Le brief éco. Loyers, charges : la situation se tend entre commerçants et bailleurs de fonds pendant le confinement
Contraints à la fermeture, les magasins locataires demandent la suspension de leurs loyers depuis le début du confinement.
Comment payer son loyer quand on voit son activité ralentie, voire totalement interrompue, par les mesures de lutte contre le Covid-19 ? La question se pose pour de nombreuses entreprises, particulièrement pour les commerces contraints à la fermeture depuis un mois.
Dès le début du confinement, le président de la République Emmanuel Macron, l’avait promis : les loyers des petites entreprises en difficulté seraient suspendus. Seulement voilà, sur le terrain, aujourd’hui, la réalité est bien différente. Derrière le chef de l’État, le gouvernement n’a donné ni détails, ni directives. Pas de mesures coercitives par exemple. Il a laissé s’organiser les commerces et leurs propriétaires (les bailleurs de fonds, pour la plupart banques, assurances, sociétés foncières, propriétaires des murs). Aujourd’hui ça coince.
Petits commerçants comme centres commerciaux
La fronde est partie des petits commerçants pour gagner aujourd’hui des enseignes comme l’opticien Afflelou, Yves Rocher, Eram, Sport 2000, Fnac-Darty puis les grands centres commerciaux. Tous ont signé une tribune dans le quotidien Les Echos mercredi 15 avril. Contraints à la fermeture, les magasins locataires demandent la suspension de leurs loyers depuis le début du confinement. Les loyers pèsent grosso modo 20% du chiffre d’affaires des commerçants. Difficile, voire impossible, d’assumer avec des trésoreries exsangues. Si rien n’est fait pour alléger la facture, 50 000 magasins et restaurants pourraient mettre la clef sous la porte et plusieurs dizaines de milliers de salariés perdraient leur emploi.
Que disent les bailleurs de fonds
Les assureurs et certains groupes bancaires communiquent sur le report ou l’étalement des loyers mais, à leur décharge, ces bailleurs (grandes ou petites structures) portent eux-mêmes de lourds investissements qui sont financés essentiellement par de la dette qu’ils doivent rembourser. Une banque ou un assureur peut s’arranger, mais c’est beaucoup plus difficile pour des sociétés foncières, voire de petits propriétaires privés.
Quelles solutions possibles
Le gouvernement se retrouve en arbitre. Pour l’instant, il appelle les bailleurs à s’adapter et ces derniers font valoir qu’ils abondent déjà le Fonds de solidarité public mis en place par l’État et alimenté par les grandes institutions. Quand l’activité va reprendre, on pourrait imaginer une adaptation des loyers demandés aux commerçants proportionnellement à leur activité, car tout ne va pas repartir du jour au lendemain. Pour l’instant, nous en sommes là. Ce qui révèle un vrai déchirement entre acteurs économiques au sein même de la crise.
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