Covid-19 : "On n'est pas dans un comportement stalinien, il y a une certaine souplesse à garder", concernant les manifestations
Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon, a estimé sur franceinfo lundi qu'on est passés "à une autre phase qui est de freiner au maximum la diffusion du virus" mais qu'il faut "avoir une appréciation du risque qui doit être mesurée".
"On est passés d'un stade de frein d'entrée du virus en France à une autre phase qui est de freiner au maximum la diffusion du virus", a commenté lundi 2 mars sur franceinfo Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon et chercheur au Centre International de Recherche en Infectiologie, après les nouvelles mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la propagation du coronavirus Covid-19.
Il faut "avoir une appréciation du risque qui doit être mesurée, qui doit être légitime et qui surtout ne doit pas tomber dans l'excès". "On ne peut pas tout régenter, on n'est pas dans un comportement stalinien, il y a quand même une certaine souplesse à garder", a ajouté Bruno Lina au sujet de l'interdiction ou non de certaines manifestations. Il a aussi appelé au "comportement civique" des Français, malades ou non, dans cette crise.
franceinfo : Comment expliquer ces nouvelles mesures ?
Bruno Lina : On est passés d'un stade de frein d'entrée du virus en France, c'était toute la démarche qui était mise en œuvre jusqu'à présent. On voit qu'aujourd'hui, on passe sur une autre phase qui est de freiner au maximum la diffusion du virus. Pour cela, ça doit se faire de façon extrêmement organisée. C'est être capable d'identifier des situations très à risque qui, finalement, doivent vraiment être évitées au maximum et celles un petit peu moins à risque mais qui risquent d'avoir un coût sociétal trop important. Imaginez par exemple, qu'on décide de fermer toutes les écoles, ce serait inorganisable. Les conséquences seraient d'un point de vue citoyen, tout à fait impossibles à gérer. C'est vraiment d'avoir une appréciation du risque qui doit être mesurée, qui doit être légitime et qui surtout ne doit pas tomber dans l'excès, parce que si on est déjà dans l'excès maintenant qu'est-ce qu'on va faire après ?
Pourquoi les événements avec plus de 5 000 personnes sont annulés, mais pas les matchs de foot ?
On ne peut pas tout régenter, on n'est pas dans un comportement stalinien, il y a quand même une certaine souplesse à garder. Il faut bien comprendre que, dans les très grands rassemblements de 5 000 personnes dans des espaces confinés, c'est ça le mot qui est important : espace confiné. Quand vous avez une salle de spectacle où vous avez des gens qui sont tassés les uns contre les autres, debout les uns contre les autres, qui vont passer trois heures, quatre heures comme cela, si jamais vous avez une personne qui est contaminée, le risque de transmission peut-être extrêmement important. Dans une tribune de foot, on peut être serrés, mais on est à l'air. Le risque de transmission n'est pas du tout le même et il est inférieur.
Il y a les actions publiques, mais aussi les gestes de chacun ?
Chacun est libre d'avoir le comportement qu'il veut. On n'est pas en train de dire : il faut absolument que tout le monde aille voir les matchs de foot, il faut absolument que personne n'aille voir des spectacles. Tout ceci doit se faire dans un contexte où les mesures d'hygiène et les mesures barrières doivent aussi être présentes. Ça va être beaucoup plus par des actions individuelles autour des mesures d'hygiène des mains, éventuellement du port du masque quand on est malade. Et avoir le bon sens aussi, c'est le bon sens civique, de savoir que, quand on est malade, on s'astreint à ne pas aller dans ces réunions publiques. C'est vraiment ce que j'appelle le comportement civique.
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