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Le décryptage éco. Le trou de la Sécurité sociale se creuse

La crise du coronavirus a entraîné un déficit record de la Sécurité sociale : 52 milliards d'euros au total cette année. Quelles conséquences sur les réformes à venir, comme les retraites ou la dépendance ? L'analyse de Fanny Guinochet, de "L'Express".

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Carte vitale, illustration 2013. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Une certitude : cette nouvelle donne complique l’équation budgétaire du gouvernement pour la fin du quinquennat. Il y a encore un an et demi, on nous parlait d’un retour à l’équilibre des comptes de la Sécu. Et là, le déficit va dépasser les 50 milliards d’euros. 

Les dépenses liées à l'épidémie creusent le trou de plus de 30 milliard d'euros

À cause de la crise sanitaire, toutes les branches de la Sécu plongent dans le rouge. On n’a pas vu ça depuis 2012. Sans surprise, la dégradation la plus spectaculaire touche l’assurance maladie, très sollicitée avec le coronavirus. Les dépenses en plus liées à l’épidémie creusent le trou de plus de 30 milliard d’euros. Du côté des retraites, ce n’est guère mieux, puisqu’on s’attend à une perte de presque 15 milliards d’euros. Certes, les retraités n’ont pas perdu d’argent mais avec le confinement, et la crise de l’autre côté, il y a eu moins de cotisations de la part des actifs et donc moins de recettes.

Comment ces chiffres astronomiques vont-ils influencer les réformes à venir ? Emmanuel Macron ne l’a pas encore précisé, mais on sait qu’il ne veut pas abandonner la réforme des retraites, par exemple. Il y a des chances qu’il fasse en sorte, à cette occasion, de réengranger de l’argent plus vite que prévu. Va-t-il décaler l’âge de départ ? C’était le débat à la fin de l’année dernière, il n’est pas exclu qu’il revienne sur la table.

Le gouvernement s’attaque aussi au chantier de la dépendance 

Le gouvernement crée un cinquième risque de la Sécurité sociale pour financer la perte d’autonomie des plus âgés. L’Assemblée nationale en a même voté le principe pas plus tard qu’hier. En soit, c’est une petite révolution car Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient promis de le faire, mais ils s’étaient vite ravisés étant donné les sommes à trouver – on estime qu’avec le vieillissement, les dépenses pour la dépendance vont exploser d’ici 2030 alors qu’il faut déjà compter près de 30 milliards d’euros par an. Cela dit, le texte voté hier ne prévoit pour le moment ni les modalités ni le financement précis de cette cinquième branche de la Sécurité sociale.  

Le recours au crédit

Mais le gouvernement s’est engagé à ne pas augmenter les impôts. Emmanuel Macron l’a promis dimanche soir lors de son allocution. Etant donné le contexte, on ne voit pas comment la France peut financer son modèle social, si ce n’est autrement qu’en ayant recours au crédit. Notre dette va enfler : cette année elle va dépasser les 120% de notre produit intérieur brut. Pour l’instant, la France peut encore s’endetter dans de bonnes conditions, à des taux d’intérêt favorables mais il y a débat, car un tel niveau de dette, c’est un risque et c’est aussi un héritage que l’on fait peser sur les épaules des générations futures.

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