques] ont dépassé les 20 000 cas quotidiens. Ils n'ont pas rajouté de nouvelles mesures barrières, mais ils ont à un taux de vaccination qui commence à friser les 60%, comme en Israël. On s'aperçoit que la montée dans les hôpitaux semble assez limitée, malgré cette vague. Or, vous savez que c'est cette saturation des hôpitaux qui crée l'encombrement et la crise sanitaire. Si on arrivait à ne pas aller jusqu'à 20 000 cas quotidiens – on peut l'espérer – en essayant de respecter encore un peu les mesures barrières, on pourrait peut-être avoir au final une "vaguelette", pas une vague comme celles qu'on a connu précédemment en France.

Les boîtes de nuit ont pu rouvrir comme prévu vendredi soir, avec pass sanitaire obligatoire et jauge de 75%. Ces garanties sont-elles suffisantes ?

Oui, je le pense. Il y aura toujours des petits resquilleurs au pass sanitaire, mais l'impact risque d'être relativement faible. Dans ces conditions, on devrait donc pouvoir faire la fête. Il ne me semble donc pas paradoxal de rouvrir les boîtes de nuit dans le contexte actuel. On pourrait d'ailleurs pouvoir étendre le pass sanitaire à d'autres lieux de rencontre de ce type-là, en particulier les lieux de rencontre fermés, comme un restaurant, un bar, une salle de sport. C'est quand même un enjeu important, parce que ça va permettre au moins de tenir et de ne pas mettre sous restrictions l'ensemble du pays.

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