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Le plan franco-allemand est "un pas en avant notable, mais c'est quatre fois moins que ce réclame le Parlement européen", souligne Karima Delli

La députée européenne EELV, invitée de franceinfo, mardi 19 mai, demande à mettre la barre encore plus haut "pour pouvoir relever la tête et être fiers d'être Européens".

Article rédigé par franceinfo
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La députée européenne EELV Karima Delli, à Paris, le 22 mai 2019.  (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le plan de relance franco-allemand de 500 milliards d'euros est "un pas en avant notable, mais c'est quatre fois moins que ce que réclame le Parlement européen", a souligné ce mardi 19 mai sur franceinfo Karima Delli, eurodéputée EELV, présidente de la Commission des transports et du tourisme du Parlement européen. "Mettons la barre haut pour pouvoir relever la tête et être fier d'être Européens", souligne celle qui demande davantage de fraternité. Karima Delli insiste sur le fait que "cet emprunt n'est pas garanti parce qu'il faut encore faire avaler la couleuvre aux autres membres".

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franceinfo. Cette proposition franco-allemande de plan de relance, elle va dans le bon sens pour vous ?

Karima Delli. C'est un pas en avant notable. Mais on peut parler quand même d'une occasion manquée puisque vous l'avez rappelé, c'est un emprunt de 500 milliards d'euros, c'est quatre fois moins que ce réclame le Parlement européen, qui a mis cela sur la table la semaine dernière. Et si on veut être vraiment ambitieux, nous les écologistes nous demandons près de 3 750 milliards.

Je pense aussi, que les conditions de remboursement ne sont absolument pas claires. Et aujourd'hui, on voit bien qu'il y a une différence entre l'annonce et la mise en œuvre. Qui va rembourser ? À quelle échéance et pour qui ? On dit qu'on va aider des États qui sont très endettés, mais il va falloir qu'ils remboursent. Alors par quel biais ? Est-ce qu'on va retourner sur des politiques austéritaires qui ont malheureusement fait en sorte que ces pays se sont retournés contre l'Europe ?

En l'occurrence, ce qui est proposé c'est un mécanisme basé sur une forme de solidarité, tout le monde ne toucherait pas les mêmes aides, mais que tous les Etats rembourseraient ensemble ces aides. C'est une évolution ?

C'est un changement surtout de madame Merkel, qui a fait des compromis importants. Mais c'est peut-être dans ses intérêts à elle. L'Allemagne est là pour soutenir justement la cohésion politique et économique d'abord de son pays, parce qu'elle sait très bien que, justement, elle en a besoin. La deuxième chose, c'est que cet emprunt n'est pas garanti parce qu'il faut encore faire avaler la couleuvre aux autres membres, notamment les membres "égoïstes" comme on appelle les Autrichiens et les Néerlandais, qui veulent d'abord répondre à leurs populations nationales et font de la résistance à la proposition de M. Macron et de Mme Merkel.

On l'a vu dans le début de cette crise, l'Union européenne a été marqué par les divisions et le manque solidarité. Comme le dit Jacques Delors, les États qui font tout cela font courir un danger mortel à l'Union européenne et on risque donc la fin du projet européen. Nous, les écologistes, nous sommes des pro-européens, il faut absolument être à la hauteur de l'enjeu. En sortant des deux guerres mondiales, l'Union européenne s'est remise par la volonté et le courage politique de femmes et d'hommes qui ont fait des choix ambitieux. Donc allons-y ! Mettons la barre haut pour pouvoir relever la tête et être fier d'être Européens.

On a le sentiment que les fédéralistes, ceux qui réclament plus de solidarité, voient dans cette crise des arguments qui plaident en leur faveur, et que de l'autre côté, des nationalistes qui disent c'est le retour des frontières de l'Etat qui protège à l'intérieur de ses frontières. Ça veut dire que chacun campe sur ses positions ?

Non. Je pense qu'aujourd'hui, il est grand temps que les pro-européens se fassent entendre. On l'a vu avec le Covid-19, lorsque des pays prennent conscience qu'aucun pays ne s'en sortira seul. Il est grand temps de montrer que l'Europe a une seule vision, c'est la solidarité européenne. Je rajouterais ce que disait Victor Hugo, ce qui manque au projet européen, c'est la fraternité européenne. Il va falloir que dans les mois qui arrivent on redessine cette fraternité parce qu'elle a manqué et je n'ai en aucun cas envie que le projet européen manque justement cette nouvelle page qui devrait justement réconcilier les peuples.

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