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"J’ai déjà essayé, je ne respire pas" : les joggeurs dubitatifs sur l'obligation du port du masque pendant l'effort

L'obligation du port du masque imposée dans certaines zones à Paris, Lyon ou Marseille s'étend aussi aux amateurs de course à pied. En pratique, le masque n'est pourtant pas toujours adapté à l'effort.

Article rédigé par franceinfo - Hugo Degouzel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un joggeur, visage masqué dans le centre de Paris le 8 avril 2020. (ALAIN JOCARD / AFP)

À Paris, Lille, Lyon ou encore Marseillele port du masque devient obligatoire dans certaines zones, pour les piétons mais aussi pour les joggeurs. L'Organisation Mondiale de la santé (OMS) le déconseille pourtant pendant la pratique sportive, le masque pouvant rendre difficile la respiration et véhiculer d'autres maladies une fois humide.

Dans les rues de Paris, certains joggeurs se plient à la règle. "C’est la première fois que je porte le masque pour courir", explique Pierre, masque bien plaqué sur le nez et la bouche, en plein exercice le long de la Seine dans une zone où le masque est obligatoire. "Finalement, c’est mieux que ce que je pensais, ça passe. La météo est assez clémente de ce point de vue, je pense que s’il faisait beaucoup plus chaud ce serait plus dur à supporter. Vu le monde qu’il y a sur les berges, je pense que là tout de suite ça ne sert à rien, mais il y a des soirs où c’est vraiment bondé ici", ajoute-t-il. 

Des mesures "sans aucun fondement scientifique"

Quelques mètres plus loin sur les quais de Seine, Thibaud, un autre joggeur, lui ne porte pas de masque. "C’est obligatoire ici ? Je n’ai pas vu, dit-il. J’ai déjà essayé, je ne respire pas. C’est hyper humide, j’ai toute la condensation dans le masque, donc si je cours c’est sans le masque. Après, je ne suis pas épidémiologiste, moi je n’y connais rien donc s’ils le demandent c’est que c’est utile. Mais en courant, quand il n’y a personne comme ça, je ne vois pas l’intérêt."

D'après le communiqué de la préfecture de Paris : "Dans les zones concernées, seuls les piétons doivent porter le masque, y compris s'ils font du sport". Une mesure jugée inutile pour le docteur Jean-François Toussaint, médecin du sport. "Actuellement, toutes les mesures qui sont proposées sur le masque en extérieur n’ont aucun fondement scientifique, c’est une erreur. C’est d’ailleurs ce que ne font toujours pas les Suédois qui laissent les gens courir et maintenir leur condition physique", explique-t-il. Selon lui, la pratique du sport est même primordiale en cette période puisqu'elle permet de développer ses défenses immunitaires.

Un effet décourageant pour les néo-pratiquants

Le jogging avait connu un boom pendant le confinement. Certaines enseignes sportives ont même vu leur chiffre d'affaires doubler depuis la crise sanitaire. Mais cette obligation du port du masque pourrait freiner l'engouement des nouveaux venus. a va peut-être décourager ceux qui s’y sont mis pendant le confinement et qui finalement n’étaient pas si accros que ça", estime le rédacteur en chef du magazine Jogging International Nicolas Gardon. 

Pour lui, les plus anciens pratiquants devraient pourtant continuer à arpenter les rues : "Moi je suis en contact avec de très nombreux coureurs parisiens et clairement il y a deux attitudes : il y a ceux qui disent qu’ils vont continuer à courir sans masque dans les zones concernées et qui se disent ‘voilà si je me fais choper, tant pis je paye une amende’ et il y a ceux qui normalement courraient dans les zones concernées et qui ont simplement décidé de changer de zone pour aller courir."

L'amende prévue pour les coureurs ne respectant pas le port du masque est de 135€, reste à savoir maintenant si on assistera à un assouplissement de la règle.

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