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Coronavirus : une pharmacie au cœur de Paris produit son propre gel hydroalcoolique à ciel ouvert pour pallier la pénurie

Dans le 6e arrondissement de Paris, une pharmacie produit son propre gel hydroalcoolique pour pouvoir répondre à la demande très forte, en pleine épidémie de coronavirus.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La pharmacie Depech, dans le 6e arrondissement de Paris, a entreposé son matériel pour fabriquer du gel hydroalcoolique dans la rue, le 31 mars 2020. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Face à la pénurie de gel hydroalcoolique pendant cette épidémie de coronavirus, de nombreuses pharmacies s’organisent et fabriquent elles-mêmes cette solution désinfectante. C’est la cas de la pharmacie Delpech, dans le 6e arrondissement à Paris, qui en produit chaque jour 10 000 litres avec l’autorisation de la mairie et de la préfecture.

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Un laboratoire à ciel ouvert a été monté en pleine rue. Il y a des dizaines de grands barils bleus sur les trottoirs. Un peu plus loin, un camion est garé. A l’arrière, Mylène prépare la solution hydroalcoolique, dont elle connaît évidemment par coeur la formule : "De l’alcool, de la glycérine, de l’eau et de l’au oxygénée, c’est la seule formule que l’on peut faire. La seule qui est efficace et qui a été validé par l’OMS", explique-t-elle.

Du gel dans des cubis de vin

Derrière Mylène, deux autres employés stockent le gel dans des contenants un peu particuliers. "Ce sont des cubis de vin que l’on a recyclés parce qu’il n’y avait plus rien d’autre, c’est système D", raconte Mylène. Ces cubis de 5 litres sont distribués de l’autre de côté de la rue, dans un local transformé en officine.

Des employés de la pharmacie Delpech, dans le 6e arrondissement de Paris, fabrique du gel hydroalcoolique et utilise des cubis de vin, le 31 mars 2020. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Derrière un des deux comptoirs, il y a Rachida, préparatrice en pharmacie. Elle ne compte plus les clients qui défilent chaque jour. "Je vais dire une centaine par jour, indique la préparatrice en pharmacie. Tout le monde vient, du secteur du bâtiment à la gendarmerie. 

Au début, on avait des pharmaciens mais maintenant, on a des entreprises, des Ehpad, des boulangeries, des boucheries...

Rachida, préparatrice en pharmacie

à franceinfo

"Il y en a qui ne prennent que pour leur pharmacie donc ça va être de 5 à 10 litres ou même 25, décrit Rachida, et il y en a c’est pour toute une entreprise, donc ça va aller jusqu’à 100 à 150 litres, voire même plus !"

Les services de secours privilégiés

Dans la file d’attente sur le trottoir, il y a une dizaine de personnes, dont Jean-François, deux grands sacs dans les mains : "J’ai trois bidons de 15 litres au total et je vais essayer de m’approvisionner, je ne sais pas comment ça fonctionne", nous dit-il. Il est venu de l'Essonne où son épouse tient une pharmacie. "Tous les jours on nous en demande mais on n'en a pas", explique Jean-François, qui repart avec une vingtaine de litres de solution hydroalcoolique.

Jean-François est venu de l'Essonne chercher du gel hydroalcoolique dans la pharmacie Delpech du 6e arrondissement de Paris, le 31 mars 2020. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Une solution dont les prix sont réglementés depuis le début de l’épidémie de coronavirus. "C’est régi par décret, on peut le vendre jusqu’à 8,80 euros le litre, rappelle Fabien Bruno, le patron de la pharmacie Delpech. On essaye de privilégier tout ce qui est services de secours, les gens qui sont en première ligne".

On se rend compte que les plus dépourvus parmi tous les services, avant même les hôpitaux et les Ehpad, c’est surtout les policiers et les pompiers.

Fabien Bruno, directeur de la pharmacie Delpech

à franceinfo

Des policiers qui surveillent par la même occasion ce laboratoire à ciel ouvert pour éviter que ne soit volé ce décidément très rare et très précieux liquide.

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