Le déconfinement : comment vivre avec "la peur" d'un retour du virus Covid-19 ?
"Le déconfinement, je l’attends depuis le premier jour, mais l’épée de Damoclès, c’est la deuxième vague. Comment vivre avec la peur au ventre ?" C'est la question de David aujourd'hui. La psychanalyste Claude Halmos lui répond.
Les internautes et les auditeurs sont nombreux à se poser des questions sur les conditions de leur déconfinement, et sur ce qu'il pourrait se passer ensuite. "Le déconfinement, je l’attends depuis le premier jour, mais l’épée de Damoclès, c’est la deuxième vague. Comment vivre avec la peur au ventre ?" demande David.
franceinfo : que répondre à cet auditeur, Claude ?
Claude Halmos : Je crois que l’on ne peut pas, aujourd’hui, qui que l’on soit, sauf à être totalement inconscient, éviter la peur. Parce que, à la différence de l’angoisse, dont l’objet est toujours imaginaire (ou, en tout cas, majoré par l’imagination), l’objet de la peur est, lui, réel. Or, le Covid-19 et le danger qu’il représente, qui effrayent David, comme ils nous effrayent tous, sont on ne peut plus réels.
Il ne faut donc pas rêver de faire disparaître cette peur. Mais faire en sorte qu’elle ne nous empêche pas de vivre. Pour cela, il peut être utile de réfléchir, chacun pour soi, aux terreurs d’enfance auxquelles elle peut, à notre insu, nous renvoyer. Mais, il nous faut surtout, quoiqu’il en soit, comprendre que, contrairement aux monstres de nos cauchemars d’enfance, le Covid-19 n’est pas invulnérable. Il ne résiste par exemple, ni à l’eau de javel, ni au lavage des mains. Nous avons donc des armes pour le combattre, et combattre du même coup la peur qu’il nous inspire. Il ne s’agit donc pas de vivre "la peur au ventre", mais de vivre en nous soumettant nous-mêmes à une discipline stricte, quant aux "gestes barrières", au port de masques, et à la distanciation physique.
Vous pensez que cela peut suffire ?
C’est une base essentielle à ce que l’on pourrait appeler notre "survie psychologique", mais elle ne suffit pas. Il faut aussi que nous fassions en sorte d’avoir autre chose, dans nos têtes, que la peur. Parce que, si l’on n’a que la peur dans sa tête, c’est comme si l’on n’a qu’un seul ami dans sa vie : il prend, inévitablement, trop de place, et trop d’importance.
Il est donc important, dans cette période difficile, de multiplier les activités, et les centres d’intérêt. C’est-à-dire de fabriquer, au jour le jour, pour soi, et pour les autres autour de soi, de plus en plus de vie. Pour pouvoir, de cette façon tirer, comme quand on était petits, la langue à la mort : "Même pas peur !".
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