Covid-19 : ministère ou agences régionales de santé, qui décide des consignes à appliquer en France ?
Les décisions sont prises au ministère par le Centre de crise sanitaire, qui diffuse ses instructions à toutes les institutions concernées.
L'escarmouche entre les deux têtes de liste pour les municipales à Paris a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux. L'ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a affirmé sur Europe 1, lundi 24 février, n'avoir pas eu "de contact" avec Anne Hidalgo à propos de l'épidémie de coronavirus.
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La maire de Paris a répliqué en publiant une lettre prouvant qu'elle s'était renseignée, fin janvier, auprès du ministère de la Santé pour adopter des mesures préventives. Au-delà des joutes de campagne, qui donne en France les instructions pour circonscrire l'épidémie ?
1Les consignes viennent du ministère
La réponse est sans ambiguïté : toutes les consignes viennent du ministère de la Santé. Comme il l'explique sur son site, "lorsqu’une situation sanitaire, parfois exceptionnelle, exige une réponse coordonnée à l’échelle nationale, le Centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales (CORRUSS) du ministère chargé de la santé est mobilisé". Sa mission est "d'assurer 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 la réponse opérationnelle aux urgences sanitaires ayant un impact sur le territoire national".
Une organisation "adaptée et proportionnée à la situation" est ensuite déployée, selon l'urgence de la crise sanitaire. Comme l'épidémie de coronavirus est classée au niveau 3, le plus élevé, un "centre de crise sanitaire" a été activé, avec mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire réunissant une quarantaine de personnes. Mis en place à la fin janvier, ce "centre de crise" comporte "différents pôles qui sont mobilisés sept jours sur sept tant la situation est évolutive", explique-t-on au ministère de la Santé.
2La "cellule de crise" élabore les instructions
Cette cellule de crise centralise l'ensemble des informations sur l'épidémie, avec 12 cas confirmés en France pour l'instant. Puis, elle "élabore l’information aux professionnels de santé sur la conduite à tenir", selon le ministère de la Santé, avant de donner ses instructions aux agences régionales et aux professionnels de santé. Elle répond aussi aux institutions – mairies, collectivités territoriales, ministères – qui lui en font la demande.
Exemple d'instructions : la cellule a demandé aux voyageurs, adultes ou enfants, de retour de Chine continentale, Hong Kong, Macao, Singapour, Corée du Sud et de Lombardie et Vénétie (Italie), d'éviter pendant 14 jours de se rendre "au travail ou à l'école." A l'issue des vacances scolaires, la consigne a été répercutée par les rectorats à l'attention des élèves comme de leurs parents.
L'aéroport de Roissy avait distribué ces conseils, sous forme de dépliants aux voyageurs débarquant de Pékin ou de Shanghai, les invitant notamment à surveiller leur température pendant 14 jours. Dans un second temps, "nous avons élargi ces conseils aux voyageurs en provenance de Corée du Sud, de Lombardie ou de Vénétie", explique-t-on au ministère de la Santé. L'information est disponible sur le site du ministère des Affaires étrangères, qui recommande, "en cas de fièvre ou sensation de fièvre, toux, difficultés à respirer, de contacter rapidement le Samu centre 15" en signalant le voyage effectué.
3Les agences régionales de santé peuvent être chargées de missions locales
Mais les agences régionales de santé (ARS) ont également un rôle à jouer. La première mission qui leur est confiée est de déployer des unités de contrôle sanitaire aux frontières si besoin est. Ce qui s'est traduit, en Ile-de-France, par l'envoi de médecins à Roissy à l'arrivée des vols chinois, pour renseigner les passagers et leur transmettre les consignes (surveiller leur température, appeler le 15 en cas de fièvre...).
Seconde mission : rechercher "les cas contacts autour d'un cas confirmé". L'agence régionale de santé francilienne a ainsi dû recenser toutes les personnes qui sont entrées en contact avec les six cas avérés de malades en Ile-de-France.
Enfin, troisième mission, s'assurer que les établissements hospitaliers de la région ont la capacité d'accueillir un afflux de malades. Sur tout le territoire français, il y a désormais "108 établissements" où un patient atteint du coronavirus peut être pris en charge, contre 38 auparavant, précise-t-on au ministère de la Santé. En revanche, le "confinement" d'une ville ou d'un quartier, comme c'est le cas en Italie, n'est pas à l'ordre du jour.
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