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Le décryptage éco. Des masques obligatoires pour prendre le train à partir du 11 mai

Les trains ne sont rentables que si le taux de remplissage atteint au moins 60%. Sans masques, la SNCF roulera avec des trains vides ou presque. Et elle perdra beaucoup d’argent. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Publié
Temps de lecture : 3min
Des passagers d'un train portent un masque de protection. Photo d'illustration. (MAXPPP)

Pour prendre le train après le 11 mai, il faudra porter des masques. C'est ce que demande, en tout cas, la SNCF. Une demande qui répond à une équation sanitaire mais aussi économique. 

Pour le PDG  de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, le port du masque obligatoire est la seule façon de préserver la santé des voyageurs après le confinement. Parce que dans les trains, c’est compliqué de respecter les règles de distanciation d’un mètre minimum. Le problème aujourd’hui, c’est que la SNCF n’a pas les moyens de fournir ces masques à ses clients. Elle s'engage à mettre du gel hydroalcoolique dans les gares, à la sortie des quais, dans les toilettes des TGV. Elle promet aussi des désinfections systématiques et régulières des rames de trains, mais les masques non. Ce serait beaucoup trop coûteux pour elle pourtant, ça semble être la seule solution pour pouvoir accepter suffisamment de voyageurs dans les rames car dans cette affaire, l’équation est aussi économique ; les trains ne sont rentables que si le taux de remplissage atteint au moins 60%. Sans masques, la SNCF roulera avec des trains vides, ou presque. Et elle perdra beaucoup d’argent.  

La SNCF subit de plein fouet la crise du coronavirus

Avec le confinement, c’est service minimum. En ce moment, à peine 6% des TGV roulent et quand ils circulent, ils transportent 1% de la clientèle habituelle. Forcément dans ce contexte, les recettes sont quasi nulles et ce n’est pas mieux côté réservations. 

Le printemps c’est le moment où l’on réserve ses trajets pour l’été. Bref, le tableau est particulièrement sombre pour l’entreprise ferroviaire dont les comptes étaient déjà dans le rouge, ils avaient été plombés par la longue grève contre la réforme des retraites de décembre et janvier dernier. Le conflit avait coûté presque un milliard d’euros.

La SNCF est-elle menacée ?

Selon Jean-Pierre Farandou, le PDG, la "SNCF tiendra", elle paiera les salaires, et les fournisseurs. Mais, il a reconnu aussi qu’il pourrait y avoir des problèmes d’argent. Ce qui est sûr, c’est que les mois à venir vont être difficiles. Et ce d’autant plus que depuis la réforme ferroviaire de 2018, la SNCF est normalement tenue d’atteindre un équilibre économique.

Depuis le 1er janvier, elle a aussi changé de statut : c’est devenu une société anonyme à capitaux publics, ouverte à la concurrence. Quant à compter sur un soutien de l’État, pour l’instant le gouvernement s’est bien gardé de l’évoquer.

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