Le billet sciences. Désinfecter les rues pas forcément efficace contre le virus
Le Haut conseil de la santé publique préconise de nettoyer la voirie comme d’habitude. En revanche, il recommande la désinfection plus fréquente du mobilier urbain.
Plusieurs villes en France ont décidé de désinfecter leurs rues pour tuer le coronavirus. Mais le Haut conseil de santé publique estime qu'aucun argument scientifique ne prouve que ce soit efficace. À Forges-les-Eaux, en Seine Maritime, le maire, soucieux de la durée de vie du virus sur les surfaces et dans l’air, a décidé de passer deux fois par semaine, une solution à l’eau de Javel devant l’Ehpad et les commerces de la ville. À Aix-les-Bains en Savoie ou à Herblay dans le Val-d’Oise, on désinfecte les trottoirs devant les pharmacies. Dans son avis publié mardi 7 avril, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) reconnait que cela peut rassurer les gens mais il recommande de ne pas mettre en œuvre ce genre de pratique, à la fois pour l’environnement, la santé et en l’absence d’argument scientifique sur son efficacité.
La javel très efficace, mais en intérieur
La javel est un puissant virucide parce qu’elle libère du chlore : elle déchire la pellicule de gras qui protège le virus et évite ainsi sa multiplication. D’ailleurs, il n’y a pas que la javel qui peut jouer ce rôle, d’autres désinfectants à base d’éthanol ou de chloroforme ont la même action.
Mais à l’extérieur, ce n’est pas forcément le cas. En effet l'eau de Javel perd de son efficacité sous l’effet des rayons ultraviolets du soleil. C’est d’ailleurs pour ça que la javel se conserve dans un bidon en plastique opaque.
Pour les chercheurs en santé publique qui se sont penchés sur la question, désinfecter les rues est inutile : personne ne lèche les trottoirs, estime Juan Leon de l’université américaine Emory, dans le journal Science. C’est vrai, mais ce serait bien de ne pas cracher par terre non plus.
Le HCSP recommande de désinfecter le mobilier urbain
Dans son avis, le HCSP préconise de nettoyer la voirie comme d’habitude. En revanche, il recommande la désinfection plus fréquente du mobilier urbain, bancs, rampes, poubelles, abribus : tout ce que l’on touche. Parce que c'est là qu'il y a un risque si, ensuite, on porte sa main à la bouche, aux yeux ou au nez. Il déconseille également l’usage d’engins souffleurs comme ceux utiliséq pour enlever les feuilles dans les parcs : ils peuvent en effet soulever des poussières et, avec elles, le virus.
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