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#EtAprès Quelle sera l'application de demain pour lutter contre le Covid-19 ?

Les outils numériques ont un rôle à jouer dans la lutte contre l'épidémie. Comment, pour quelle utilisation, à quelles conditions ? Le point avec Mathis Cohen et Simon Matet, du think tank Terra Nova. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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QR Code sur un smartphone (illustration) (YANN CASTANIER/HANS LUCAS/AFP)

Coronavirus : et après ? franceinfo ouvre le débat. Un échange à grande échelle pour stimuler et partager des questions, des idées, des témoignages et ouvrir le débat le plus largement possible sur les solutions de demain : #EtAprès, qu’est-ce qui doit changer ? Cette contribution de Terra Nova est signée par Mathis Cohen, coordinateur du pôle numérique et Simon Matet, coordinateur du pôle data.


 

La crise sanitaire actuelle pose la question inédite de l’usage du numérique comme outil de santé publique. Utilisés dans un plan global, avec les masques et les tests nécessaires, les outils numériques peuvent changer le cours de l’épidémie. Mais en quoi le numérique peut-il aider une politique sanitaire ? On peut distinguer trois utilisations :

L’analyse qui vise à modéliser l’avancée de l’épidémie. Cette crise a vu un partage de données sans précédent entre entreprises, comme les opérateurs mobiles, et institutions pour éclairer la décision publique.

L’information destinée aux individus, à l’auto-évaluation de la maladie et à l’isolement volontaire. Ces dispositifs sont variés, du questionnaire en ligne pour orienter le patient au traçage pour suivre ses interactions et s’isoler en cas de contacts à risques. 

Le contrôle, pour automatiser une surveillance individuelle et des restrictions jusqu’alors imposées manuellement. A côté du recours massif aux données personnelles, très développé en Chine par exemple, d’autres modèles de contrôle de la quarantaine moins invasifs existent.  

Cette typologie est cruciale pour comprendre de quels dispositifs on parle dans le cadre du déconfinement. Ainsi, les dispositifs d’analyse et de modélisation sont déjà en place et vont continuer à être largement utilisés et améliorés. On peut imaginer que demain nous serons en mesure de suivre l’évolution de l’épidémie à l’échelle d’un quartier. Il sera alors possible de mettre en place des actions ciblées pour limiter le rebond avec des tests systématiques et un confinement local. 

Les dispositifs d’information et de surveillance soulèvent plus de questions

C’est le cas de l’application de suivi des contacts évoqué par le gouvernement. Pour prévenir toute dérive de la surveillance, on peut concevoir des dispositifs de suivi de contacts anonymes, n’utilisant pas les données de géolocalisation, reposant sur le volontariat et stockant les données sur l’appareil de l’utilisateur.   

C’est une condition sine qua non du succès de ces applications qui nécessitent une très large adoption pour être efficaces. À l’heure actuelle il faudrait que 60% de la population l’utilise pour voir un effet complet. Cependant, nous estimons qu’une participation de 25% pourrait déjà diviser par deux le nombre de contaminations.   Heureusement, la CNIL veille à la protection des données personnelles. Les Assemblées débattront également de cette question.

Mais le traitement des données personnelles n’est pas le seul critère pour s’assurer d’une recommandation de confinement équitable, juste et proportionnée. Ainsi l'utilisation d'un serveur centralisé ou d'un réseau décentralisé n'a pas la même implication pour la protection de la vie privée de l'utilisateur même si le traitement des données personnelles reste le même. C’est pourquoi nous appelons à la création d’une nouvelle autorité indépendante visant plus généralement à encadrer et contrôler les applications et algorithmes publics.

 >> Aller plus loin : Quelle réponse numérique à la crise du Covid-19 ? Terra Nova, 4 avril 2020

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