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#EtAprès Financer le monde de demain plutôt que sauver le monde d'hier

Pour refonder l'économie d'après la crise du coronavirus, les recettes du passé ne suffiront pas. Arnaud Marion plaide pour la création de treize fonds experts territoriaux, un par région, pour favoriser les entreprises les plus agiles et les plus vertueuses.

Article rédigé par franceinfo
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Parking d'un centre comercial à Bordeaux, le 4 avril 2020. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Coronavirus : et après ? franceinfo ouvre le débat. Un échange à grande échelle pour stimuler et partager des questions, des idées, des témoignages et ouvrir le débat le plus largement possible sur les solutions de demain : #EtAprès, qu’est-ce qui doit changer ? Cette contribution est signée par Arnaud Marion, CEO de Marion & Partners, et fondateur de l’IHEGC (Institut des hautes études en gestion de crise), expert en gestion des crises et des transformations.


#EtAprès. Endetter les entreprises pour leur permettre de passer la crise est le révélateur de la destruction de valeur subie par notre économie, et en particulier par les entreprises. Ces prêts mis en place ne financeront ni croissance ni transformation ni création de valeur, ce qui met en péril la possibilité pour les entreprises de les rembourser. Les entreprises les moins agiles ne pourront pas faire face à la course de vitesse qui va s’engager. Les entreprises déjà fragiles, ou peu solides, seront indéniablement davantage affaiblies.

C’est pourquoi il faudrait créer treize fonds experts territoriaux, un par région, sur le modèle des holdings d’investissement, pour :

• Être un acteur économique central au niveau de chaque région, indépendant du pouvoir politique, expert de son territoire, cherchant à allier actions efficaces et externalités positives, susceptible de coordonner les actions privées et publiques, avec une logique de co-investissement avec le tissu industriel et financier français ;

• Être un acteur de long terme, à même d’intervenir de façon structurante, offensive et positive et pas simplement de façon défensive en cas de difficultés des entreprises ;

• Être un centre de compétences et un accompagnement technique avec des experts de la restructuration et de la transformation sur le plan industriel, financier, juridique, mais aussi du développement commercial, de l’expérience utilisateur, du "design thinking", de la technologie, du digital et de l’innovation en général ;

• Reprendre les dettes bancaires (garanties par l’État) apportées au cours de la crise du Covid-19, pour les convertir en fonds propres dans les entreprises ;

• Reprendre des entreprises, (co-)investir en majoritaire ou minoritaire, apporter fonds propres et financement pour soutenir les plans de développement et de transformation.

Un futur plus juste, des entreprises plus agiles

L’enjeu est triple pour les entreprises :

• Les consolider pour les faire grandir et leur donner une taille critique, y compris de façon interrégionale en lien avec les autres fonds experts ou d’autres acteurs pour doubler le nombre d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) en France dans les cinq ans à venir ;

• Favoriser leur transformation pour développer des modèles économiques modernes, innovants, pérennes, compétitifs à l’échelle internationale, avec une chaîne de valeur cohérente ;

• Soutenir uniquement des entreprises vertueuses en matière de climat, de biodiversité de gouvernance, de dialogue social, de partage de la valeur, d’égalité hommes femmes, de diversité, etc. et conditionner tous les soutiens de ces fonds experts à cet engagement.

Europe, État, régions, banques, mutuelles, compagnies d’assurances, family offices, entreprises devront en être les souscripteurs.

Les entreprises transformées et responsables résistent mieux à la crise. Bâtir un futur plus juste et des entreprises plus agiles nous oblige à financer le monde de demain qui reste encore à imaginer et à façonner, plutôt que de s’entêter à sauver le monde d’hier.

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