Variant Delta : quels sont les critères qui justifient le retour du masque à l'extérieur ?
De plus en plus de départements obligent de nouveau à porter le masque en extérieur. Pour quelles raisons et sur quels motifs ?
La liste continue de s'allonger. Les Pyrénées-Orientales, l'Hérault, le Var... Au total, 16 départements sont concernés par le retour du port du masque en extérieur pour tout ou partie de leur territoire. Cela faisait pourtant peu de temps que la mesure avait été levée en France. Depuis le 17 juin, il était désormais possible de s'aventurer dans la rue sans masque, sauf quelques exceptions notables comme les regroupements, files d'attente, marchés ou stades.
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Mais voilà, le variant Delta chamboule tout et oblige les pouvoirs publics à prendre de nouveau des mesures de freinage. Extrêmement contagieux, il se diffuse très rapidement. Jeudi, l'Agence Santé publique France a recensé près de 22 000 contaminations. "On est dans une dynamique que l'on n'a jamais connue, avec un variant bien plus virulent que les précédents", explique Jean-Stéphane Dhersin. Le directeur adjoint scientifique de l'Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions du CNRS glisse qu'il n'a "jamais été aussi peu serein" qu'en ce moment.
Une décision prise localement
Dans ces conditions, le port du masque à l'extérieur s'impose de plus en plus. Existe-t-il des règles fixées au niveau national qui déclencheraient automatiquement son retour dans l'espace public ? Non. "Il n'y a pas de directive nationale", explique la direction générale de la santé (DGS) à franceinfo.
"C'est le préfet, en lien avec l'ARS, qui va faire une évaluation de la situation et prendre une décision."
la DGSà franceinfo
Cette évaluation repose sur une série de critères, détaille la DGS. Il s'agit du taux d'incidence, de positivité, du taux d'occupation des réanimations, de la situation géographique... "Ce n'est pas un indicateur qui va déclencher une mesure mais une analyse globale", insiste la DGS. Dans l'Hérault, par exemple, département très touristique en cette période estivale, "la circulation à nouveau très active du virus Covid-19 (...), notamment du variant Delta, se traduit par une forte augmentation du taux d'incidence : de 65 à 227 cas dépistés positifs pour 100 000 habitants en sept jours, soit +250%", a souligné la préfecture dans un communiqué.
#COVID19 #Hérault
— Préfet de l'Hérault (@Prefet34) July 21, 2021
Renforcement des mesures relatives au port du masque:
▶️Obligation du port du masque en extérieur,à l'exception des plages,zones de baignade et espaces naturels
▶️Facultatif (conseillé++) dans 4communautés de communes (voir carte⬇️)
ℹ️https://t.co/hSx8N1oqhe pic.twitter.com/sSfdHOR1QV
Le département se trouve aussi dans la région Occitanie, qui fait partie des régions où il y a à nouveau une augmentation du nombre de personnes en réanimation, selon le ministre de la Santé Olivier Véran.
"Cela a du sens"
"Quand on a une reprise épidémique, remettre le masque en extérieur, cela a du sens, assure Jonathan Roux, épidémiologiste à l'EHESP [Ecole des hautes études en santé publique]. Le masque a pour but de limiter la transmission par les gouttelettes car en extérieur le risque par aérosolisation est faible puisque l'air est continuellement renouvelé". Mais la contamination fonctionne-t-elle de la même manière avec le variant Delta ? "Oui, jusqu'à présent, nous n'avons eu aucune indication selon laquelle les modes de transmission seraient différents avec les nouveaux variants", affirme Alexandre Nicolas, chercheur du CNRS à l'Institut Lumière Matière. Pour ce dernier, la différence avec les autres variants sera à trouver du côté de la charge virale, même si les études scientifiques manquent sur le sujet.
"Avec le Delta, vous aurez sans doute besoin de rester moins longtemps en présence d'une personne malade pour être contaminé."
Alexandre Nicolas, chercheur au CNRSà franceinfo
Jonathan Roux fait la même hypothèse. "On sait que le variant Delta est 50% plus contagieux que le variant Alpha, lui-même 50% plus contagieux que la souche originelle, explique-t-il. Les gens infectés ont donc davantage de virus en eux mais on ne sait toujours pas quel est le seuil minimal de virus pour pouvoir être contaminé". Et de poursuivre : "On peut supposer que, la charge virale étant plus importante quand on va parler et tousser, il y aura plus de virus dans les gouttelettes et les aérosols". Récemment, des clusters ont ainsi été détectés en plein air. "On a des exemples de concerts à l'extérieur où on a eu une centaine de personnes contaminées", rapporte sur BFMTV, Jérôme Marty, médecin généraliste, et président de l'Union française pour une médecine libre.
Le port du masque reste toutefois à adapter en fonction des situations. Si le porter quand on est seul en forêt est peu pertinent, cela semble plus recommandé dans une rue fortement passante. Ou encore à la terrasse d'un café "puisque vous parlez en permanence à votre interlocuteur et que vous lui faites face", rappelle Alexandre Nicolas. "Les mêmes armes [utilisées précédemment lors de l'épidémie] servent à combattre le variant Delta. Le port du masque en fait partie", conclut Jean-Stéphane Dhersin.
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