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Fermeture des bars et restaurants : "Il fallait prendre une décision de serrage de vis", réagit le médecin Bruno Mégarbane

Le chef du service de réanimation de l'hôpital Lariboisière à Paris estime que les nouvelles restrictions annoncées par le gouvernement sont les bonnes et l'assure : les choses s'aggravent, mais les hôpitaux ne connaissent pas un pic semblable à celui du printemps. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Service de réanimation de l'hôpital de la Timone de Marseille (photo d'illustration). (SPEICH FREDERIC / MAXPPP)

Le médecin Bruno Mégarbane, chef du service réanimation de l'hôpital Lariboisière à Paris, salue jeudi 24 septembre sur franceinfo les mesures sanitaires annoncées la veille par le ministre de la Santé, notamment la fermeture totale des bars et restaurants à Aix-Marseille et en Guadeloupe, à partir de samedi 26 septembre.

franceinfo : Est-ce le bon choix qui a été retenu par le gouvernement ?

Bruno Mégarbane : Tout à fait, effectivement. La caractéristique de cette épidémie, c'est sa spécificité territoriale. Les taux d'incidence de la circulation du virus varient entre un département et un autre, voire même entre une ville et une autre du même département. Il était donc absolument indispensable de fixer les mesures adaptées à la situation épidémiologique locale. Malheureusement, on en était arrivé à un niveau où il fallait prendre une décision de serrage de vis, comme on le dit. Effectivement, on voyait une accélération importante de la circulation du virus et surtout une arrivée désormais remarquable de patients aux urgences et en réanimation, avec dans beaucoup d'endroits, une pré-saturation du nombre de lits qui avaient été réservés aux patients infectés par la Covid-19.

Est-ce déjà le cas chez vous, à l'hôpital Lariboisière?

Tout à fait. Nous avions fixé 12 lits de réanimation pour les patients infectés par le Covid-19. Et donc aujourd'hui, ces lits sont tous occupés. On voit bien qu'effectivement, les choses progressent et le risque, c'est de devoir interrompre certaines activités programmées, notamment chirurgicales, pour pouvoir prendre en charge la totalité des patients.

On en est aujourd'hui à un peu moins d'un millier de patients soignés en réanimation sur l'ensemble du territoire français. On était à 7 000 au plus fort de l'épidémie en mars. Entendez-vous cet argument dans l'opinion qui dit : "On se fait un peu peur pour rien" ?

Le problème, c'est que la croissance du rythme d'entrée en réanimation peut devenir rapidement exponentielle. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. L'augmentation des patients se fait de façon lente, mais certaine, contrairement au premier pic épidémique où l'augmentation s'est faite de façon exponentielle et avait surpris tout le monde. La digue hospitalière a failli céder devant cette vague de patients. Aujourd'hui, c'est une marée qui monte doucement, mais sûrement, il n'y a plus aucun doute sur le fait que les choses s'aggravent. Mais heureusement pour nous, ce n'est pas le tsunami que l'on a connu lors du premier pic épidémique.

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