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Déconfinement : Beaucoup de maires "se sentent démunis avec une lourde responsabilité et aucun moyen pour y faire face", alerte un élu de Seine-et-Marne

James Chéron, le maire UDI de Montereau, a décidé de rouvrir les écoles de sa commune le 11 mai mais sans les enseignants et uniquement pour les enfants dont les parents doivent aller travailler. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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A Montereau (Seine-et-Marne), seuls les enfants des personnes devant aller travailler pourront être accueillis dans les établissements scolaires.






 (JEAN-FRAN?OIS FREY / MAXPPP)

Face au déconfinement, beaucoup de maires "se sentent démunis avec une lourde responsabilité et aucun moyen pour y faire face", affirme James Chéron, le maire UDI de Montereau en Seine-et-Marne, au lendemain des mesures annoncées par le Premier ministre, Edouard Philippe. Pour lui, le gouvernement n’a pas été assez précis sur la réouverture des écoles. L'élu centriste a décidé de ne rouvrir les écoles de sa ville qu'en septembre.

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franceinfo : Comment vit votre ville après les annonces, quelles sont les inquiétudes ?

James Chéron : Il y a, à la fois, l'envie d'en finir avec un confinement qui est pénible, qui crée des perturbations. Je suis maire d'une commune où il y a beaucoup de logements collectifs, donc des familles nombreuses qui habitent dans des appartements parfois de petites dimensions. C'est évidemment beaucoup plus difficile de vivre un confinement dans ces conditions que lorsqu'on est dans une maison avec jardin. Mais il y a aussi la crainte que l'on ne sache pas encore tout. Il y a la crainte d'une deuxième vague, ce qui, par exemple, incite beaucoup de parents à indiquer d'ores et déjà qu'ils ne remettront pas les enfants à l'école. Il y a une ambiguïté. Il faut trouver peut-être des solutions adaptées à chacun des territoires, peut-être en fonction des populations, en fonction des craintes exprimées par les populations, et faire confiance aux maires. Je crois que le gouvernement l'a compris. En lien avec les préfets, il faut que l'Etat supervise l'ensemble pour avoir des solutions adaptées aux territoires. Il faudra aussi nous donner les moyens. On a eu une discussion avec les maires de la communauté de communes du Pays de Montereau il y a quelques jours, et beaucoup se sentent démunis avec une lourde responsabilité et aucun moyen pour y faire face.

Plus on confie de responsabilités aux élus locaux, plus il faut qu’on les accompagne pour mettre en œuvre toutes les mesures sanitaires qui conviennent.

James Chéron, maire UDI de Montereau

Pour le maire que vous êtes, dans une commune de 20 000 habitants, comment voyez-vous ce déconfinement dans moins de deux semaines et quelles sont les difficultés qui apparaissent immédiatement ?

L'enjeu, c'est de réussir, c'est à dire qu'il soit à la fois efficace dans sa dimension de reprise d'activité, mais aussi acceptable dans sa vision plus sociale. C'est-à-dire comment les habitants de notre pays, les habitants de nos communes, vont considérer qu'effectivement, ce n'est pas leur vie qui est mise en danger en rouvrant l'activité à une vie plus normale. Il y a un sujet qui revient ces derniers jours sur la table, et le gouvernement a dit que les élus locaux, les maires en particulier, seraient en première ligne aux côtés des préfets, c'est la question des écoles. Sur les collectivités, les communes, les départements, ce sujet est particulièrement important puisque nous avons la responsabilité des établissements scolaires. Les communes ont la responsabilité des écoles maternelles et élémentaires. La grande question pour chacun des maires - nous sommes 35 000 en France - c’est : est-ce qu'on rouvre et dans quelles conditions on rouvre ? Je suis en train de travailler à un plan communal qui permette d'atteindre les deux objectifs qui sont, à la fois, la continuité pédagogique pour les élèves et la reprise de l'activité économique. Je dois vous avouer que ce plan communal sera peut-être un tout petit peu différent de ce qui était envisagé par le gouvernement et proposé par le Premier ministre. Montereau étant une ville populaire, il y a un grand risque si on ouvre les écoles, si les enseignants sont devant leur classe dans les écoles, de discontinuité pédagogique avec d'ores et déjà beaucoup de familles dans ma commune qui ont indiqué qu'elles ne remettraient pas leurs enfants à l'école. Si l'enseignant est à l'école devant une demi-classe ou un tiers de classe, il ne pourra plus suivre à distance les autres élèves. Moi, ce que je vais proposer à l'autorité préfectorale, c'est de continuer 100% d'accompagnement pédagogique à distance par les enseignants pour tous les élèves. Nous ouvrirons les écoles, sans les enseignants, uniquement pour les enfants dont les parents doivent aller travailler, qui n'ont pas d'autres solutions de garde. C'est sous l'encadrement du service jeunesse et des ATSEM, des intervenants habituels du soutien scolaire que les enfants seront accueillis dans les écoles, non pas pour être avec leurs enseignants. Les enseignants seront, je l'espère en tout cas, en distanciel avec tous leurs élèves pour qu'il n'y ait pas de discontinuité pédagogique. Avec cette solution, ça permet aux parents d'aller travailler quand même.

A la fois on dit qu’il y en aura pour tout le monde et puis, on a un peu aussi l'impression que c'est "débrouillez-vous".

James Chéron

Comment voyez-vous l’approvisionnement en masques à l'échelle de votre commune ?

 Il y a des annonces qui sont faites sur des chiffres qui ne correspondent pas exactement aux besoins de la population. À Montereau, nous avons essayé de prendre les devants et depuis plusieurs semaines maintenant, nous avons fait appel à des volontaires bénévoles sur la commune. Nous avons ouvert un atelier éphémère qui produit chaque jour plus de 500 masques que nous avons commencé à distribuer, des masques alternatifs sur un modèle agréé par l'Afnor. Les collectivités se mobilisent, le conseil départemental de Seine-et-Marne, notre département, s'est engagé à fournir à chacun des habitants du département deux masques alternatifs. La région Île-de-France s'est particulièrement engagée, notamment sur la question des masques dans les transports, puisque Valérie Pécresse a demandé à ce que le port du masque soit obligatoire. Nous avons ce matin, dans la plupart des gares d'Île-de-France, distribué des premiers masques. Ce sont des masques chirurgicaux qu'on utilise une seule fois. Nous en avons distribué 10 à chacun des usagers en attendant d'avoir les masques qui seront fournis par Île-de-France Mobilités, à savoir un masque pour chacun des abonnés au passe Navigo.

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