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En Grèce, les ONG tentent d'alerter l'Europe sur la situation des camps de migrants face au coronavirus

Le camp de migrants de Ritsona, à 80 km au nord d'Athènes, a été placé en quarantaine, après la découverte de 21 cas de Covid-19 parmi les demandeurs d'asile. Mais c'est à Moria, sur l'île de Lesbos, que les inquiétudes sont les plus vives.

Article rédigé par franceinfo, Angélique Kourounis - Edité par Théo Hetsch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
De jeunes garçons arrivés de la Turquie ont rejoint l'île grecque de Lesbos, comme des milliers de migrants. (EUROKINISSI / MAXPPP)

Le porte-parole du gouvernement grec dénonce une véritable "bombe sanitaire". Après la découverte de premiers cas de coronavirus dans un camp de migrants, à Ritsona, au nord d'Athènes, tous les regards se tournent vers celui de Moria, sur l'île de Lesbos. Ce camp est en effet le plus important d'Europe : 19 000 migrants tentent de s'y organiser face au coronavirus.

Car pour le moment, les seules initiatives que le gouvernement grec a pris sont des mesures coercitives. En revanche, en matière de prévention ou de règles sanitaires, les demandeurs d’asile doivent se débrouiller eux-mêmes. "Tout le monde utilise les mêmes installations. En une heure, une centaine de personnes a touché la même poignée de porte", déplore Nassir, un réfugié syrien. "Et puis il n’y a pas de savon, pas de désinfectant et personne n’utilise des masques dans le camps."

Un point d'eau pour 1 500 personnes

Face à cette situation, les ONG tentent d'agir, notamment pour améliorer l'accès à l'eau, qui constitue le principal problème (et le principal frein à l'application des mesures d'hygiène de base, comme le lavage des mains). "Actuellement il y a 1 point d’eau pour 1 500 personnes, souvent sans savon, comment voulez-vous qu’ils se lavent les mains ?", s'interroge Mihalis Aivaliotis, de l’organisation ’Stand by Lesvos’, qui essaye d’y remédier. "On a fondé un groupe de travail qui fabrique des masques à la main, et nous voulons installer des points d’eau un peu partout."

La mairie de Lesbos lance également des initiatives, car elle redoute la même chose que les ONG, que l’épidémie éclate dans le camp. "Je ne veux même pas y penser. Les capacités de l’hôpital ici sont limitées. C’est un hôpital de province, qui ne pourra pas faire face à une telle crise, ses limites seraient vite atteintes", craint le maire de Lesbos, Stratis Kitelis.

L'Europe accusée de "fermer les yeux"

Pour l'instant, seule la population grecque de Lesbos est touchée, avec un décès dimanche dernier et quatre cas positifs. Mais ce n’est qu’une question de temps avant que Moria soit touché. "Si le Covid-19 entre dans ce camp il y a très très peu qu’on puisse encore faire pour sauver les gens. On va avoir une catastrophe. Une catastrophe annoncée et pour laquelle les gens ferment les yeux", dénonce Peter Casaer, porte parole de Médecins sans Frontières. "Quand l’Europe décide de coincer ces gens sur les îles grecques il ne faut pas aujourd’hui dire : 'Ce n’est pas notre problème' et fermer les yeux. Parce que c’est honteux. Et c’est même criminel."

121 ONG et plusieurs médecins européens ont adressé une lettre ouverte et une pétition au gouvernement grec pour réclamer l’évacuation totale et immédiate des camps de réfugiés sur toutes les îles grecques. Mais pour l’instant, le gouvernement conservateur au pouvoir ne veut pas en entendre parler.

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