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Le rendez-vous de la médiatrice. La spécificité d'une radio d'info continue dans le traitement de cette crise inédite

Depuis un mois, depuis le début du confinement, Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France, a reçu 45 000 messages d'auditeurs et internautes. Comment franceinfo s'est-elle adaptée à l'urgence de cette crise sanitaire sans précédent ? Vincent Giret, le directeur de franceinfo en parle avec elle.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
#Etaprès (RADIO FRANCE / FRANCE INFO)

Vincent Giret, directeur de franceinfo, est au micro d’Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France. Après un mois de confinement, le service de la médiatrice a reçu un nombre record de messages, 45 000 en un mois, deux fois et demi de plus que d’habitude. Comment la radio d'information continue s'est-elle adaptée à l'urgence de cette urgence d'une crise sans précédent ?

Emmanuelle Daviet Depuis un mois nous vivons une crise historiquement inédite, et vos auditeurs écrivent pour vous remercier du traitement journalistique que vous proposez et des moyens qui sont mis en oeuvre. 

Quelle est la spécificité d’une radio d’information continue pour traiter cette actualité sans précédent ?

Vincent Giret, directeur de franceinfo : "La spécificité de franceinfo, c’est d’être un média de confiance. C’est de délivrer de l’information vérifiée, fiable, précise, d’alerter sur les fausses informations. Mais il fallait aussi transformer notre offre, accompagner nos auditeurs. Nous avons ouvert notre antenne aux auditeurs, notre standard a explosé. Cela a été un choc, touchant, émouvant, de la colère, des prises de position, très responsables…Une envie réelle de partager, tous ensemble."

Emmanuelle Daviet : Les auditeurs constatent que sur votre antenne l’offre éditoriale s’est considérablement étoffée dans le domaine scientifique, et on peut même dire que le terrain scientifique est devenu un terrain journalistique…

Vincent Giret : "Des connaissances historiques plus que scientifiques. Dans une crise comme ça, il y a eu une urgence, une obligation, une envie, un besoin de la rédaction d’acquérir une culture générale (accélérée), car pour faire de la pédagogie sur des questions si complexes, il faut avoir lu, travaillé, il faut s’être informé pour être capable d’interviewer à bon escient, les scientifiques, les médecins qui nous éclairent dans cette crise. On a besoin de l’expertise de la science."  

Emmanuelle Daviet : Bruno Latour qui est sociologue, anthropologue et philosophe des sciences, estime qu’il ne faut pas gâcher cette crise, que le rôle de la pensée, c’est de jouer le coup d’après, d’envisager ce qu’on peut apprendre de cette crise.

Vincent Giret, en tant que journaliste et directeur de franceinfo, qu’est-ce que vous allez en faire de cette crise ?

Vincent Giret : "Bruno Latour, que j’aime beaucoup, a écrit un petit livre intitulé 'Où atterrir'. Cette question se pose vraiment à nous après cette crise : dans quelle société voulons-nous atterrir, tous ensemble ? Cette crise très profonde va changer les choses. Est-ce que ce sera juste une parenthèse douloureuse pour les Français ou pour les Européens ? Ou est-ce que ce sera le point de départ d’autre chose ?

En tout cas, on a voulu ouvrir le débat à franceinfo, nous avons une capacité à faire vivre le débat public, les échanges publics, nous avons donc lancé un appel à contributions à nos auditeurs, à nos spectateurs et internautes. Nous avons déjà reçu une importante contribution sur le travail, sur la santé, sur les transports, sur la consommation, sur l’avenir. Ce pays aime le débat. 'Où atterrir' est une belle leçon, y compris pour le journalisme.

Par exemple, l’impact de la science dans nos rédactions : nous allons sûrement apprendre à penser différemment, travailler différemment. Ça, c’est quelque chose qui est à construire. On ne maîtrise pas les événements, aujourd’hui, mais on peut maîtriser nos peurs. Pour maîtriser nos peurs, il faut se projeter dans l’avenir, constuire et faire quelque chose de cette crise, 'ne pas la gâcher', comme dit Bruno Latour."

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