Covid-19 : "on est très inquiets pour les patients en attente d'une greffe", alerte une association de malades
Une trentaine d'associations signent une tribune dans Le Monde pour appeler les pouvoirs publics à se soucier davantage des personnes atteintes de maladies graves dans la gestion de la pandémie.
Les malades qui risquent de développer une forme grave du Covid-19 sont négligés par la campagne de vaccination et mis en danger par la déprogrammation des opérations. Tel est le message de 27 associations de patients qui publient une tribune dans Le Monde mardi 6 avril. "On est très inquiets de ce défaut de prise en charge pour les patients qui sont en attente d'une greffe qui est un soin vital, je le rappelle", alerte sur franceinfo Magali Léo, responsable du pôle Plaidoyer à l’association Renaloo, association de patients et de proches agréés, maladies des reins, insuffisance rénale, dialyse, greffe.
franceinfo : Pourquoi dites-vous avoir été sacrifiés ?
Magali Léo : Nous pensons que les patients fragiles au regard de leur état de santé sont en effet sacrifiés ou tout au moins oubliés des stratégies de lutte contre le Covid-19. Il faut d'abord rappeler que si les associations de patients ne s'étaient pas mobilisées depuis le début de cette crise, sans doute, on n'aurait pas reconnu la priorité vaccinale pour les patients avec des risques, avec des comorbidités. Et aujourd'hui, on est encore dans un cas de figure où la vaccination prioritaire de ces personnes n'est pas terminée.
Tous n'ont pas pu être vaccinés ?
Tous n'ont pas pu être vaccinés à ce jour. D'ailleurs, le taux de vaccination de ces personnes fragiles au regard de leur état de santé n'est pas connu, à l'inverse du taux de vaccination des personnes de plus 75 ans, par exemple. Donc aujourd'hui, il est très difficile d'ailleurs de quantifier le pourcentage de ces patients prioritaires qui ne sont pas moins prioritaires que les plus de 75 ans qui eux sont vaccinés. Dans notre association, quand on fait des enquêtes, on s'aperçoit que le niveau d'adhésion à la vaccination est très fort parmi ces personnes qui se savent à risque, qui savent qu'elles encourent un risque mortel si elles contractent la maladie. Donc, il y a un vrai besoin d'accompagnement de ces personnes.
Il y a un besoin aussi au regard des risques de déprogrammation ?
Effectivement, il y a une perte de chance pour ces patients. Chez Renaloo, on représente des patients greffés, dialysés, et aujourd'hui, il y a un risque considérable qui pèse sur le maintien de l'activité de greffe rénale avec des suspensions d'activité.
Les patients sont très nombreux à témoigner de report de greffe, de report de rendez-vous et du coup d'une augmentation du délai d'attente avec de très fortes inégalités d'ailleurs entre les régions.
Magali Léoà franceinfo
Donc, on est très inquiets de ce défaut de prise en charge pour les patients qui sont en attente d'une greffe qui est un soin vital, je le rappelle, et qui aujourd'hui, selon le lieu où ils sont inscrits en attente, peuvent être exposés à des suspensions d'activité. C'est le cas dans plusieurs établissements où on a aujourd'hui interrompu, par exemple, la greffe à partir de donneurs vivants. Donc des patients qui sont en attente avec un risque de dégradation de leur état de santé, de maintien de ces personnes en dialyse, avec des risques pour leur qualité de vie, pour les chances de la greffe future. Donc oui, on pense qu'il y a un vrai enjeu et une vraie mobilisation citoyenne autour de la protection de ces personnes fragiles qui sont représentées par ces 27 associations signataires.
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