Le premier mort du coronavirus en France faisait partie de "ces patients qui n'évoluent pas vers la guérison comme les autres", explique le virologue Bruno Lina
Le médecin explique dans quelles conditions le coronavirus Covid-19 s'avère mortel pour les personnes infectées.
Le premier patient mort du coronavirus Covid-19 en France "n'arrivait pas à maîtriser l'infection virale", a expliqué Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et au Centre international de recherches en infectiologie (CIRI), samedi 15 février sur franceinfo. Le CIRI fait partie des groupes de recherche français mobilisés au niveau mondial pour répondre à l'épidémie du coronavirus.
Le touriste chinois, originaire de la province du Hubei, était arrivé en France le 16 janvier dernier. Il était hospitalisé depuis le 25 janvier à l'hôpital Bichat à Paris. "La grande majorité des personnes âgées qui ont été infectées par ce coronavirus ne sont pas décédées, rappelle le professeur Lina. On est maintenant capable d'identifier les patients qui n'évoluent pas vers la guérison, comme on peut le voir pour les autres. On était très inquiets. On continuait à trouver des charges virales élevées dans ses prélèvements. Il a fait ce qu'on appelle une défaillance multi-viscérale. Dans ces conditions, c'est souvent assez difficile, quel que soit l'agent infectieux."
Le patient, âgé de 80 ans, n'avait pas d'autres problèmes particuliers de santé. "Il n'avait pas de facteurs de comorbidité significatif, c’est-à-dire de maladies sous-jacentes, particulièrement significatifs, précise Bruno Lina. Certains patients, même sans une addition de facteurs de comorbidité, restent des personnes fragiles." L'octogénaire chinois était arrivé "déjà infecté", rappelle-t-il.
"Un taux de mortalité important"
Le taux de mortalité du coronavirus Covid-19 est autour de 2% (97 patients sur 100 atteints du virus guérissent). "Cela reste un taux de mortalité important, relève Bruno Lina. Le SARS-CoV et le MERS-CoV, deux autres coronavirus émergents, ont des taux de mortalité beaucoup plus élevés, mais ils ne sont que très faiblement transmissibles", à la différence du Covid-19.
Bruno Lina estime qu'il faut être "prudent" avec les taux de mortalité. Pour le Covid-19, ce taux est calculé "sur les patients diagnostiqués ou ceux pour lesquels on a une très forte présomption d'infection. Mais on sait qu'il existe des formes dites paucisymptomatiques [qui présentent peu de symptômes]." Ces cas relativement nombreux font que la mortalité reste relativement mesurée. Le taux de mortalité de 2%, "c'est la fourchette haute. Il est probable que ce soit inférieur à cela."
L'Egypte a annoncé vendredi avoir enregistré le premier cas sur le continent africain. "On était jusque-là en capacité de détecter les cas rapidement, estime Bruno Lina, de les isoler et d'éviter les chaînes de transmission. Si des foyers d'infection apparaissent dans des pays moins développés, où les capacités de diagnostic sont moins performantes, on risque de voir s'installer, de façon un peu silencieuse, une circulation de ce virus. Il risque de sa passer la même chose que ce qui s'est passé au début dans la province du Hubei. Il est vital de pouvoir identifier les patients, de les maîtriser, afin que les chaînes de transmission ne se mettent pas en place."
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