Fin du masque dans les transports : "On a un peu de marge pour éviter une reprise" de l'épidémie de Covid-19, explique l'épidémiologiste
Quant à la fin de l'épidémie, Pascal Crepey signale que "tant qu'on n'aura pas un traitement très efficace, on aura toujours cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et a minima, ce risque saisonnier".
La saison étant moins propice aux transmissions du virus, "ça fait partie des moments propices pour relâcher un certain nombre de mesures parce qu’on a un peu de marge pour éviter une reprise", admet lundi 16 mai sur franceinfo, Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et en biostatistique à l’École des Hautes Études de Santé publique, à Rennes. L'épidémie de Covid-19 continue de reculer en France avec 32 000 nouveaux cas par jour enregistrés en moyenne ces derniers jours. L'une des principales restrictions sanitaires disparaît lundi avec la fin de l'obligation du port du masque dans les transports. "L'important, c'est que l'on puisse changer de décision en fonction de l'évolution de ce contexte" épidémiologique et "si d'autres variants arrivent sur le territoire, il faudra peut-être réfléchir à serrer un peu la vis."
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franceinfo : Est-ce le bon moment d'enlever le masque dans les transports ?
Pascal Crépey : Aujourd'hui, avec le niveau d'immunité qu'on a atteint dans la population, le fait que la saison soit moins propice aux transmissions et tous les gestes barrières que les gens continuent de faire, on arrive à avoir un contrôle sur l'épidémie avec un nombre de reproductions très inférieur à 1. Cela fait partie des moments qui sont plutôt propices pour relâcher un certain nombre de mesures, parce qu'on a un peu de marge pour éviter une reprise épidémique.
D'autant plus que le gouvernement n'impose pas de retirer le masque dans les transports. L'idée, c'est que cette décision qui était collective, de tous porter le masque dans les transports, devienne une décision individuelle et que chacun continue de porter le masque en fonction de ce qu'il aura appris pendant ces deux ans de pandémie où on demande aux gens d'apprendre à vivre avec le virus. L'enjeu reste de continuer de ne pas s'infecter.
Pourtant en Allemagne, en Espagne et en Italie, le masque reste obligatoire dans les transports. Pourquoi la France prend-elle cette mesure alors que la situation sanitaire est comparable ?
Les décisions qui sont prises localement se basent à la fois sur le contexte politique, le contexte social et culturel du pays. Et même parfois, les mêmes décisions prises à deux endroits différents vont avoir des effets différents parce que les gens ne vont pas les suivre de la même façon. Il ne faut pas être forcément choqué du fait que les décisions ne sont pas les mêmes. L'important, c'est que les décisions soient prises en fonction du contexte épidémiologique et surtout, que l'on puisse changer de décision en fonction de l'évolution de ce contexte. Effectivement, lorsqu’éventuellement, d'autres variants arriveront sur le territoire, il faudra peut-être réfléchir à serrer de nouveau la vis.
Les personnes les plus fragiles ont critiqué cette mesure et certains ne veulent plus prendre les transports. Vous les comprenez ?
Tout à fait. C'est peut-être l'angle mort de cette mesure qui vise à redonner à tous un peu plus de liberté. Mais gagner en liberté impose aussi un certain nombre de responsabilités et notamment quand on est avec des personnes qui sont à risque, s'il y a un fort risque d'être infecté parce qu'il y a beaucoup de monde, parce que les endroits sont mal aérés. Il faut être responsable et garder son masque.
"Le ‘vivre avec le virus’, c'est adapter son comportement, moduler ce risque d'être infecté ou d'infecter les autres."
Pascal Crépey,, épidémiologisteà franceinfo
Quand en aura-t-on terminé avec ce virus ?
Il est toujours très difficile de faire des prédictions. Mais ce qui est certain, c'est que tant qu'on n'aura pas un traitement très efficace qui fera en sorte que même les gens infectés pourront être soignés et éviteront de façon systématique de faire des formes graves, malheureusement, on aura toujours cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et a minima, ce risque saisonnier pendant la période automnale ou hivernale de reprise épidémique avec une charge hospitalière importante.
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