Covid-19 : les variants représentent-ils un danger pour les animaux de compagnie ?
Les chats et chiens peuvent être contaminés par le variant identifié en Angleterre, tandis que les souris peuvent être infectées par les variants découverts en Afrique du Sud et au Brésil.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les animaux sont scrutés par les scientifiques. Possibles vecteurs de contagion et de mutation, plusieurs espèces ont fait les frais de l'épidémie, à l'instar des visons, touchés par la souche originelle du Sars-CoV-2 et abattus par millions au Danemark par mesure de précaution.
Les animaux de compagnie ont, eux, été jusqu'à présent peu touchés par l'épidémie : lors de la première vague, quelques chiens et chats contaminés par le coronavirus ont été recensés, mais ils étaient peu symptomatiques ou asymptomatiques. Un an plus tard, l'émergence de plusieurs variants, plus transmissibles, réveille les inquiétudes. En Corée du Sud, les chiens et chats fiévreux peuvent se faire tester depuis février dernier.
Les chats et chiens peuvent être contaminés par le variant B.1.1.7
Le 15 mars, des chercheurs américains ont annoncé (lien en anglais) avoir détecté pour la première fois le variant B.1.1.7 chez des animaux domestiques. Un chien et un chat ont été diagnostiqués positifs à ce variant initialement découvert en Angleterre. Les deux animaux ont été testés à la mi-février 2021 dans le comté de Brazos, au Texas, après que leur propriétaire a déclaré la maladie.
Le chat et le chien ne présentaient pas de signe manifeste du Covid-19 au moment de leur test et leur propriétaire a simplement rapporté qu'ils avaient éternué au cours des dernières semaines. Ils sont à présent en bonne santé, rapporte le site vétérinaire Agrilife (lien en anglais).
Ces tests ont été réalisés par le département vétérinaire de l'université A&M du Texas, qui a mis en place en 2020 une campagne (lien en anglais) pour inciter au dépistage des animaux domestiques, afin d'étudier la transmission du Sars-CoV-2 entre les espèces. Plus de 450 animaux vivant dans un foyer où au moins un cas de contamination avait été détecté ont ainsi été testés. Soixante d'entre eux se sont révélés positifs, mais seuls deux l'ont été au variant B.1.1.7.
Depuis le début de l'épidémie, les cas d'animaux domestiques positifs au Sars-CoV-2 sont peu nombreux et "les rares chiens et chats trouvés porteurs du virus dans le monde le sont restés peu de temps, et avec une charge virale très faible – pas de quoi contaminer un humain", rappelle une clinique vétérinaire gardoise sur son site.
Le risque de contaminer son animal de compagnie est donc bien plus élevé que l'inverse. C'est à ce titre que les vétérinaires invitent les propriétaires à prendre leurs précautions s'ils sont eux-mêmes positifs au virus, pour ne pas contaminer leurs animaux.
Des vétérinaires britanniques avancent l'hypothèse d'un risque cardiaque
Le variant B.1.1.7 pourrait avoir des répercussions médicales, notamment cardiaques, sur nos compagnons canins et félins, avance un article franco-britannique prépublié (lien en anglais) le 18 mars sur le site BioRxiv.
Cette étude, qui doit encore être revue par des pairs, pose la question de "manifestations cliniques atypiques" liées à ce variant chez les animaux. Des vétérinaires du service de cardiologie du Ralph Veterinary Referral Centre, au Royaume-Uni, ont observé entre décembre et février une augmentation importante de cas de myocardites, une inflammation du myocarde, chez les chiens et les chats reçus dans leur clinique ces derniers mois.
En trois mois, la fréquence des myocardites est passée en moyenne de 1,4% à 12,8%, avec une augmentation plus importante observée chez les chats. Dans le même laps de temps, le variant B.1.1.7 gagnait du terrain outre-Manche. Intrigués, les vétérinaires ont testé 11 animaux entre fin janvier et mi-février : trois étaient positifs à ce variant.
Pour autant, rien ne permet d'établir un lien de causalité entre cette contamination et le développement de myocardites. "C'est une hypothèse intéressante, mais rien ne prouve que le virus soit à l'origine de ces problèmes", rassure Scott Weese, professeur à l'école vétérinaire de l'université de Guelph (Canada), dans le magazine scientifique Science (en anglais). D'autant plus que ce constat n'est pas unanime : contactée par franceinfo, une clinique vétérinaire d'Ile-de-France, où le variant B.1.1.7 est prédominant, assure n'avoir observé aucune augmentation des myocardites.
Les souris peuvent être infectées par les variants détectés au Brésil et en Afrique du Sud
Une autre étude (lien en anglais) prépubliée le 18 mars par une équipe de l'Institut Pasteur fait, elle, part d'une autre préoccupation : les variants du Sars-CoV-2 pourraient avoir élargi leur panel d'hôtes. Des souris, qui n'étaient pas sensibles à la souche originelle du virus, se sont vu inoculer, en laboratoire, les variants B.1.1.7, B.1.351 (découvert en Afrique du Sud) et P.1 (identifié au Brésil).
Les scientifiques ont observé que les variants B.1.351 et P.1 provoquaient "une réplication virale à titre élevé dans les tissus pulmonaires" de ces animaux. "Ces résultats soulèvent des questions majeures sur le risque que des souris ou d'autres rongeurs, vivant à proximité de l'homme, puissent servir de réservoirs pour le Sars-CoV-2 dans des régions où circulent les variants sud-africain B.1.351 et brésilien P.1, ou d'autres variants", concluent les chercheurs. Bien que les souris et autres rongeurs domestiques soient relativement peu nombreux en France, leur contagiosité pourrait s'avérer plus dangereuse que celle, très limitée, des chiens et chats.
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